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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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les murs.
    — Sortez ! hurla Isabelle. Sortez de ma présence, homme vil entre tous, abjection et opprobre de tout le peuple, qui avez honoré ceux qui vous déshéritent. Sortez, je ne veux plus vous voir.
    Et elle partit pour Angoulême.
     
    Au bout de deux jours, Hugues alla la rejoindre. Mais elle lui fit défendre l’entrée du château qu’elle habitait, et pendant trois jours entiers il mangea et coucha chez les Templiers. Enfin, il obtint, par l’intermédiaire d’un moine, un entretien avec sa femme. Sur un ton humble et doux, car il était toujours fort amoureux d’elle, il lui demanda la raison de sa haine profonde pour le roi Louis IX.
    Isabelle, alors, s’expliqua en pleurant de colère.
    — Comment ? N’avez-vous pas vu à Poitiers, où j’ai attendu trois jours pour rendre honneur à votre roi et à votre reine, que, lorsque j’ai comparu devant eux dans la chambre, le roi était assis sur une moitié du lit, et la reine sur l’autre avec la comtesse de Chartres ? N’avez-vous pas vu qu’ils ne m’ont pas appelée pour me prier de m’asseoir ? N’avez-vous pas vu qu’ils ne se sont même pas soulevés de leurs sièges à mon entrée et à ma sortie ? Je n’en puis dire plus de douleur et de honte. Mais Dieu ne voudra pas qu’ils soient impunis, ou bien je perdrai tout ce que j’ai et mourrai à la peine [77] .
    Hugues tenta de démontrer à Isabelle qu’elle pouvait s’estimer vengée en considérant les privilèges qu’il avait obtenus de Louis IX. Ce fut en vain. Elle voulait une révolte, une guerre, une tuerie…
    Voyant qu’il hésitait encore, elle lui déclara fermement qu’elle le chassait de son lit jusqu’au jour où il aurait pris le commandement de la rébellion poitevine.
    Hugues, qui avait un désir constant de sa femme, réunit aussitôt quelques barons et forma une ligue dont il devint le chef.
    — Ce n’est pas tout, dit alors Isabelle. Maintenant, il faut faire la guerre.
    Et elle s’enferma à clé dans sa chambre.
    Alors Hugues convoqua sa chevalerie, se rendit à Poitiers et demanda à être reçu par son seigneur. Lorsqu’il fut devant le comte Alphonse, il s’écria, en présence de tout le baronnage stupéfait :
    — Sire comte, je vous renie pour seigneur et je reprends ma foi.
    Puis, sortant du palais, il monta à cheval au milieu de ses hommes qui l’attendaient, arbalète tendue, alla mettre le feu au logis où il avait été reçu et courut à toute bride vers Lusignan.
    Cette fois, c’était la guerre désirée par Isabelle.
     
    Les Anglais, qui avaient promis leur concours aux rebelles, débarquèrent bientôt à Royan, et des combats sanglants eurent lieu entre la ligue et les vingt-cinq mille soldats que commandait Louis IX en personne. Les troupes royales, mieux organisées, eurent rapidement le dessus. Ce que voyant, Isabelle, rendue folle par la rage, envoya vers Louis IX des assassins munis d’un excellent poison qu’elle avait préparé avec soin. Fort heureusement, le complot fut découvert.
    L’annonce de cette perfidie décupla l’ardeur des hommes qui se battaient sous les ordres du roi, et la bouillante comtesse de Lusignan dut accepter de voir la situation des conjurés s’aggraver chaque jour. Finalement, le roi d’Angleterre comprit que la partie était perdue. Sans l’ombre d’une hésitation, il abandonna les barons rebelles et rembarqua avec célérité.
    La conjuration se disloqua aussitôt, et Louis IX vit, un jour, Hugues et Isabelle venir se traîner à ses genoux implorant son pardon…
    La guerre des barons était finie.
     
    Hélas ! en revenant de cette campagne, Louis fut terrassé par une mauvaise fièvre. Les médecins se penchèrent sur lui tandis que, dans toutes les églises du royaume, des prières étaient dites.
    Au bout de huit jours, le roi fut déclaré perdu. On le plaça, selon sa volonté, sur un lit de cendres et on attendit son dernier soupir.
    Soudain, ses yeux se fermèrent, ses membres crispés se détendirent, sa tête roula sur le côté.
    — Il est mort ! murmurèrent les assistants.
    On alluma des cierges, on recouvrit le roi d’un drap, et des prêtres vinrent entonner des chants funèbres. Tout à coup, les veilleuses entendirent un soupir. Elles soulevèrent le drap : Louis IX vivait…
    Quelques jours plus tard, il était au Louvre, et Blanche de Castille se penchait à son chevet.
    — Au moment où j’ai cru mourir, lui dit-il, j’ai fait un

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