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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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aventureux, mais au cœur de votre royaume.
    Et comme le roi insistait, disant qu’il voulait aller délivrer le Saint-Tombeau et faire benoîtement un grand carnage d’infidèles, elle lui cita l’exemple de Thibaut de Champagne qui avait organisé deux ans auparavant une croisade avec Philippe de Nanteuil, et dont on était sans nouvelles.
    Louis IX, baissant la tête, regagna ses appartements.
    Or, à quelque temps de là, un messager vint apporter au Louvre une nouvelle qui réjouit tout le monde : le comte Thibaut, fatigué mais sain et sauf, venait de rentrer en France.
    La reine mère en eut des larmes dans les yeux. Il y avait bien longtemps que ses amours avec Thibaut étaient finies ; mais elle ne pouvait oublier les heures ardentes qu’il lui avait données.
    Thibaut, maintenant, était marié avec la princesse Marguerite de Bourbon ; il allait rentrer à Provins, où sa femme l’attendait, et sans doute ne reviendrait-il jamais au Louvre ; pourtant, Blanche était heureuse de le savoir vivant. Tandis qu’elle remerciait Dieu en pleurant doucement, Louis IX entra dans sa chambre.
    Lui aussi était heureux du retour de Thibaut.
    — Voyez, madame, dit-il à Blanche, le comte de Champagne est rentré de Terre Sainte. Messire Jésus protège ceux qui l’aiment. Laissez-moi me croiser.
    Blanche, qui venait secrètement de trembler pendant deux ans pour Thibaut, ne voulait pas connaître de nouvelles inquiétudes.
    — Non, mon fils, je ne vous autoriserai jamais à partir ; car ce serait commettre une folie. Renoncez à ce projet. Je comprends votre soif d’aventures, mais vous devriez être heureux de gouverner un pays où règne la paix.
    En effet, depuis quelques années la France – un moment troublée par l’approche des Tartares – vivait un véritable âge d’or.
    L’agriculture et le commerce étaient prospères, le pays respirait l’ordre et la force, on voyageait en toute sécurité, et les finances royales étaient si bien gérées qu’elles montraient à chaque bilan de fin d’année un excédent qui permettait à Louis IX de supprimer certaines taxes et de diminuer les impôts…
    Hélas ! cette paix magnifique allait être troublée – encore une fois, par une femme.
     
    En juin 1241, Louis IX réunit à Saumur la noblesse et le clergé du royaume pour la remise des apanages qui revenaient à son frère Alphonse, lequel venait d’atteindre sa majorité. Il lui conféra l’ordre de chevalerie et l’investiture du comté de Poitou au cours de fêtes dont Joinville a décrit le faste extraordinaire.
    Les cérémonies terminées, le roi conduisit Alphonse à Poitiers pour qu’il y reçût l’hommage de ses vassaux aquitains, parmi lesquels se trouvait Hugues X de Lusignan, comte de la Marche.
    Après avoir prêté serment de fidélité à son nouveau suzerain, celui-ci retourna dans son château où sa femme, Isabelle d’Angoulême [76] , l’accueillit fort mal. Jalouse et ambitieuse, cette princesse, qui avait été reine d’Angleterre, ne voulait dépendre de personne. Elle reprocha amèrement à son mari d’avoir fait hommage au frère du roi et le harcela de tant de plaintes et de récriminations qu’il finit par s’énerver. Ayant réuni une importante armée, il fit savoir à Louis IX, qui était encore à Poitiers avec son frère, qu’il était prêt à attaquer l’ost royal si certains privilèges ne lui étaient pas accordés. Louis IX n’avait amené avec lui qu’une faible escorte, il jugea prudent de se rendre à Lusignan pour connaître les conditions de Hugues.
    Après deux jours de conversation fort courtoise, le roi s’en retourna à Poitiers, ayant accordé au comte de la Marche tout ce que celui-ci demandait.
    Hugues, fort satisfait de sa victoire, se rendit immédiatement auprès de sa femme dans l’espoir de recevoir quelques compliments. Il la trouva furieuse et comme « enflammée de haine », nous disent les chroniqueurs. Lorsqu’elle eut appris que les négociations étaient terminées, elle courut vers l’appartement qu’avait occupé Louis IX, et, comme pour purger la ville des souillures du séjour royal, elle fit enlever meubles, vêtements, ustensiles de cuisine, ornements de la chapelle, et envoya le tout à Angoulême.
    Le comte, interdit et fort affligé, la regardait faire sans comprendre. Avec beaucoup de précautions, il lui demanda pourquoi elle dépouillait ainsi son château.
    La réponse fit trembler

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