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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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avait été mandé d’urgence.
    Après la bénédiction nuptiale, et pendant que toutes les cloches d’Amiens carillonnaient, le roi annonça que le couronnement de la nouvelle reine aurait lieu le lendemain.
    Le soir, tandis que tout le peuple d’Amiens célébrait joyeusement le mariage des souverains, Philippe Auguste alla retrouver Ingeburge qui l’attendait dans un lit parfumé.
    Il se coucha près d’elle avec une grande émotion, l’embrassa très tendrement, se montra empressé tant qu’il fallait, puis se releva au bout d’un instant.
    La jeune fille le considéra sans comprendre. Philippe Auguste, dont le front ruisselait de sueur, arpentait nerveusement la chambre.
    Pensant qu’il était peut-être timide, Ingeburge lui fit signe, en souriant, de revenir près d’elle. Le roi se remit au lit…
    Dix minutes après, il était de nouveau debout, les mains agitées par un furieux tremblement.
    Ingeburge n’avait qu’une idée approximative de ce que devait être une nuit de noces. Pourtant, elle comprenait que celle-ci n’était pas tout à fait normale.
    Trois fois encore, le roi remonta dans le lit. Trois fois il prit son épouse dans ses bras. Trois fois, il se releva pour marcher en serrant les poings. Finalement, le roi eut une pensée qui le fit pâlir :
    — Je suis ensorcelé, on m’a noué l’aiguillette !…
    Et, pris de tremblements, il s’allongea près d’Ingeburge, qui se réveilla le lendemain aussi pure que la veille…
    Au petit matin, on vint chercher les souverains pour les conduire à la cathédrale où devait avoir lieu le couronnement de la reine.
    Blêmes tous les deux, ils allèrent se placer devant l’autel et les braves gens qui emplissaient la nef furent surpris par l’étrange fixité de leurs regards. Certains mettaient cet air étrange sur le compte d’une nuit trop bien remplie. Qui donc aurait pu soupçonner la détresse intérieure des deux époux ?
    La cérémonie commença.
    L’archevêque de Reims, entouré de douze évêques, confirma d’abord le couronnement du roi. Puis, se tournant vers Ingeburge, il commença à accomplir les rites du sacre. Une onction devant être faite sur la poitrine de la reine, le prélat dénoua la tunique et traça une croix avec le saint chrême sur la peau d’Ingeburge.
    À ce moment, un léger cri fit se retourner l’archevêque qui s’immobilisa d’effroi en voyant le roi en proie à une véritable crise de nerfs. Tremblant, frissonnant, les yeux écarquillés, Philippe Auguste agitait ses mains comme pour repousser des fantômes.
    Quelques ecclésiastiques s’approchèrent pour cacher le roi aux yeux de la foule, et le sacre de la reine se termina.
    Après la cérémonie, et pendant que le peuple, qui ne s’était aperçu de rien, se répandait dans la ville en fête, Philippe Auguste avouait à l’archevêque de Reims qu’il venait d’être pris d’une soudaine et violente répulsion pour Ingeburge.
    — Cette femme est ensorcelée, disait-il, elle a fait de moi un impuissant. Il faut qu’elle retourne au Danemark [53] .
    Le prélat tenta de lui expliquer qu’un trop grand désir ou une trop grande fatigue était peut-être cause de son échec…
    Philippe Auguste l’interrompit :
    — Je veux qu’elle parte !
    Les Danois qui avaient accompagné Ingeburge, informés des intentions du roi, déclarèrent que leur mission était terminée et quittèrent précipitamment le royaume.
    Alors, Philippe Auguste, furieux, fit enfermer la reine dans un couvent.
     
    C’est là qu’il vint la voir, un mois plus tard, pour tenter une dernière fois d’en faire sa femme…
    C’était son oncle, l’archevêque de Reims, qui lui avait conseillé d’accomplir cette tentative.
    — Rendez-vous près d’elle, avait-il dit, et essayez de consommer. Si vous y parvenez, comme je le souhaite, vous retrouverez votre calme. Si vous n’y parvenez pas, vous aurez du moins montré une grande persévérance, et l’Église vous en tiendra compte dans le procès d’annulation.
    Il avait ajouté en souriant :
    — Allez, mon fils, et pensez que la France entière a les yeux fixés sur vous…
    Cette phrase était maladroite. Philippe Auguste savait bien que tout son peuple était au courant de sa lamentable nuit de noces, et la pensée que la France aurait les yeux fixés sur lui au moment où il serait face à face avec Ingeburge n’était pas faite pour lui rendre ses moyens. Au contraire.
    Toutefois, Philippe

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