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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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femme.
    Quelques
instants plus tard, Alcide Gauthier entendit un cheval s’ébrouer près de la
maison et il suivit son hôte à l’extérieur après avoir remercié l’épouse de ce
dernier pour la tasse de thé. En apercevant les deux hommes debout sur le
balcon, un grand adolescent maigre à l’air revêche descendit de la voiture qu’il
venait de conduire au pied de l’escalier et il tendit les guides à son père.
    – Dételle
le cheval de monsieur Gauthier et donne-lui à boire et un peu d’avoine, dit ce
dernier à son fils.
    Sur ce, le maire de Saint-Jacques-de-la-Rive se
hissa sur le siège du boghei et attendit que son passager fasse de même avant
de claquer doucement les lanières de cuir qu’il tenait en main pour faire
avancer sa voiture jusqu’au chemin. Arrivé à la route qui passait devant sa
ferme, il tourna à gauche.
    – Étant
donné que vous avez vu tout le rang Saint-Pierre en venant chez nous, on va
prendre par le rang voisin, le rang Sainte-Marie, pour monter au village, déclara
Giguère. Comme vous pouvez le voir, ma terre est l’avant-dernière du rang. On
est onze cultivateurs dans notre rang : c’est cinq de moins que dans les
rangs Sainte-Marie et Saint-Edmond, les plus gros rangs de la paroisse. Il y a
presque autant de cultivateurs dans le rang Saint-Paul et le rang des Orties
que dans le mien. Il n’y a que le rang du Petit-Brûlé où il y a juste sept
fermes. Le reste, c’est de la terre en bois debout qui pourrait être défrichée
si on le voulait.
    Un peu plus tard, le maire emprunta un petit chemin de traverse
sillonné par de profondes ornières encore remplies d’eau de pluie. Il n’y avait
que de la forêt de chaque côté de la voie étroite même pas bordée par des
fossés.
    –  Il faudrait passer la gratte, dit le
fonctionnaire d’un ton connaisseur. Si c’est pas fait rapidement, les voitures
vont s’embourber.
    – Il faut
comprendre qu’il y a presque personne qui passe ici, expliqua le maire. C’est
un petit chemin qu’on a ouvert à travers une swamp pour rejoindre plus
vite le rang Sainte-Marie.
    – Ça
explique pourquoi il y a tant de maringouins, conclut Alcide Gauthier en
écrasant un moustique qui venait de le piquer sur une joue.
    L’homme
jeta un coup d’œil inquiet au ciel où des nuages de plus en plus lourds s’entassaient.
Durant quelques minutes, le conducteur et le passager ne trouvèrent rien à se
dire. Puis, la voiture tourna à droite sur une voie plus large bordée de fossés
profonds, et la forêt céda la place à de grands champs cultivés.
    – C’est
Sainte-Marie. Après Saint-Edmond, c’est le deuxième rang qui a été ouvert dans
la paroisse, il y a une cinquantaine d’années, expliqua le maire. Comme vous
pouvez, le voir, ça ressemble pas à La Visitation
ou à Sainte-Monique. Il n’y a pas de côtes ici. Tout est planche comme le
dessus de la main. C’est juste de la belle terre à cultiver. Correct, les
terres sont pas ben grandes et il y a pas de cultivateurs riches chez nous, mais
la plupart ont été capables de passer à travers la crise de 19. Même si c’est
presque toutes des grosses familles de huit enfants et plus, j’ai pas entendu
dire qu’il y avait eu des enfants morts de faim, nulle part, déclara le maire
avec une certaine fierté.
    – Comme tous
les villages autour, fît le
fonctionnaire avec un sourire en coin. Avoir une grande famille, c’est aussi
pouvoir compter sur pas mal de bras pour aider à faire la besogne.
    – Ça,
c’est sûr, reconnut Wilfrid Giguère. Tenez, cette maison-là, c’est la maison de
la famille d’Ernest Veilleux, un bleu de bord en bord. Elle ressemble à presque
toutes les maisons du rang. C’est la dernière du rang Sainte-Marie.
    Ce
disant, le maire montrait à sa gauche une habitation à un étage au toit très
pentu, couverte de bardeaux de cèdre délavés par les intempéries. Un balcon
courait sur deux de ses faces et s’achevait près de la porte de la cuisine d’été.
Rattachée à cette cuisine, il y avait une humble remise dans laquelle on
rangeait les voitures et le bois de chauffage. Pour l’avoir vu par lui-même, le
maire savait qu’il y avait une large passerelle qui longeait le fond du bât iment et donnait accès aux toilettes
sèches. Deux érables centenaires montaient la garde de chaque côté de la maison.
De plus, la maîtresse des lieux semblait entretenir avec un grand soin un vaste
parterre fleuri devant la

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