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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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accoutumé à se plier aux volontés de sa mère, ne songeait même pas à protester. Mais, comme il aimait Marguerite, et qu’il se plaisait en sa compagnie, il continua à ne pouvoir attendre le soir pour lui parler et la serrer dans ses bras.
    Alors, il se fit suivre constamment d’un petit chien qu’il avait dressé et qui grognait quand la reine mère arrivait. Ainsi prévenu, Louis IX avait le temps de se séparer prestement de Marguerite qui s’enfuyait dans une autre pièce.
    Malgré ces ruses et ces précautions, la vie au Louvre fut bientôt intenable pour les jeunes époux, et le roi décida de trouver une résidence plus adaptée à ses besoins conjugaux. Après quelques recherches, il s’aperçut que son hôtel de Pontoise faisait admirablement l’affaire. Dans cette maison, sa chambre était située au-dessus de celle de Marguerite, et toutes deux communiquaient par un escalier en vis où il pouvait enfin rencontrer sa femme en toute liberté et lui prouver sa tendresse à n’importe quel moment [73] .
    L’endroit était inconfortable, mais Louis et Marguerite étaient sûrs d’y être tranquilles.
    D’autant plus que des gardes, habilement placés, étaient chargés de leur signaler l’approche de la reine Blanche qui passait son temps à rôder dans les couloirs. Voici d’ailleurs ce que nous conte le sire de Joinville à ce sujet : « Quand les huissiers voyaient venir la reine en la chambre de son fils, ils battaient les portes de leurs verges, et le roi s’en venait courant en sa chambre pour que sa mère l’y trouvât. Et ainsi refaisaient les huissiers à la chambre de la reine Marguerite quand la reine Blanche y venait pour qu’elle y trouvât la reine Marguerite. »
    Blanche de Castille était naturellement bien loin de se douter d’une pareille organisation. Ne trouvant plus Louis caché dans les coins sombres en compagnie de sa bru, elle en conclut que l’ardeur impure des jeunes époux s’était calmée. Et elle en eut une grande satisfaction ; car elle craignait que Marguerite de Provence, qui avait été élevée dans une cour « où le plaisir était roi », ne pervertisse son cher fils. L’entourage de la jeune princesse demeurait pourtant un sujet de soucis pour Blanche. Marguerite était venue, en effet, avec toute une suite de troubadours galants et de demoiselles aux yeux trop chauds pour être honnêtes, qui déconcertaient par leurs verts propos les habitués du Louvre. De telles gens, toujours occupés à des jeux frivoles, risquaient non seulement de jeter le trouble au palais, mais encore de donner un exemple funeste au peuple de la capitale ; et cette pensée faisait trembler la reine.
    D’autant que les troubadours ne se contentaient pas de s’amuser à la cour ; ils traînaient dans Paris à la recherche d’aventures déshonnêtes. On les trouvait dans tous les mauvais lieux, et Blanche en était fâchée. Aussi, malgré sa grande piété, ne put-elle s’empêcher d’être fort satisfaite en apprenant que le cadavre d’un de ces ménestrels – un nommé Catelan – avait été découvert, un matin, au milieu de la forêt de Rouvray (l’actuel bois de Boulogne), dans un pré auquel on a d’ailleurs donné son nom…
    Ce meurtre d’un débauché en un lieu où – déjà – on se conduisait mal prouvait à la reine qu’il existait une justice immanente…
     
    La famille royale ne pouvait rester toujours à Pontoise. Lorsqu’elle revint à Paris, Blanche de Castille, qui était parvenue à faire régner la paix dans le royaume et qui avait par conséquent quelques loisirs, recommença à patrouiller dans les couloirs. Naturellement, elle finit par découvrir, un jour, son fils et sa belle-fille enlacés, derrière une tenture… Elle en eut un tel saisissement qu’on put croire un moment qu’elle allait défaillir. Pourtant, elle parvint à reprendre ses esprits et à dire à Louis IX ce qu’elle pensait de sa conduite. Les termes qu’elle employa furent vifs. Sous la semonce, le roi et la reine, fort penauds, baissaient la tête comme des enfants coupables. Enfin, quand elle fut à bout d’insultes, Blanche entraîna son fils dans sa chambre et lui fit un peu de morale. Elle lui expliqua que l’union de deux époux ne visait qu’à la procréation des enfants, et lui conseilla de ne remplir dorénavant son devoir conjugal qu’en récitant quelque prière…
    On ne sait si Louis IX suivit cette curieuse suggestion ; en

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