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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vous seriez plus fort
qu’eux tous ! Je savais bien que vous vous en iriez quand vous
voudriez ! Vite, maintenant, ne perdons pas de temps !
Suivez-moi !
    Déjà le petit homme cherchait à s’éclipser. Mais Pardaillan
l’arrêta.
    – Un instant, que diable ! fit-il en souriant. Tu m’as
donc reconnu tout de suite ?… J’étais pourtant bien
enveloppé.
    Le Chico sourit d’un air futé.
    – Je vous reconnaîtrai toujours, dit-il, si bien enveloppé
et sous quelque costume que vous soyez. Si mes yeux peuvent se
tromper, ceci (il désignait son cœur) ne se trompe pas… Mais, pour
Dieu ! venez vite. Ne restons pas là.
    Pardaillan, doucement ému, le considérait avec un inexprimable
attendrissement.
    – Où diable veux-tu donc me conduire ? dit-il
doucement.
    Le Chico se mit à rire :
    – Je veux vous cacher, tiens ! Je vous réponds qu’ils
ne vous trouveront pas là où je vous conduirai.
    – Me cacher !… Pourquoi faire ?
    – Pour qu’ils ne vous reprennent pas, tiens !
    À son tour, Pardaillan se mit à rire de bon cœur.
    – Je n’ai pas besoin de me cacher, fit-il. Sois tranquille,
ils ne me reprendront pas.
    Le Chico n’insista pas ; il ne posa aucune question, il ne
témoigna ni surprise ni inquiétude.
    Pardaillan avait dit qu’il n’avait pas besoin de se cacher et
qu’on ne le reprendrait pas. Cela lui suffisait. Et comme son petit
cœur débordait de joie, il saisit une deuxième fois la main de
Pardaillan, et il allait la porter à ses lèvres, lorsque celui-ci,
se penchant, l’enleva dans ses bras, en disant :
    – Que fais-tu, nigaud ?… Embrasse-moi !…
    Et il appliqua deux baisers sonores sur les joues fraîches et
veloutées du petit homme, qui rougit de plaisir et rendit
l’étreinte de toute la force de ses petits bras.
    En le reposant à terre, il dit, avec une brusquerie destinée à
cacher son émotion :
    – En route, maintenant ! Et puisque tu veux absolument
me conduire quelque part, conduis-moi vers certaine hôtellerie de
La Tour
où nous serons tous deux, je le crois du moins,
admirablement reçus par la plus jeune, la plus fraîche et la plus
gente des hôtesses d’Espagne
.
    Quelques instants plus tard, ils faisaient leur entrée dans le
patio de l’auberge de
La Tour,
à peu près désert en ce
moment, et où Pardaillan commença de mener un tel tapage que ce
qu’il avait voulu amener se produisit : c’est-à-dire que la
petite Juana se montra dans le cadre de la porte pour voir qui
était ce client qui faisait un tel vacarme.
    Elle était bien changée, la mignonne Juana. Elle paraissait
dolente, languissante, indifférente. Ses joues avaient perdu cette
teinte rose qui les faisaient si appétissantes, pour faire place à
une pâleur diaphane qui la rendait on ne peut plus intéressante et
affinait idéalement sa beauté déjà si fine, si naturellement
distinguée. Ses grands yeux noirs, brûlants de fièvre, étaient
entourés d’un large cercle bleuâtre.
    On eût ; dit qu’elle relevait de maladie. Et pourtant,
malgré cet état inquiétant, malgré un air visiblement découragé et
comme détaché de tout, Pardaillan, qui la détaillait d’un coup
d’œil prompt et sûr, remarqua qu’elle était restée aussi coquette,
plus coquette que jamais, même. Elle était vêtue de ses plus beaux
habits des plus grandes fêtes carillonnées.
    On eût dit qu’elle s’était parée en vue de quelque visite
importante, à ses yeux. Depuis les mignons et fins souliers de
satin, les bas de soie brodés, bien tirés, en remontant à la
basquine surchargée d’ornements et de broderies d’or fin, le
tablier de soie, orné de riches dentelles, en passant par le
corsage de soie claire qui moulait harmonieusement sa taille fine
et souple, la casaque de velours garnie de galons, de tresses et de
houpettes, jusqu’à la chevelure artistement ébouriffée, avec sa
raie cavalièrement jetée de travers, et la tache pourpre de la
fleur du grenadier piquée au-dessus de l’oreille, tout, dans cette
élégante et riche toilette, trahissait le désir violent de plaire
coûte que coûte.
    Plaire à qui ? et quelle visite attendait-elle donc ?
Voilà ce que se demanda Pardaillan. Et sans doute se fit-il
une-réponse plausible, car il guigna du coin de l’œil, en souriant
malicieusement, le Chico qui béait d’admiration.
    En reconnaissant Pardaillan et le Chico, une lueur illumina ses
yeux languissants, une bouffée de sang rosa ses

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