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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Normandie, l’Anjou, la Touraine, le Poitou, l’Angoumois, l’Auvergne, la Marche, le Limousin, la Saintonge, le Périgord, la Gascogne et la Guyenne, devenaient des colonies anglaises…
    Le roi de France voulut protester. Le nouveau roi d’Angleterre se contenta de sourire.
    Ainsi naissait entre les deux pays un différend qui allait être à l’origine de la première guerre de Cent Ans.
    Le 15 décembre de la même année, Aliénor fut couronnée en la cathédrale de Westminster, en même temps que Henri.
    On l’acclama, et sans doute la crut-on heureuse. Mais la nouvelle reine d’Angleterre était triste…
    Elle était triste parce que, durant la longue absence de son mari, elle avait connu un troubadour qui composait des chansons pour elle, et qu’elle adorait. Il s’appelait Bernard de Ventadour, et c’est vers lui qu’en ce jour glorieux allait toute sa pensée [50] …
    Le reverrait-elle jamais ?
     
    Après le sacre, Aliénor s’installa sans joie dans son palais de Londres. Filant la laine ou jouant de la viole, elle pensait sans cesse à Bernard et à sa Guyenne ensoleillée… Pourquoi le destin l’avait-il faite reine de ce pays brumeux et froid ?
    Elle pensait aussi à ses deux filles laissées à la cour de France, et à Louis VII qui venait de se remarier avec Constance de Castille… Elle essayait parfois d’imaginer la nouvelle vie de son ex-époux… Bien qu’elle ne fût plus attachée à Louis, cela la rendait triste sans qu’elle comprît pourquoi…
    Assise devant la grande cheminée du château, où brûlaient en permanence deux troncs d’arbre, elle rêvait au royaume de France ; et, pendant des heures, les hautes flammes se reflétaient dans ses yeux verts.

 

     
     
    Un jour, les dames du palais la surprirent, pleurant doucement dans son fauteuil. Ces jeunes femmes étaient des Poitevines de sa suite.
    — Est-ce sur la douceur du Poitou que vous pleurez, madame ?
    — Non, répondit la reine, mais sur la mauvaiseté du roi… Aliénor venait, en effet, d’apprendre que Henri avait une liaison. Il la trompait avec la fille d’un baron anglais, une jeune blonde aux yeux candides qui se nommait Rosamonde Cliffort.
    Bien qu’elle fût de tempérament infidèle, Aliénor était fort jalouse. Le soir même, au cours d’une scène violente, elle exigea que son mari chassât immédiatement la favorite. Henri II promit ; mais Aliénor devait apprendre bientôt que le roi n’avait pas tenu parole et qu’il retrouvait Rosamonde dans un château voisin.
    — Si je la trouve, je la tue, dit-elle calmement.
    Henri frémit, il savait qu’une des aïeules d’Aliénor, ayant réussi à s’emparer d’une de ses rivales, l’avait livrée toute une nuit aux plaisirs des soldats, avant de lui faire crever les yeux. Aussi jugea-t-il prudent de faire construire à Woodstock, dans le comté d’Oxford, un pavillon en forme de labyrinthe, où il cacha la douce Rosamonde [51] .
    Puis il décida, pour changer les idées de la reine, d’organiser un petit voyage dans leurs possessions françaises. C’était agir habilement. Rien ne pouvait faire plus plaisir à Aliénor qui s’ennuyait en Angleterre. Ravie d’aller revoir sa Guyenne, elle oublia sa jalousie.
    Les souverains furent accueillis avec enthousiasme de Rouen à Bordeaux. À Poitiers, Aliénor aperçut Bernard de Ventadour qui lui fit remettre une chanson :
     
    Je ne sais plus me gouverner
    Et plus ne puis m’appartenir
    Depuis le jour où elle a permis à mes yeux
    De se mirer dans un miroir qui tant me plaît
     
    Miroir, pour m’être miré en toi
    Mes profonds soupirs me tuent.
    Oui, je me suis perdu en toi
    Comme Narcisse en la fontaine…
     
    La reine, fort émue, réussit à rencontrer Bernard quelques instants. Tous deux pleurèrent.
    — Je reviendrai bientôt, dit Aliénor. Et vous n’aurez plus de raison d’être triste, croyez-moi…
    Bernard savait comprendre les choses à demi-mot. Il fut transporté de joie…
     
    La promesse qu’elle venait de faire à son beau troubadour n’empêchait pas Aliénor de se montrer une épouse affectueuse. C’est ainsi qu’au cours de ce voyage elle se trouva enceinte. Et c’est avec le futur Richard Cœur de Lion en son sein qu’elle rentra en Angleterre.
    L’année suivante, Aliénor ne revint pas en France comme elle l’espérait, car son mari s’y trouvait pour régler quelques affaires. C’est alors qu’il signa une trêve avec Louis VII

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