Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
Fausta. Fini…
momentanément. Ce que j’entreprends ici ne le cède en rien en
grandeur et en puissance à ce que j’avais rêvé. Et qui sait si je
n’arriverai pas ainsi plus sûrement à la couronne
pontificale ? Puis il faut tout prévoir : si je parais
renoncer à mes anciens projets, on me laissera tranquille. Mes
biens, mes États, sur lesquels le vieux lutteur avait mis la main,
me seront rendus. En cas d’adversité je puis me retirer en Italie,
j’y serai encore souveraine et non plus proscrite. Et mon fils, le
fils de Pardaillan ! Je vais donc enfin pouvoir rechercher cet
enfant sans crainte d’attirer sur lui l’attention mortelle de mon
irréductible ennemi. Le trésor que j’avais prudemment caché, et
dont Myrthis seule connaît la retraite, échappera à la convoitise
de celui qui n’est plus. Mon fils, du moins, sera riche. »
    Et avec une sorte d’étonnement :
    « D’où vient que je me sens prise de l’impérieux désir de
revoir l’innocente petite créature, de la serrer dans mes
bras ? Est-ce la joie de la savoir enfin à l’abri de tout
danger ?… Allons, le sort en est jeté. Que d’Espinosa envoie
Montalte et Sfondrato à Rome, intriguer en vue de l’élection d’un
pape qui sera favorable à sa politique ; moi, je reste ici, et
d’ici j’arriverai sûrement là-bas. »
    À l’instant précis où elle prenait cette résolution, d’Espinosa
disait :
    – Et vous, madame, que comptez-vous faire ?
    Si haut placé que fût d’Espinosa, prince de l’Église, grand
inquisiteur d’Espagne, la désinvolture avec laquelle il se
permettait de l’interroger sur ses projets ne laissa pas de la
piquer. Aussi, ne voulant pas se fâcher en présence du roi, elle se
fit glaciale pour demander à son tour :
    – À quel sujet ?
    D’Espinosa n’était pas homme à se déconcerter pour si peu. Sans
rien perdre de son calme imperturbable, comme s’il n’avait pas
senti l’irritation contenue, il répondit :
    – Au sujet de la succession du pape Sixte V.
    – Eh ! dit Fausta d’un air souverainement détaché, en
quoi cette succession peut-elle m’intéresser, mon Dieu ?
    D’Espinosa posa sur elle son œil lumineux, et lentement, avec
une insistance lourde de menaces :
    – N’avez-vous pas tenté certaine entreprise, dont
l’insuccès vous a valu une condamnation à mort ? N’avez-vous
pas, durant de longs mois, été la prisonnière de celui qui fut
votre vainqueur et dont on vient de vous annoncer la mort ? Ne
trouverez-vous pas l’occasion propice et ne serez-vous pas tentée
de reprendre vos projets momentanément abandonnés ?
    – Je vous entends, cardinal, mais rassurez-vous. Ces
projets n’existent plus dans mon esprit. J’y renonce librement. Le
successeur de Sixte, quel qu’il soit, ne me verra pas me dresser
sur son chemin.
    – Ainsi, madame, cette mort ne change rien à nos
conventions ? Vous n’avez pas l’intention de regagner
l’Italie, Rome ?
    – Non, cardinal. J’entends rester ici.
    Et se tournant vers Philippe II qui, tout en paraissant
s’intéresser à là course, ne perdait pas un mot de cette
conversation :
    – À moins que le roi ne me chasse, ajouta-t-elle.
    Philippe II la regarda d’un air étonné.
    Sans lui laisser le temps de placer un mot, d’Espinosa répondit
pour lui :
    – Le roi ne vous chassera pas, madame. N’êtes-vous pas
l’astre le plus resplendissant de sa cour ? Le roi, comme le
plus humble de ses sujets, ne saurait se passer du soleil qui nous
réchauffe et nous éclaire. Vous êtes ce soleil. Aussi Sa Majesté,
j’ose vous l’assurer, vous gardera près d’Elle aussi longtemps
qu’Elle le pourra. Nous ne saurions plus nous passer de votre
radieuse présence.
    Ceci, ponctué d’un coup d’œil significatif à l’adresse du roi,
était dit avec ce calme déconcertant qui n’abandonnait jamais
d’Espinosa, lequel quitta la loge royale aussitôt.
    L’oreille la plus avertie n’aurait pu percevoir ni ironie ni la
menace dans ces paroles d’une galanterie raffinée en apparence.
    Fausta ne s’y méprit pourtant pas, et en suivant d’un œil froid
la haute stature du grand inquisiteur devant qui chacun se courbait
et s’effaçait, elle songeait, avec un imperceptible sourire aux
lèvres :
    « Va ! Va donner des ordres pour qu’on me garde
prisonnière à Séville jusqu’à ce que le pape de ton choix soit
désigné pour succéder à Sixte ! Sans t’en douter tu

Weitere Kostenlose Bücher