Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
jusqu’à mon dernier sou ; maudit soit-il ! j’ai fait ainsi banqueroute en amour, en fortune et en probité en peu de temps ; tout cela, grâce à vous, mère la Nuit.
    – Ne me donnez pas d’autre nom que le mien, mon cher Jin Vin, reprit Ursule d’un ton qui tenait de la colère et de l’ironie, ne vous y fiez pas. Je ne suis pas une sainte, mais une pauvre pécheresse qui n’a pas plus de patience qu’il ne lui en faut pour se conduire à travers les croix de ce bas monde. Si je vous ai nui par de mauvais conseils, j’y remédierai par de bons avis. – Quant à l’argent qui vous manque, voici une bourse verte qui contient de quoi arranger cette affaire, et nous engagerons le vieux Crospath le tailleur à prendre patience.
    – La mère, parlez-vous sérieusement ? s’écria Jin Vin qui en croyait à peine ses yeux et ses oreilles.
    – Oui, reprit la dame Ursule, oui ; et m’appellerez-vous encore la mère la Nuit maintenant, Jin Vin ?
    – Mère la Nuit ! s’écria Jenkin en embrassant la dame dans son transport, et lui donnant sur la joue un baiser bien appliqué qui fit autant de bruit qu’un coup de pistolet et qui fut reçu de bon cœur ; – mère le Jour, plutôt, car vous m’avez tiré des ténèbres ; – mère plus chère à mon cœur que celle qui me porta dans son sein ! car l’autre pauvre femme n’a fait que me mettre dans un monde de tribulations et de péchés, tandis que c’est à votre secours que je dois mon salut.
    Et le bon jeune homme retomba dans sa chaise, en passant la main sur ses yeux.
    – Vous ne songez donc plus à me faire courir le Skimmington, dit Ursule, ou, à me conduire à Bridewell au bruit des chaudrons, en marchant vous-même en tête du cortège ?
    – J’aimerais mieux être conduit moi-même à Tyburn, répondit le jeune homme repentant.
    – Allons, eh bien ! montrez-vous un homme, essuyez vos larmes ; et si vous êtes content de moi, je vous dirai comment vous pourrez reconnaître ce que j’ai fait pour vous.
    – Comment ! dit Jenkin Vincent, en se redressant dans sa chaise, vous voulez donc exiger de moi quelque service en retour de votre bienfait ?
    – Oui certes, dit dame Ursule ; car vous saurez que quoique je sois charmée de vous remettre en équilibre par le moyen de cette somme, elle ne m’appartient pas ; elle a été placée dans mes mains pour trouver un fidèle agent pour certaine affaire. Ainsi donc… – Mais qu’avez-vous ? – Êtes-vous fou de vous fâcher parce que vous ne pouvez avoir une bourse d’or pour rien ? – Où diable l’argent vient-il à ce prix ? Je n’en ai jamais trouvé dans le milieu d’un chemin, je vous assure.
    – Non, non, dame Ursule, dit le pauvre Jenkin, ce n’est pas cela ; car, voyez-vous, j’aimerais mieux manger mes mains jusqu’aux poignets, que de… – Mais… – et il s’arrêta à ce mot.
    – Mais quoi ? demanda Ursule : vous voulez gagner par votre travail ce qui vous manque ; et quand je vous en offre les moyens, vous me regardez comme le diable regarde Lincoln !
    – Vous avez tort de me parler du diable, la mère, continua Jenkin, c’était à lui que je pensais ; car, voyez-vous, je suis dans cette passe où l’on dit qu’il apparaît aux pauvres gens sans ressource, et leur offre de l’argent pour acheter leur ame. Mais voici deux jours que je me fortifie dans la pensée de souffrir honte et douleur plutôt que de me tirer de mon embarras par quelques nouveaux méfaits. Ainsi prenez garde, dame Ursule, de ne pas me tenter de rompre mes bonnes résolutions.
    – Je ne cherche pas à vous tenter, jeune homme, répondit Ursule ; et puisque je vois que vous êtes trop entêté pour être sage, je vais mettre ma bourse dans ma poche, et chercher quelqu’un qui acceptera mes offres avec plus de reconnaissance. Vous pouvez faire tout ce que bon vous semblera, – ruiner votre père, perdre votre réputation, et dire adieu pour toujours à Marguerite.
    – Arrêtez, arrêtez, dit Jenkin. Cette femme est aussi pressée qu’un boulanger qui voit son four trop chaud. Apprenez-moi d’abord ce que vous exigez de moi.
    – Il ne s’agit que de tirer d’embarras un gentilhomme distingué par son rang et sa fortune, et de le conduire en secret jusqu’à l’île des Chiens, ou de ces côtés-là, afin qu’il puisse rester caché jusqu’à ce qu’il passe à l’étranger. Je sais que tu connais toute la côte de la rivière aussi bien

Weitere Kostenlose Bücher