Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
pourrait s’y livrer tranquillement à ses pensées, ou plutôt les combattre.
    Il se trompait pourtant ; car, comme il se promenait, les mains enveloppées dans son manteau et son chapeau rabattu sur les yeux, il se vit tout à coup aborder par sir Mungo Malagrowther, qui, évitant les autres ou évité lui-même par eux, avait volontairement ou par force battu en retraite vers la partie du parc la moins fréquentée, que lord Glenvarloch avait aussi choisie pour sa promenade.
    Nigel tressaillit en entendant la voix aigre, sonore et perçante du chevalier, et il fut encore plus alarmé quand il vit son grand corps maigre accourir vers lui en boitant. Il était enveloppé d’un manteau montrant la corde, et sur la surface duquel mille taches formaient une bigarrure sur l’écarlate, qui en était la couleur primitive. Sa tête était presque cachée sous un vieux bonnet de castor entouré d’une bande de velours noir au lieu de chaîne, et surmonté d’une plume de chapon en guise de plume d’autruche.
    Lord Glenvarloch aurait volontiers pris la fuite ; mais, comme le disent les vers que nous avons mis en tête de ce chapitre, un lièvre a peu de chances pour échapper à la poursuite d’un lévrier expérimenté. Sir Mungo, pour continuer la métaphore, avait appris depuis longtemps à courre sus, et était certain de forcer le gibier qu’il poursuivait. Nigel se trouva donc obligé de s’arrêter, et de répondre à la question si usée : – Quelles nouvelles aujourd’hui ?
    – Rien d’extraordinaire, je crois, répondit le jeune lord en essayant de passer outre.
    – Oh ! vous allez à l’Ordinaire français ? dit sir Mungo ; mais il est encore de bonne heure, et nous avons le temps de faire un tour de parc. Cela vous aiguisera l’appétit.
    En disant ces mots, il glissa son bras sous celui de sa victime, malgré toute la résistance que la politesse permit à Nigel de faire ; et, se trouvant ainsi maître de sa prise, il s’avança en la remorquant.
    Nigel resta sérieux et taciturne, dans l’espoir de se débarrasser de son désagréable compagnon ; mais sir Mungo avait décidé que, si le jeune lord ne parlait pas, du moins il entendrait parler.
    – Vous allez probablement dîner à l’Ordinaire, milord ? C’est on ne peut mieux ; on y trouve une compagnie d’élite, parfaitement choisie, à ce qu’on m’a assuré. C’est sans doute une société telle qu’on doit désirer que tous les jeunes gens de qualité en fréquentent. – Votre digne père aurait certainement été ravi de vous y voir.
    – Je crois, dit lord Glenvarloch, se croyant obligé de dire quelque chose, que la compagnie y est aussi bonne que celle qu’on trouve en général dans tous les endroits dont on ne peut fermer la porte à ceux qui viennent y dépenser leur argent.
    – C’est vrai, milord, très-vrai, répliqua son persécuteur avec un éclat de rire bruyant et discordant. Ces boutiquiers, ces manans de citadins ne demandent qu’à se glisser parmi nous, s’ils trouvent seulement une porte entr’ouverte. Et quel remède y a-t-il à cela ? Je n’en vois qu’un seul, c’est de leur gagner l’argent qui leur donne tant d’impudence. Tondez-les de près, milord ; brûlez-leur le poil, comme une cuisinière fait au rat qui se laisse prendre, et je vous réponds qu’ils n’y reviendront plus de long-temps. Oui, oui, je vous le répète, il faut les plumer ; et les chapons lardés n’oseront plus prendre un vol si élevé au milieu des autours et des éperviers.
    Et, tout en parlant ainsi, sir Mungo fixait sur Nigel ses yeux gris, vifs et perçans, cherchant à voir l’effet que produirait son sarcasme, comme un chirurgien, dans une opération délicate, suit les progrès de son scalpel anatomique.
    Quoique Nigel désirât cacher ses sensations, il ne put priver celui qui le tourmentait du plaisir de voir ce qu’il souffrait dans cette opération morale. Il rougit de colère et d’indignation ; mais il comprit qu’une querelle avec sir Mungo Malagrowther ne ferait que le rendre souverainement ridicule, et il se borna à murmurer à demi-voix ces mots : – Fat impertinent ! et, pour cette fois, la surdité ne l’empêcha pas de les entendre ; mais il en détourna l’application.
    – Oui, sans doute, sans doute, c’est la vérité ; ce sont de fats impertinens de se montrer ainsi dans la société de gens qui valent mieux qu’eux, s’écria le caustique courtisan. –

Weitere Kostenlose Bücher