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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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bourgeoisie d’Alsace, sans quoi vous n’y trouverez ni paix ni sûreté.
    – Ma faute n’est pas aussi grave que vous paraissez le croire, maître Lowestoffe ; j’ai frappé du plat de mon épée un gentilhomme dans le parc : voilà tout.
    – De par ma main droite ! milord, vous auriez mieux fait de la lui passer au travers du corps à Barns-Elms. Frapper dans l’enceinte et la juridiction de la cour ! Vous avez sur les bras une affaire bien difficile, milord ; surtout si votre adversaire a du crédit.
    – Je ne vous cacherai rien, maître Lowestoffe, puisque j’ai déjà été si loin. Celui que j’ai traité de cette manière est lord Dalgarno, que vous avez vu chez Beaujeu.
    – Un seigneur de la suite du duc de Buckingham ! et un de ses favoris ! c’est un événement très-fâcheux, milord. Mais j’ai le cœur anglais, et je ne puis supporter de voir un jeune lord écrasé sous le crédit d’ennemis puissans, comme il est vraisemblable que vous le serez si nous n’y mettons ordre. D’abord la situation de vos affaires ne nous permet pas de causer ainsi en public. Les étudians du Temple ne souffriraient pas qu’aucun huissier mît à exécution un mandat d’arrêt dans leur enceinte, s’il ne s’agissait que d’un duel ; mais, dans une affaire telle que celle qui a eu lieu entre lord Dalgarno et vous, il pourrait se faire que les uns fussent pour vous et les autres contre. Il faut donc que vous veniez sur-le-champ dans mon humble appartement, ici près, et que vous fassiez quelques changements à votre costume avant d’entrer dans le sanctuaire, sans quoi toute la Canaille de Whitefriars tomberait sur vous comme des corbeaux se jettent sur le faucon qui se hasarde au milieu d’eux. Il faut que vous preniez des vêtemens un peu plus semblables à ceux des naturels d’Alsace, ou vous ne trouveriez pas à y vivre.
    Tout en parlant ainsi, il conduisait lord Glenvarloch dans son appartement, où il avait une jolie bibliothèque remplie de tous les poèmes et de toutes les pièces de théâtre alors en vogue. Lowestoffe envoya un jeune homme qui lui servait de domestique chercher une couple de plats chez le traiteur voisin : – Ce sera le dîner de Votre Seigneurie, dit-il à Nigel, avec un verre de vieux vin des Canaries, dont ma grand’mère m’a envoyé une douzaine de bouteilles, que Dieu l’en récompense ! en me recommandant de le prendre avec du petit-lait clarifié quand je me trouverai échauffé par trop d’application à l’étude. Morbleu ! nous en boirons à la santé de la bonne vieille femme, si tel est le bon plaisir de Votre Seigneurie, et vous verrez comme nous autres pauvres étudians nous vivons au Temple.
    Dès que le dîner fut arrivé, la porte extérieure de l’appartement fut fermée à la clef et aux verroux, et le page de l’étudiant reçut ordre d’y veiller et de ne laisser entrer personne. Lowestoffe pressa le jeune lord de partager ce qu’il lui offrait, et se mit à prêcher d’exemple. Ses manières franches et cordiales, quoiqu’elles fussent loin de l’aisance d’un courtisan, tel par exemple que lord Dalgarno, étaient faites pour produire une impression favorable ; et lord Glenvarloch, quoique la perfidie de son ami prétendu lui eût donné de l’expérience et lui eût appris à ne pas croire trop légèrement à des protestations d’amitié, ne put s’empêcher de témoigner sa reconnaissance au jeune étudiant, qui se montrait si attentif à tous ses besoins, et qui prenait tant d’intérêt à sa sûreté.
    – Ne parlez pas de reconnaissance, milord, dit Lowestoffe ; l’obligation que vous m’avez n’est pas grande. Sans doute j’aime à me rendre utile à tout homme bien né qui a quelques motifs pour chanter : – Ô Fortune ennemie ! – et je me fais un honneur tout particulier de servir Votre Seigneurie ; mais pour dire la vérité, j’ai aussi une vieille dette à payer à lord Dalgarno.
    – Et puis-je vous demander à quelle occasion, maître Lowestoffe ? dit lord Glenvarloch.
    – Oh ! milord, c’est la suite d’un petit événement qui arriva à l’Ordinaire il y a environ trois semaines, un soir, après que vous en étiez parti. – Du moins je crois que vous n’y étiez plus, car Votre Seigneurie nous quittait toujours avant qu’on se fût échauffé au jeu. – Je n’entends pas vous offenser, milord : vous savez que c’était votre coutume. – Nous faisions une partie de gleek {84}

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