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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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elle les accepte sans rien donner, elle doit supporter patiemment d’être mise au rang des vénales courtisanes. »
    Certaines questions nous paraissent aujourd’hui assez curieuses. Celle-ci, par exemple : « Une demoiselle, attachée à un chevalier par un amour convenable, s’est ensuite mariée avec un autre. Doit-elle repousser son ancien amant et lui refuser ses bontés accoutumées ? »
    Voici la réponse stupéfiante qui fut faite par l’assemblée : « La survenance du lien marital n’exclut pas de droit le premier attachement, à moins que la dame ne renonce entièrement à l’amour, et ne déclare y renoncer à jamais. »
    On voit, par cette sentence, combien les romantiques ont faussé l’image des troubadours et le sens réel de l’amour courtois…
    Quand elle repartit pour l’Angleterre, Aliénor emporta une dernière chanson de Bernard, lequel n’était pas encore remis de sa victoire :
     
    Elle peut maintenant me dénier son amour
    Je pourrai toujours me flatter
    D’en avoir obtenu le doux témoignage…
     
    Ce qui était gentil, mais peu discret.
    Aliénor, pendant quinze ans, vécut plus souvent à Poitiers qu’à Londres. Elle y présidait sa cour d’amour et s’y occupait – avec passion et beaucoup d’intelligence – du gouvernement des provinces devenues « colonies britanniques ».
    Et puis, elle n’était pas fâchée d’être loin de Henri II avec lequel elle ne s’entendait plus du tout.
    Leur désaccord devint même si grand que, lorsque les fils du roi d’Angleterre se révoltèrent contre leur père, elle prit parti pour eux. Sous son impulsion, de sanglants combats eurent lieu alors en Touraine. Finalement, Aliénor fut faite prisonnière à Chinon par les troupes de son mari au moment où elle allait s’enfuir sous des habits d’homme.
    Ramenée en Angleterre et tenue pour responsable de la rébellion, la malheureuse reine fut jetée dans un cachot de la tour de Salisbury.
    Elle y resta seize ans !
    Ce fut son fils, Richard Cœur de Lion, qui lui rendit la liberté à la mort de Henri II.
    Aussitôt, la reine, qui était alors âgée de soixante-huit ans, quitta l’Angleterre et vint s’installer dans son cher Poitou. Mais ses soucis n’étaient pas terminés. Quatre ans plus tard, Richard Cœur de Lion, le roi troubadour, revenant de croisade, disparut mystérieusement.
    Aliénor fut folle d’inquiétude. Qu’était devenu son fils préféré ? Elle lança de nombreux voyageurs à sa recherche. L’un d’eux, un nommé Blondiau, avec qui Richard avait composé une chanson, arriva, par hasard, nous assure la légende, au pied d’une forteresse située sur le bord du Danube. Dans le silence du soir, il entendit un chant venir d’une tour :
     
    Personne, charmante dame,
    Ne peut vous voir sans vous aimer.
     
    C’était précisément la romance qu’il avait écrite jadis avec Richard. Alors Blondiau chanta la fin du couplet pour se faire reconnaître de son ami et revint en toute hâte aviser Aliénor que son fils était prisonnier de l’empereur d’Allemagne.
    Cette anecdote est-elle authentique ? On l’ignore. Quoi qu’il en soit, la reine, malgré ses soixante-douze ans, ayant demandé à Henri IV d’Allemagne quelle rançon il exigeait, s’en fut porter elle-même outre-Rhin la somme, colossale pour l’époque, de cent mille marks d’argent…
    Après avoir libéré son fils, Aliénor rentra en Aquitaine et négocia une alliance qui allait avoir beaucoup d’importance pour la France : elle maria Louis, fils de Philippe Auguste, avec sa petite-fille, Blanche de Castille…
    Après quoi, celle qui signait « reine d’Angleterre par la colère de Dieu » se retira à l’abbaye de Fontevrault, où elle mourut à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

12
    Au lendemain de leur nuit de noces,
Philippe Auguste répudia Ingeburge
    Les mauvais ouvriers disent toujours
    qu’ils ont de mauvais outils.
     
    sagesse des nations
     
    Un matin de mars 1184, les habitants de Senlis assistèrent à un bien étrange spectacle. Dans la rue principale, tortueuse et étroite, où commençait à jouer le premier soleil de printemps, une foule de mendiants, d’infirmes et de lépreux suivaient une jeune femme vêtue d’une longue chemise blanche qui marchait, pieds nus, un cierge à la main.
    Ce cortège hallucinant avançait avec un bruit de frelon. Par moments, une plainte aiguë jaillissait d’une bouche féminine.
    — Mon Dieu,

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