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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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tout cas, personne ne le retrouva plus jamais dans les encoignures en train d’embrasser sa femme à la sauvette.
    Blanche de Castille n’en continua pas moins à se montrer aussi cruelle à l’égard de la malheureuse Marguerite, et six années passèrent ainsi.
    Un jour, la reine annonça qu’elle attendait un héritier. Loin de s’en réjouir, Blanche prit un air pincé et chercha quelles tracasseries elle pourrait faire à cette bru qui se permettait de donner la plus grande des joies à son fils. Le destin l’aida. La jeune femme étant tombée malade, la reine mère l’enferma dans une chambre et lui interdit toute visite. Un soir, bravant la défense maternelle, Louis IX vint au chevet de Marguerite. Il s’assit sur le lit, prit les mains de sa femme et commençait à lui parler doucement, lorsque soudain Blanche entra. Elle fut scandalisée et furieuse de voir que son fils lui avait désobéi.
    — Venez-vous-en, lui dit-elle durement, vous n’avez rien à faire ici !
    Et elle l’entraîna au-dehors.
    Marguerite, dans son lit, se mit à sangloter :
    — Hélas ! madame, vous ne me laissez donc voir mon seigneur ni morte, ni vive !…
    Puis elle se pâma et on eut le plus grand mal à la faire revenir à elle [74] .
    L’attitude de Blanche de Castille en cette occasion fut fortement blâmée au Louvre, où son austérité commençait d’ailleurs à ennuyer tout le monde.
    — Elle était moins prude avec Thibaut de Champagne, murmurait-on.
    — Et moins hypocrite avec le Frangipani !…
    — Elle craint donc que notre jeune reine n’ensorcelle notre gentil roi ?
    — Elle craint surtout, disaient des gens qui connaissaient bien Blanche, que la reine Marguerite ne prenne suffisamment d’autorité et ne se mêle des affaires de l’État…
    Ils avaient raison : Blanche redoutait par-dessus tout de se voir retirer le pouvoir. Car, si Louis IX était roi en titre, c’était toujours elle qui régnait. Au point que, sur certains actes officiels, le nom de Louis IX n’était même pas mentionné.
    Blanche, qui se souvenait de sa jeunesse auprès de Louis VIII et de Philippe Auguste, était anxieuse. Elle craignait que Marguerite ne cherchât, comme elle l’avait fait elle-même, à jouer un rôle politique ou, tout au moins, ne poussât Louis IX à s’occuper seul des affaires de l’État…
    Certains événements allaient justifier en partie les craintes de la reine mère.
     
    Aliénor de Provence, une sœur de Marguerite, avait épousé le roi Henri III d’Angleterre. Intelligente et ambitieuse, elle avait sur son mari une influence considérable. Elle s’intéressait aux affaires du royaume, prenait des décisions importantes, conseillait les ministres.
    Toutes les lettres qu’elle écrivait à Marguerite étaient pleines de ses exploits. Émerveillée et quelque peu jalouse, la reine de France eut alors envie de jouer, elle aussi, un rôle politique.
    Comme elle savait bien que Blanche s’opposerait toujours à ses désirs, elle résolut d’agir secrètement, et Hilaire Enjoubert nous dit qu’« elle reçut plusieurs fois en grand secret des ambassadeurs d’Angleterre et qu’elle se mêla – habilement du reste – à diverses intrigues [75]  ».
    Blanche de Castille ne tarda pas à en être informée, ce qui lui permit de triompher auprès de Louis IX.
    — Mon fils, lui dit-elle, vous n’avez épousé qu’une ambitieuse qui rêve de vous supplanter dans le gouvernement du royaume. Voyez que j’avais raison de m’en méfier !
    Le roi ne répondit rien. Placé entre sa mère et sa femme, il lui était difficile d’agir selon sa volonté. Après avoir promis à Blanche d’être sévère avec Marguerite, il se contenta de demander à celle-ci de se tenir tranquille à l’avenir, et l’incident fut clos.
    Mais Louis commençait à être fatigué de ces disputes continuelles, de cette guerre entre bru et belle-mère, et de cette atmosphère de haine qui empoisonnait le Louvre.
    Parfois, il s’en ouvrait à Marguerite.
    — Ah ! si l’on pouvait partir en croisade tous les deux, soupirait celle-ci, comme on serait heureux !
    Partir en croisade ? Échapper au vacarme des discussions ? Aux scènes ? Aux criailleries ? À la surveillance constante ? Et pourquoi pas ?
     
    Un jour, Louis IX s’enhardit jusqu’à en parler à Blanche de Castille.
    Celle-ci sursauta :
    — Vous n’y pensez pas, mon fils. Votre place n’est pas sur des chemins

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