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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de
vous, je passerais sans hésiter à travers un brasier. C’est pour
vous dire que si je me suis mis en tête de venir me ranger aux
côtés de don César menacé, c’est par affection pour lui, certes,
mais surtout pour vous… Pour vous faire oublier certaines idées
mauvaises… que vous connaissez ; pour forcer votre estime,
pour vous entendre me dire ce que vous venez de dire :
« Chico, tu as du cœur… ». Et pourtant tout le monde ne
pense pas comme vous… D’aucuns même ne semblent pas se douter que
je puisse seulement avoir un cœur. Je ne sais pas vous exprimer ce
que je ressens. Je ne sais pas parler, moi, tiens ! et je
crois bien n’en avoir jamais dit aussi long d’un coup. Je suis sûr
pourtant que vous me comprenez, dans ce que je dis si mal et même
dans ce que je ne dis pas. Vous n’êtes pas un homme comme tous les
autres, vous !
    Pardaillan, très ému par l’accent poignant du petit homme,
murmura :
    – Pauvre petit bougre !
    Et tout haut, avec une douceur inexprimable :
    – Tu as raison, Chico, je comprends admirablement ce que tu
dis et je devine ce que tu ne dis pas.
    Et changeant de ton, avec une brusquerie affectée :
    – Où t’étais-tu terré hier, Chico ? On t’a cherché
vainement de tous côtés.
    – Qui donc m’a cherché ? Vous ?
    – Non pas, moi, cornes du diable ! Mais certaine
petite hôtelière que tu connais bien.
    – Juana ! dit le Chico qui rougit.
    – Tu l’as nommée.
    Le nain hocha la tête.
    – Qu’est-ce à dire ? gronda Pardaillan. Douterais-tu
de ma parole ?
    Le Chico eut une imperceptible hésitation.
    – Non ! dit-il. Cependant…
    – Cependant ? demanda Pardaillan qui souriait
malicieusement.
    – Elle m’avait chassé la veille… j’ai peine à croire…
    – Qu’elle t’ait envoyé chercher le lendemain ? Cela
prouve que tu n’es qu’un niais, Chico. Tu ne connais pas les
femmes.
    – Vous ne raillez pas ? Juana m’a envoyé
chercher ? dit le nain devenu radieux.
    – Je me tue à te le dire, mort-diable !
    – Alors ?…
    – Alors tu pourras aller la voir après la course. Tu seras
bien reçu, j’en réponds… si toutefois tu tires tes chausses de la
bagarre.
    – Je les tirerai, tiens ! s’écria le nain rayonnant de
joie.
    – À moins que tu ne préfères te retirer tout de suite…
hasarda le chevalier.
    – Comment cela ? fit naïvement le Chico.
    – En t’en allant avant la bataille.
    – Abandonner don César dans le danger ! Vous n’y
pensez pas ! Arrive qu’arrive, je reste, tiens !
    Pardaillan eut un geste de satisfaction, et regardant le nain
dans les yeux :
    – Tu restes ? C’est bien. Mais pas de bêtises,
hein ! Il n’est plus question de mourir maintenant.
    – Non, par la Vierge et les saints !
    – À la bonne heure ! Silence, voici le Torero.
    – Si vous voulez bien me suivre, chevalier, dit le Torero
en soulevant la portière, sans entrer, le moment approche.
    – À vos ordres, don César.

Chapitre 9 L’ORAGE ÉCLATE
    Pendant que le Torero se dirigeait vers la piste, il se passait,
dans la loge royale, un incident que nous devons relater ici.
    Fausta avait obtenu que toute personne qui se réclamerait de son
nom serait admise séance tenante en sa présence.
    Au moment où le Torero, accompagné de Pardaillan et de sa suite,
laquelle se composait de deux hommes et du Chico, attendait dans le
couloir circulaire le moment d’entrer dans la piste, un courrier
couvert de poussière s’était présenté à la loge royale, demandant à
parler à M me  la princesse Fausta.
    Admis séance tenante devant Fausta, le courrier avait, avant de
parler, indiqué d’un coup d’œil discret le roi, qui le dévisageait
avec son insistance accoutumée.
    Fausta, comprenant la signification de ce coup d’œil, dit
simplement :
    – Parlez, comte, Sa Majesté le permet.
    Le courrier s’inclina profondément devant le roi et
dit :
    – Madame, j’arrive de Rome à franc étrier.
    D’Espinosa et Philippe II dressèrent l’oreille.
    – Quelles nouvelles ? fit négligemment Fausta.
    – Le pape Sixte V est mort, madame, dit tranquillement le
courrier à qui Fausta venait de donner le titre de comte.
    Cette nouvelle, lancée à brûle-pourpoint, produisit l’effet d’un
coup de foudre.
    Malgré son empire prodigieux sur elle-même, Fausta tressaillit.
Elle ne s’attendait évidemment pas à semblable annonce.
    Le roi sursauta et dit

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