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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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monde dans les feuilles de chou.
    – Bien non, se
défendit la future mère en rougissant.
    – Je l’espère
pour toi, conclut le médecin sur un ton sévère. Sinon je me demanderais
pourquoi tu t’es mariée, si c’est pas pour avoir des enfants.
    Gabrielle ne
répondit rien et le médecin, soudain calmé, lui donna les conseils d’usage pour
ne pas risquer de perdre l’enfant qui avait commencé à grandir dans son sein.
    – Parle à des
femmes qui ont eu des enfants, lui suggéra le docteur Courchesne avant de lui
ouvrir la porte. Elles savent ce que c’est et elles te seront de bon conseil.
    Lorsque
Gabrielle monta dans le boghei, l’averse était terminée et le soleil venait de
reparaître entre les nuages. Germain ne lui demanda pas ce que le médecin avait
diagnostiqué. Il se contenta de saisir les guides et de faire reprendre au
véhicule la route de Saint-Jacques-de-la-Rive.
    Pendant quelques
minutes, Gabrielle ne dit rien. Elle avait encore du mal à assimiler la
nouvelle. Elle était enceinte et allait avoir un enfant, un enfant de lui. Ça
ne lui servait à rien de pleurer sur ce qui était inéluctable.
    Puis, peu à peu, elle
pensa qu’elle pouvait facilement utiliser cette nouvelle pour l’amadouer. En
apprenant qu’il allait être père, peut-être changerait-il de comportement et
accepterait-il de tout recommencer sur des bases nouvelles. Pour sa part, elle
était maintenant prête à tous les sacrifices pour connaître une vie familiale
normale.
    – Je suis en
famille, déclara-t-elle tout à trac à celui qui conduisait le boghei. J’espère
que t’es content ?
    Germain Fournier
ne tourna même pas la tête vers elle et ne dit rien. Sa satisfaction en
apprenant la nouvelle ne se manifesta que par un mince sourire qui apparut, durant
un bref moment, sur son visage.

Chapitre 29
Des changements
    De
mémoire d’habitant de Saint-Jacques-de-la-Rive, on ne se souvenait pas d’avoir
connu un mois d’octobre aussi doux. On aurait dit que l’été ne voulait pas
mourir pour céder la place à l’automne. Pour la première fois depuis très
longtemps, les parures éclatantes des érables refusaient de quitter les
branches pour venir joncher le sol. Les rouges, les jaunes, les ors et les
orangés étaient aussi vivants en cette fin de troisième semaine d’octobre qu’à
leur apparition en septembre.
    Dans les champs, des
vols de mouettes s’abattaient bruyamment derrière les laboureurs occupés à
retourner la terre avant les premiers gels. Souvent, le ciel était obscurci par
des formations serrées d’outardes à la recherche d’un plan d’eau pour y passer
la nuit. Les champs étaient maintenant dénudés. Même la récolte de sarrasin
avait été fauchée et envoyée au moulin d e La Visitation. N’eût été de ces quelques signes, on aurait pu croire que Dieu
avait oublié d’envoyer la saison qui permettait de faire la transition entre l’été
et l’hiver.
    – C’est un
vrai péché de dé ménager dans la cuisine d’hiver avec une température
pareille, avait déclaré Thérèse, trois semaines auparavant. On est tellement
bien.
    – Rêve pas, lui
avait dit Eugène. Un beau matin, on va se lever et les champs vont être blancs
de gelée.
    Le
mardi matin, Agathe Cournoyer traversa lentement le rang Saint-Edmond avant de
s’engouffrer dans l’église de Saint-Jacques-de-la-Rive pour la messe de sept
heures, célébrée cette semaine-là par le curé Lussier. Comme une poignée de
vieux paroissiens, elle se levait tôt le matin et préférait assister à cette
messe plutôt qu’à celle de huit heures. Une demi-heure plus tôt, elle avait
entendu Hortense Dagenais quitter la maison pour aller préparer le déjeuner des
deux prêtres au presbytère.
    En pénétrant dans
l’église, la vieille dame salua Joseph Groleau, le bedeau, qui venait de
déverrouiller la porte et elle alla prendre place dans le banc qu’elle occupait
maintenant chaque matin de la semaine depuis qu’elle ne travaillait plus. En
attendant le début de la cérémonie, elle tira son chapelet de sa bourse et, les
yeux fermés, se mit à en égrener les ave en bougeant à peine les lèvres.
    À un certain moment, Agathe fut tirée de sa
récitation du chapelet par des chuchotements dans l’église. Levant les yeux, elle
s’aperçut qu’il était près de sept heures dix et que l’officiant n’était pas
encore apparu.
    –  Je
pense que monsieur le curé a oublié de se lever,

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