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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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profane, dans lequel il ne pouvait songer sans frémir qu’il allait chercher un asile, son pas se ralentit involontairement ; les marches à demi brisées d’un vieil escalier lui rappelèrent le facilis descensus Averni, et il hésita un moment encore, ne sachant s’il ne valait pas mieux braver tout ce qui pourrait lui arriver en restant publiquement au milieu d’hommes d’honneur, que d’échapper au châtiment en se renfermant avec des misérables souillés de vices et de débauches.
    Comme il restait indécis, il vit venir à lui un jeune étudiant du Temple, qu’il avait vu fréquemment à l’Ordinaire de Beaujeu, et avec lequel il avait causé plusieurs fois. Ce jeune homme y allait assez souvent, et y était toujours bien reçu, attendu qu’il était passablement pourvu d’argent ; il passait dans les spectacles et dans les autres endroits publics le temps que son père supposait qu’il employait à étudier la jurisprudence. Mais Reginald Lowestoffe, tel était le nom du jeune étudiant du Temple, pensait que la connaissance des lois n’était pas bien nécessaire pour le mettre en état de dépenser le revenu des terres qui lui appartiendraient après la mort de son père, et par conséquent il ne se mettait guère en peine d’en acquérir davantage que ce que l’air qu’il respirait dans les régions savantes où il avait élu domicile pouvait lui en communiquer. Du reste, c’était un des beaux esprits du Temple ; il lisait Ovide et Martial, visait à se faire une réputation par la vivacité de ses reparties, et par des jeux de mots quelquefois cherchés un peu loin ; il dansait, faisait des armes, était adroit au tennis, et jouait quelques airs sur le violon et sur la trompette, ce qui ne contrariait pas peu le vieil avocat Barratter, dont l’appartement était au-dessous du sien.
    Tel était Reginald Lowestoffe, vif, alerte, et connaissant parfaitement la ville. Il s’approcha de lord Glenvarloch, le salua par son nom et son titre, pour lui demander s’il avait dessein d’aller ce jour-là chez le chevalier de Beaujeu, ajoutant qu’il était près de midi, et que le faisan serait sur la table avant qu’ils y fussent arrivés.
    – Je n’y vais pas aujourd’hui, répondit lord Glenvarloch.
    – Et où allez-vous donc, milord ? demanda le jeune étudiant, qui n’aurait pas été fâché d’être remarqué dans les rues avec un lord, quoique ce ne fut qu’un lord écossais.
    – Je… je…, dit Nigel, qui désirait profiter des connaissances locales de ce jeune homme, mais qui éprouvait de la honte et de la répugnance à lui avouer son intention de se réfugier dans un asile si peu honorable, et à lui apprendre la situation dans laquelle il se trouvait ; – j’ai quelque curiosité de voir Whitefriars.
    – Quoi ! Votre Seigneurie a la fantaisie de faire un tour en Alsace ; je vous y accompagnerai, milord ; vous ne pouvez avoir un meilleur guide que moi dans les régions infernales. Je vous promets que vous trouverez de bon vin, et pour le boire de bons compagnons, quoique un peu souffrans des rigueurs de la fortune. Mais Votre Seigneurie me pardonnera si je lui dis qu’il n’est personne de notre connaissance à qui j’eusse supposé moins qu’à elle le projet d’un tel voyage de découvertes.
    – Je vous remercie, maître Lowestoffe, de la bonne opinion que vous me témoignez en me faisant cette observation ; mais les circonstances où je me trouve me mettent dans la nécessité de passer un jour ou deux dans ce sanctuaire.
    – En vérité ? s’écria Lowestoffe du ton de la plus grande surprise. Je croyais que Votre Seigneurie avait toujours eu soin de ne risquer aucun enjeu considérable. Je vous demande pardon, mais si les dés se sont trouvés perfides, je connais assez les lois pour savoir qu’un pair ne peut être arrêté ; et si vous n’éprouvez que le manque d’argent, il est plus facile de s’en passer partout ailleurs qu’à Whitefriars, où la pauvreté est telle, qu’on se dévore les uns les autres.
    – Mon infortune n’a aucun rapport au manque d’argent.
    – Je suppose donc, milord, que vous avez joué du bâton pointu, et que vous avez fait une boutonnière à votre homme. En ce cas, et avec une bourse raisonnablement garnie, vous pouvez rester perdu dans Whitefriars un an si bon vous semble. Mais à propos, il faut que vous soyez reçu comme membre de l’honorable comparution, et investi des franchises de la

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