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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vivement :
    – Vous dites, monsieur ?
    – Je dis que Sa Sainteté le pape Sixte Quint n’est plus,
répéta le comte en s’inclinant.
    – Et je ne suis pas encore avisé ! gronda
d’Espinosa.
    Le roi approuva l’exclamation de son ministre d’un signe de tête
qui n’annonçait rien de bon pour le messager espagnol, quel qu’il
fût. En même temps, il foudroyait du regard le grand inquisiteur,
qui ne sourcilla pas.
    Fausta sourit imperceptiblement.
    – Mes compliments, madame, fit le roi sur un ton glacial,
votre police est mieux organisée que la mienne.
    – C’est que, dit Fausta avec son audace accoutumée, ma
police n’est pas faite par des prêtres.
    – Ce qui veut dire ?… gronda Philippe.
    – Ce qui veut dire que si les hommes d’Église sont
supérieurs en tout ce qui concerne l’élaboration d’un plan, la mise
à exécution d’une intrigue bien ourdie, on ne saurait attendre
d’eux l’effort physique que nécessite un tel voyage accompli à
franc étrier. En semblable occurrence, le plus savant et le plus
intelligent des prêtres ne vaudra pas un écuyer consommé.
    – C’est juste, dit le roi radouci.
    – Votre Majesté, ajouta Fausta pour panser la blessure
faite à l’amour-propre du roi, Votre Majesté verra que son messager
aura fait toute la diligence qu’il était permis d’attendre de lui.
Dans quelques heures il sera ici.
    – Savez-vous, monsieur, fit le roi, sans répondre
directement à Fausta, savez-vous quels sont les noms mis en avant
pour succéder au Saint-Père ?
    On remarquera que le roi ne demandait pas de quoi ni comment
était mort Sixte Quint. Sixte Quint, c’était un ennemi qui s’en
allait. Et quel ennemi !
    L’essentiel pour lui était d’être délivré du vieux et terrible
jouteur. Peu lui importait comment. Ce qui lui importait, c’était
de savoir qui pouvait être appelé à lui succéder.
    Le nouveau pape serait-il un ennemi de la politique espagnole,
comme le pape défunt, ou serait-il un allié ? Voilà ce qui
était important. Voilà pourquoi le roi posait sa question.
    Le courrier de Fausta se tenait raide et très pâle. Il était
visible qu’il avait donné un effort surhumain et qu’il ne se tenait
debout que par un prodige de volonté.
    À la question du roi ; il répondit :
    – On parle de S. Ém. le cardinal de Crémone, Nicolas
Sfondrato.
    – Bon, cela, murmura le roi avec satisfaction.
    – On parle du cardinal de Santi-Quatro, Jean
Fachinetti.
    Le roi fit une moue significative.
    – On parle surtout du cardinal de Saint-Marcel
Castagna.
    La moue du roi s’accentua.
    – Mais l’élection du nouveau pape dépendra en grande partie
du neveu du pape défunt, le cardinal Montalte. Il est certain que
le conclave suivra docilement les indications que lui donnera le
cardinal Montalte.
    – Ah ! fit le roi d’un air rêveur, en remerciant d’un
signe de tête.
    – Allez, comte, fit doucement Fausta, allez vous reposer.
Vous en avez besoin.
    Le comte accueillit l’invitation avec une satisfaction visible
et ne se la fit pas renouveler.
    – Ce cardinal de Montalte, de qui dépend en partie
l’élection du pape futur, n’est-il pas de vos amis, madame ?
dit le roi lorsque le courrier fut sorti.
    – Il l’est, dit Fausta avec un sourire énigmatique.
    – Ainsi que le neveu du cardinal de Crémone, ce Sfondrato,
duc de Ponte-Maggiore ?
    – Le duc de Ponte-Maggiore est aussi de mes amis, dit
Fausta dont le sourire se fit plus aigu encore.
    – Ne vous ont-ils pas suivie ici ?
    – Je crois que oui, sire.
    Le roi ne dit plus, rien, mais son œil se posa un instant sur
celui d’Espinosa qui répondit par un imperceptible signe de
tête.
    Fausta surprit le coup d’œil de l’un et le signe d’intelligence
de l’autre. Elle comprit et elle, pensa :
    « D’Espinosa va me débarrasser de ces deux hommes. Sans le
savoir et sans le vouloir, il me rend service, car ces deux fous
d’amour commençaient à me gêner plus que je n’aurais
voulu. »
    Et sa pensée se reportant sur Sixte Quint qui n’était
plus :
    « Le vieil athlète est donc mort, enfin ! Qui sait si
je ne ferais pas bien de retourner là-bas ? Pourquoi ne
reprendrais-je pas l’œuvre gigantesque ? À présent que Sixte
Quint n’est plus, qui donc serait de force à me
résister ? »
    Et son œil se reportant sur le roi qui paraissait réfléchir
profondément :
    « Non, dit-elle, fini le rêve de la papesse

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