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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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torse. Ce que vous m’apprenez
là, c’est une bonne nouvelle, ajouta Giguère en affichant une mine réjouie. Venez
boire une bonne tasse de thé.
    – Oh !
Il y a encore rien de fait, temporisa Alcide Gauthier en faisant son possible
pour suivre les grandes enjambées de son hôte. Moi, on me paye pour voir si c’est
faisable et où ce pont-là serait le plus utile.
    – Qu’est-ce
que ça veut dire au juste ? demanda le maire en s’immobilisant si brusquement
au milieu de la cour que son invité faillit le heurter.
    – Ça veut
dire que le gouvernement est peut-être prêt à faire construire un pont qui
enjambe la rivière Saint-François dans le comté de Nicolet, mais que personne
sait encore où on va le bât ir. Depuis
le début de l’été, j’ai visité presque tous les villages autour pour trouver le
bon endroit.
    – Êtes-vous
allé à La Visitation ? À Sainte-Monique ? À Saint-Gérard ?
    – C’est
certain et j’ai aussi rencontré les maires.
    – Ah ben, les
maudits hypocrites ! s’emporta le maire de Saint-Jacques-de-la-Rive. J’ai
rencontré les maires de ces villages-là deux ou trois fois depuis le début de l’été,
et pas un m’a parlé de votre visite.
    – C’est
normal. Je pense qu’ils sont tous intéressés à avoir le pont sur leur territoire,
déclara le fonctionnaire en pénétrant dans la maison à la suite de son hôte.
    Marthe
Giguère entra dans la cuisine quelques instants après son mari et Alcide Gauthier.
    – Sers-nous
donc une tasse de thé, lui demanda son mari après avoir fait signe au visiteur
de s’asseoir à la table.
    Le
grand homme suspendit sa casquette à l’un des crochets fixés derrière la porte
et vint prendre place en face du fonctionnaire.
    – Si vous
connaissez un peu Saint-Jacques-de-la-Rive, vous devez sûrement savoir que c’est
notre village qui est le mieux placé pour l’avoir, ce pont-là, déclara le maire
sur un ton convaincu. Notre député me l’a encore dit le printemps passé.
    – Peut-être, répliqua
l’autre, sceptique, mais c’est pas lui qui va décider où on va le construire.
    – Qui va
décider ça ?
    – Mon
rapport, répondit l’autre en se rengorgeant, tout plein de son importance. C’est
mon département qui est chargé de faire les études et les recommandations au
ministre.
    Le
maire de Saint-Jacques-de-la-Rive sembla soudain comprendre qu’il avait devant
lui un personnage vraiment important. Il se leva, prit un bout de papier et un
crayon à mine de plomb qui traînaient sur un petit secrétaire installé dans un
coin de la pièce et revint vers la table.
    – Regardez
ben, poursuivit Wilfrid Giguère avec un enthousiasme un peu forcé en s’assoyant
sur la chaise voisine de celle occupée par son invité.
    Il
traça un grand rectangle traversé par cinq traits verticaux et il fit un «  X  » à l’extrémité du troisième trait
vertical.
    – OK,
le «  X  », c’est le village. Il est dans les
terres, à cinq milles de Pierreville. Il est pas ben gros, mais il est ben
placé, au milieu du rang Saint-Edmond qui longe la rivière. Je sais pas si vous
l’avez remarqué, mais les cinq autres rangs de Saint-Jacques, les rangs des
Orties, du Petit-Brûlé, Sainte-Marie, Saint-Pierre et Saint-Paul, aboutissent
tous au rang Saint-Edmond. Le rang Sainte-Marie arrive devant l’église, au
milieu du village. Moi, je connais une maudite belle place pour construire le
pont, juste à la sortie du village. Là, les rives de la Saint-François sont pas
trop hautes et il y a en masse de place pour ouvrir une route de chaque côté de
la rivière.
    – Il y a pas
juste la hauteur des rives qui compte, protesta mollement Gauthier.
    – Ecoutez. Je
pense que le mieux est que je vous emmène là, proposa le maire, enthousiaste.
    – Mon cheval
est pas mal fatigué et…
    – Laissez
faire votre cheval. J’en ai un bon, rétorqua le maire avec détermination.
    Wilfrid
Giguère se leva, poussa la porte-moustiquaire et fit deux pas sur le balcon
avant de crier en direction de l’écurie :
    – Jocelyn,
attelle Prince à la voiture. Fais ça vite.
    Il
rentra pour prendre sa casquette et finir de boire sa tasse de thé.
    – Monsieur
Gauthier, je vais vous montrer Saint-Jacques-de-la-Rive. Vous allez voir que c’est
la plus belle place pour votre pont.
    – Avec
plaisir, monsieur le maire.
    – Marthe,
on va être revenus pour dîner, dit le maire en se tournant vers sa

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