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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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entendre, s’écria lord Glenvarloch, que je suis ce lâche, cette ame vile et sordide, cet homme qui craint les joueurs habiles et qui ne joue qu’avec les ignorans ; qui évite de jouer avec ses égaux pour mieux piller ses inférieurs ? Dois-je comprendre que tels sont les bruits qu’on fait courir sur moi ?
    – Vous ne gagnerez rien, milord, à le prendre si haut, dit sir Mungo, qui, indépendamment de ce que son humeur caustique était soutenue par un courage naturel, comptait pleinement sur les immunités que lui avaient assurées l’épée de sir Rullion Rattray et le bâton des satellites employés par lady Cockpen. – Et au fond, continua-t-il, Votre Seigneurie sait si elle a jamais perdu plus de cinq pièces d’or en une séance, depuis qu’elle fréquente l’Ordinaire de Beaujeu, si vous n’en êtes pas ordinairement sorti en gagnant, et si les braves jeunes gens qui s’y trouvent, je parle de ceux que leur rang et leur fortune distinguent des autres, sont dans l’habitude de jouer de cette manière.
    – Mon père avait raison ! s’écria lord Glenvarloch, dans l’amertume de son cœur, et c’est avec justice que sa malédiction m’a suivi lorsque j’ai mis le pied pour la première fois dans cet endroit. L’air y est souillé, et celui dont la fortune reste intacte y perd son honneur et sa réputation.
    Sir Mungo Malagrowther, qui épiait tous les mouvemens de sa victime avec l’œil satisfait d’un pêcheur expérimenté, vit alors que s’il tirait la ligne trop brusquement, il courrait le risque de voir le fil se rompre. De peur donc de perdre sa proie, il protesta que lord Glenvarloch ne devait pas prendre sa franchise en mauvaise part. – Si vous êtes un peu circonspect dans vos amusemens, milord, ajouta-t-il, on ne peut nier que ce ne soit le meilleur moyen pour ne pas mettre en plus grand danger votre fortune, déjà dilapidée ; et si vous jouez avec vos inférieurs, vous n’avez pas le désagrément de mettre en poche l’argent de vos amis et de vos égaux. D’ailleurs les coquins de plébéiens qui vous cèdent la victoire ont l’avantage tecum certasse {78} , comme dit Ajax Telamonius apud Metamorphoseos. Avoir joué avec un noble écossais, c’est pour des gens comme eux une compensation honnête et suffisante de la perte de leur enjeu ; perte que la plupart de ces manans sont bien en état de supporter.
    – Quoi qu’il en soit, sir Mungo, je voudrais bien savoir…
    – Bon, bon ! À quoi bon s’inquiéter si ces bœufs gras de Basan sont en état ou non de supporter leur perte ? Des hommes de condition ne doivent pas limiter leur jeu par égard pour une pareille canaille.
    – Je vous dis, sir Mungo, que je voudrais savoir dans quelle compagnie vous avez entendu tenir des propos si offensans pour moi.
    – Sans doute, milord, sans doute ; j’ai toujours entendu dire, et déclaré moi-même que Votre Seigneurie voit en particulier la meilleure compagnie possible. Il y a la belle comtesse de Blackchester… – Mais je crois qu’elle ne se montre guère en publie depuis son affaire avec Sa Grâce le duc de Buckingham, – et puis le brave noble écossais de la vieille cour, lord Huntinglen : on ne peut nier que ce ne soit un homme de la première qualité ; c’est dommage que le vin lui monte si facilement à la tête, ce qui ne laisse pas de nuire un peu à sa réputation. – Et ce jeune lord Dalgarno, cet élégant courtisan qui porte toute la prudence des cheveux gris sous des boucles qui auraient charmé l’œil d’une maîtresse. C’est une belle race ! Père, fille et fils, tous sont de la même honorable famille. Je crois que nous n’avons pas besoin de parler de George Heriot, le brave et honnête homme, puisque nous nous occupons de la noblesse. Telle est la compagnie que j’ai entendu dire que vous fréquentez milord, sans parler de celle que vous trouvez à l’Ordinaire.
    – Il est vrai que mes connaissances ne s’étendent guère au-delà du cercle dont vous venez de parler ; mais pour couper court…
    – La cour, milord, c’est précisément ce que j’allais vous dire. Lord Dalgarno dit qu’il ne peut vous déterminer à venir à la cour, et cela vous est préjudiciable ; le roi entend les autres parler de vous, quand il devrait vous voir en personne. Je vous parle d’amitié, milord. Il y a quelques jours, votre nom ayant été prononcé dans le cercle de Sa Majesté, je l’entendis s’écrier : – Jacta

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