Les années folles

LES PRINCIPAUX PERSONNAGES
    L’ÉGLIS E
    Antoine
Lussier : curé, grand
et gros prêtre âgé d’une soixantaine d’années, cousin d’Ernest Veilleux.
    Alexandre
Martel : jeune
vicaire.
    Agathe
Cournoyer : veuve
âgée, servante du curé Lussier.
    Gabrielle Paré : jeune orpheline, servante
au presbytère.
    Honoré Beaudoin : président du conseil de
fabrique de la paroisse et échevin.
    Joseph Groleau : bedeau.
    PIERREVILLE (municipalité voisine )
    Hormidas Joyal : député libéral du comté.
    Albéric
Courchesne : médecin
de Pierreville.
    Conrad et
Normand Desfossés : père
et fils, entrepreneurs de pompes funèbres.
    LE VILLAG E
    Hélèna Pouliot : propriétaire dumagasin
général.
    Hortense
Dagenais : cousine
d’Hélèna Pouliot.
    Adélard Crevier : maréchal-ferrant et
forgeron, adversaire politique du maire Giguère.
    Philibert
Dionne : postier.
    LE RANG SAINT-PIERRE
    Wilfrid Giguère : maire de
Saint-Jacques-de-la-Rive et beau-frère d’Eugène Tremblay.
    Marthe Giguère (née Durand) : épouse du maire et sœur
de Thérèse Tremblay.
    Elphège
Turcotte : célibataire.
    Rose-Aimée
Turcotte : sœur d’Elphège.
    LE RANG SAINTE-MARI E
    La famille
Veilleu x
    Ernest Veilleux : cultivateur de
cinquante-trois ans, père de neuf enfants, conservateur convaincu et cousin du
curé Lussier.
    Yvette Veilleux (née Dubé) : épouse
d’Ernest, âgée de cinquante-deux ans et mère de Marcelle (religieuse de trente
ans), d’Albert (employé de chemin de fer à Montréal et âgé de vingt-huit ans), de
Maurice (frère mariste âgé de vingt-quatre ans), de Céline (vingt ans), d’Anne
(dix-sept ans), de Jérôme (quinze ans), de Léo (treize ans), de Jean-Paul (onze
ans) et d’Adrien (neuf ans).
    La famille
Trembla y
    Eugène Tremblay : cultivateur de
quarante-huit ans, père de six enfants, libéral convaincu, voisin des Veilleux.
    T hérèse
Tremblay (née Durand) : épouse d’Eugène, âgée de quarante-six ans, sœur
de la femme du maire Giguère et mère de Claire (vingt-cinq ans), de Clément (vingt
ans), de Gérald (seize ans), d’Aline (quatorze ans), de Lionel (douze ans) et
de Jeannine (dix ans).
    La famille Hame l
    Georges Hamel : jeune cultivateur de
trente-deux ans, voisin des Tremblay.
    Rita Hamel (née Fafard) : épouse de
Georges et mère de Charles (sept ans), de Claudette (quatre ans) et d’Adrienne
(deux ans).
    La famille
Fournie r
    Fernande
Fournier (née Comtois) :
veuve de Laurent Fournier décédé en 1918, âgée de soixante-cinq ans et mère de
Florence Cohen (quarante et un ans) et de Germain (trente ans).
    La famille
Touga s
    Antonius Tougas : cultivateur de quarante
ans et ami d’Eugène Tremblay.
    Emma Tougas : épouse d’Antonius et
mère de quatre fds assez turbulents.
    Les Pierr i
    Bruno Pierri : nouveau résidant d’origine
italienne âgé d’une quarantaine d’années.
    Maria Pierri : épouse de Bruno, sans
enfant.

Chapitre 1
Le vicaire
    En
cette mi-août 1922, la brise légère qui s’était levée au milieu de l’avant-midi
avait une douceur estivale qui rappelait les plus beaux jours de juillet. Elle
transportait des odeurs enivrantes d’herbe coupée et de fleurs. Le soleil
achevait de mûrir les récoltes dans les champs et la moindre voiture passant
sur la route soulevait un nuage de poussière dans le village, au grand dam des ménagères qui venaient de laver
leurs vitres.
    Ce
matin-là, le curé de Saint-Jacques-de-la-Rive n’était pourtant pas d’humeur à
apprécier la température douce qui régnait à l’extérieur.
    Antoine
Lussier entra au pas de charge dans son presbytère. Il n’y avait qu’à voir les
marbrures rouges sur le crâne dénudé du prêtre âgé d’une soixantaine d’années
pour se rendre compte qu’il était en colère. Le pasteur à la stature imposante
poussait devant lui un ventre confortable que venait barrer la chaîne en argent
d’une montre de poche.
    – Madame
Cournoyer ! Madame Cournoyer ! aboya-t-il en passant devant la porte
de la salle à manger.
    Une
petite dame un peu voûtée sortit de la pièce en trottinant.
    – Qu’est-ce
qu’il y a, monsieur le curé ?
    – Où est
passé l’abbé Martel ?
    – Il me
semble l’avoir entendu monter dans sa chambre tout à l’heure.
    – Comme d’habitude,
il est jamais là où il devrait être, et agrès-là ! grommela le pasteur. L’abbé !
cria-t-il d’une voix de stentor, en se plantant au pied de l’escalier en