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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pouvait
suspecter, le roi daignait s’excuser en ces termes :
    – Excusez ma vivacité, madame ; mais ce que me dit
M. le grand inquisiteur est si extraordinaire, si
inconcevable, que je pouvais douter de tout et de tous.
    Fausta se contenta d’agréer les excuses royales d’un signe de
tête d’une souveraine indifférence.
    D’Espinosa se montra de moins bonne composition. Il est vrai que
le roi ne lui avait encore donné aucune satisfaction. Après avoir
déchargé Fausta au moment où il paraissait vouloir l’accabler, il
reprit d’une voix grondante :
    – Et maintenant, sire, que je vous ai dévoilé la vérité,
maintenant que je vous ai montré ce que complotent les braves gens
sur le sort de qui il vous plaît de vous apitoyer, je vais, me
conformant aux volontés du roi, annuler les ordres que j’ai donnés,
leur laisser le champ libre, leur donner toutes les facilités pour
l’exécution de leur forfait.
    Et sans attendre de réponse, il se dirigea d’un pas rude et
violent vers la sortie.
    – Arrêtez, cardinal ! cria le roi.
    D’Espinosa attendait cet ordre ; il était sûr que son
maître le lancerait. Sans hâte, sans joie, sans triompher, il se
retourna posément, avec un tact admirable, ne montrant ni trop de
hâte ni trop de lenteur, et, très calme, comme toujours, comme si
rien ne s’était passé, il revint se placer derrière le fauteuil du
roi.
    – Monsieur le cardinal, dit Philippe d’une voix assez forte
pour que tout le monde l’entendît dans la loge, vous êtes un bon
serviteur, et nous n’oublierons pas le signalé service que vous
nous rendez en ce jour.
    D’Espinosa s’inclina profondément. Il avait obtenu la réparation
qu’il espérait.
    – Faites commencer la joute de ce Torero tant réputé,
ajouta le roi. Je suis curieux de voir si le drôle mérite la
réputation qu’on lui fait en Andalousie.

Chapitre 10 LE TRIOMPHE DU CHICO
    Le Torero était sur la piste. Il tenait dans sa main gauche sa
cape de satin rouge ; dans sa main droite il tenait son épée
de parade.
    Cette cape était une cape spéciale, de dimensions très réduites.
C’était, nous l’avons dit, le précurseur de ce qu’en langage
tauromachique on appelle une
muleta.
    Quant à l’épée, dont, jusqu’à ce jour, il n’avait jamais fait
usage, malgré les apparences, c’était une arme merveilleuse,
flexible et résistante, sortie des ateliers d’un des meilleurs
armuriers de Tolède, qui en comptait quelques-uns assez réputés,
comme on sait.
    Près de lui se tenaient ses deux aides et le nain Chico. Tous
les quatre étaient près de la porte d’entrée, le Torero
s’entretenant avec Pardaillan, lequel avait manifesté son intention
d’assister à la course à cet endroit qui lui paraissait bien placé
pour intervenir, le cas échéant.
    Près de cette porte d’entrée, le couloir était encombré par une
foule de gens qui paraissaient faire partie du personnel nombreux
engagé pour la circonstance.
    Ni Pardaillan ni le Torero ne prêtèrent la moindre attention à
ceux qui se trouvaient là et qui, sans aucun doute, avaient le
droit d’y être.
    Le moment étant venu d’entrer en lice, le Torero serra la main
du chevalier et il alla se placer au centre de la piste, face à la
porte par où devait sortir le taureau dont il aurait à soutenir le
choc. Ses deux aides et son page (le Chico), qui ne devaient plus
le quitter à compter de cet instant, se placèrent derrière lui.
    Dès qu’il fut en place, comme la bête pouvait être lâchée
brusquement, tous ceux qui encombraient la lice s’empressèrent de
lui laisser le champ libre en se dirigeant à toutes jambes vers les
barrières, qu’ils se hâtèrent de franchir, sous les quolibets de la
foule amusée. Cette fuite précipitée se renouvelait invariablement
au début de chaque course, et chaque fois elle avait le don
d’exciter la même hilarité, de déchaîner les mêmes grosses
plaisanteries.
    Les courtisans, habitués de longue date à lire sur le visage du
roi et à modeler leurs impressions sur les siennes, n’étaient
nullement gênés par sa présence. Il n’en était pas de même chez les
bourgeois et les hommes du peuple.
    Ceux-là, amateurs passionnés de ce genre de spectacle, aimaient
à manifester bruyamment leurs impressions et ils le faisaient avec
une exubérance et un sans-gêne qui paraîtraient excessifs aux plus
enthousiastes et aux plus bruyants amateurs de nos jours. Sur
ceux-là

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