Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
semaine, Marguerite s’habitua aux mouvements du bateau et prit plaisir à contempler les vagues, aux côtés du roi.
    Un jour, la flotte arriva en vue de Chypre où Louis IX avait fait, depuis longtemps, accumuler des tonneaux de vin et des « monceaux » de blé, prévoyant qu’il ferait là une dernière étape avant les pays peuplés d’infidèles.
    Le 17 septembre 1248, les galères royales jetèrent l’ancre à Limassol et tous les croisés mirent pied à terre. Comme l’endroit était agréable, ils s’y attardèrent plus de six mois…
    On était toujours en voyage de noces…
    De temps en temps, dans le palais de Nicosie que le roi de Chypre, Henri de Lusignan, avait mis à sa disposition, Louis réunissait les hauts barons qui l’accompagnaient en Terre Sainte et étudiait avec eux quelque détail de l’expédition. Marguerite assistait toujours à ces « conseils » et donnait parfois très librement son avis. Les grands seigneurs s’en étonnèrent. Eux qui, pour la plupart, tenaient leurs femmes pour d’agréables passe-temps ne pouvaient comprendre la déférence du roi à l’égard de la reine.
    — Elle est ma dame et ma compagne, leur expliqua Louis, et elle mérite trop mieux mon estime et ma confiance.
    Enfin, après avoir passé un hiver confortable, les croisés, qui avaient été rejoints par de nombreux retardataires, rembarquèrent en mars 1249, et mirent le cap sur l’Égypte. Cette fois, la flotte royale était considérable. « Il semblait, dit Joinville, que toute la mer, tant comme l’on pouvait en voir à l’œil, fût couverte des voiles des vaisseaux, qui furent nombrés dix-huit cents, tant grands que petits. »
    Au bout de trois semaines de navigation, Louis IX était devant Damiette, située à l’une des bouches du Nil. Aussitôt, la cloche de cuivre sonna dans la ville, et une multitude d’indigènes accourut sur le rivage pour en défendre l’approche.
    Louis IX appela Marguerite :
    — Venez, ma dame, et voyez les infidèles qui nous contemplent.
    Puis il tint conseil et décida qu’on attendrait le lendemain matin pour débarquer. La nuit fut une extraordinaire veillée d’armes. Des torches brûlaient à la fois sur les navires et sur le rivage, éclairant la rade du Nil de lueurs féeriques.
    À l’aube, le roi, le légat du pape, Joinville et mille chevaliers sautèrent dans des barques et s’approchèrent de Damiette.
    Lorsqu’ils furent à quarante toises de la terre les archers criblèrent les Sarrasins de flèches ; ceux-ci répondirent immédiatement et avec une telle vigueur que les Français stoppèrent leurs embarcations. Louis IX, comprenant que la moindre hésitation pouvait faire tourner la chance, se jeta à la mer, le bouclier au cou et la lance à la main. Bien que l’eau lui arrivât jusqu’aux épaules, il marcha vers la plage, suivi bientôt de tous les chevaliers qui ne voulaient pas laisser leur roi s’exposer seul au danger.
    En voyant sortir de l’eau ces hommes bardés de fer, les infidèles furent pris de frayeur et reculèrent. Sans même reprendre souffle, les croisés les poursuivirent et un combat terrible s’engagea qui dura toute la journée. À la nuit, les musulmans, se voyant perdus, quittèrent discrètement Damiette et s’enfuirent à toutes jambes.
    Le lendemain, Louis et Marguerite entraient solennellement dans la ville.
    — Ma dame, je vous fais cadeau de Damiette, dit le roi. Vous y passerez les derniers mois de votre attente, et c’est là que vous me donnerez un nouveau fils.
    La reine s’installa dans une ravissante maison arabe dont le patio tout bruissant de fontaines lui donna, nous dit-on, « l’illusion d’être en paradis ». Tandis qu’elle y passait les jours les plus heureux de sa vie, les croisés, devenus oisifs, sombraient dans le péché. Ils festoyaient honteusement, s’enivraient et occupaient tout leur temps à échanger leurs épouses, ce qui fait dire à un chroniqueur que « les chrétiens, à Damiette, abusèrent des dons de Dieu… »
    Pendant des semaines, le roi, lui-même, fut incapable de réprimer ces désordres navrants. Il est vrai qu’il était toujours en « voyage de noces » et que Marguerite occupait tout son temps. On les voyait se promener doucement au bord du Nil en se tenant par la main, ou deviser sur des terrasses.
    Un jour, Louis comprit que cette inaction était dangereuse. Il convoqua ses barons et leur annonça qu’une armée

Weitere Kostenlose Bücher