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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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trouvait, il arriva que la situation de son compagnon de prison l’occupa plus que la sienne. Il ne pouvait se rendre compte de cet écart de l’imagination, mais il lui était impossible de s’en défendre. Les accens touchans d’une des voix les plus douces qu’il eût jamais entendues retentissaient à son oreille, quoique le sommeil parût alors avoir enchaîné la langue qui produisait cette mélodie. Il s’approcha sur le bout des pieds pour s’en assurer : les plis du manteau cachaient entièrement la partie inférieure de la figure de l’enfant ; mais le bonnet, qui était tombé un peu de côté, lui permit de voir son front sillonné de veines bleues, ses yeux garnis de longs cils et qui semblaient fermés par le sommeil.
    – Pauvre enfant, se dit Nigel, tes yeux sont encore humides des larmes que tu as versées avant de t’endormir. Le chagrin est un cruel compagnon pour un être aussi jeune et aussi délicat que toi. Goûte un paisible repos ; je n’en troublerai pas la douceur : mes propres infortunes réclament mon attention, et c’est d’elles que je dois m’occuper.
    Malgré tous ses efforts, il était distrait, à chaque tour qu’il faisait dans sa chambre, par des conjectures qui toutes avaient rapport au jeune homme endormi plutôt qu’à lui-même. Il se tourmentait et s’irritait, se reprochait l’intérêt opiniâtre qu’il prenait aux affaires d’une personne dont il n’avait jamais entendu parler avant ce moment, et qui peut-être servait d’espion à ceux qui étaient chargés de sa garde ; mais le charme ne pouvait être détruit, et les pensées qu’il cherchait à éloigner continuaient à le poursuivre.
    Après qu’une demi-heure au moins se fût écoulée de cette manière, le bruit discordant des serrures se fit entendre de nouveau, et le garde annonça qu’un homme désirait parler à lord Glenvarloch. – Un homme me parler, dans la situation où je me trouve ! qui peut-il être ? Et John Christie, son hôte du quai Saint-Paul, termina ses doutes en entrant dans son appartement. – Soyez le bien-venu, mon digne hôte, dit lord Glenvarloch. Comment pouvais-je m’attendre à vous voir dans le logement resserré qu’on m’a donné ? Et en même temps, avec la franchise d’une vieille amitié, il s’avança vers Christie ; mais John se retira en arrière comme à la vue d’un serpent.
    – Gardez vos politesses pour vous, milord, dit-il brusquement ; j’en ai déjà eu tant, que cela me suffit pour toute ma vie.
    – Hé bien ! maître Christie, qu’est-ce que cela veut dire ? J’espère que je ne vous ai pas offensé ?
    – Ne m’interrogez pas, milord, dit Christie avec la même brusquerie. Je suis un homme pacifique, je ne suis pas venu ici pour disputer avec vous dans un tel lieu et dans un pareil moment. Apprenez que je connais à fond tout ce que je dois à la noblesse de Votre Honneur ; ainsi dites-moi en aussi peu de mots que vous le pourrez où est la malheureuse femme ; qu’en avez-vous fait ?
    – Ce que j’en ai fait ? reprit lord Glenvarloch. Et de qui ? je ne sais ce que vous voulez dire.
    – Oh ! oui, milord, répliqua Christie, jouez la surprise tant qu’il vous plaira : vous devez deviner que je parle de la pauvre folle qui était ma femme avant de devenir la maîtresse de Votre Seigneurie.
    – Votre femme ! – est-ce que votre femme vous a quitté ? et dans ce cas venez-vous la réclamer de moi ?
    – Oui, milord ; quelque singulier que cela paraisse, répondit Christie avec une ironie amère et une sorte de sourire qui formait un contraste sauvage avec la décomposition de ses traits, ses yeux étincelans, et l’écume qui sortait de sa bouche ; je viens présenter cette demande à Votre Seigneurie. Vous êtes étonné, sans doute, que je me donne cette peine ; mais tout ce que je puis vous dire, c’est que les grands et les petits pensent différemment. Elle a reposé sur mon sein et bu dans ma coupe, et, quels que soient ses torts, je ne puis l’oublier. Si je ne veux plus la revoir, il ne faut pas pour cela qu’elle meure de faim, milord, ou qu’elle fasse pire encore pour gagner son pain, quoique Votre Seigneurie puisse penser que je prive le public en tâchant de corriger ses dispositions.
    – Par ma foi de chrétien et mon honneur de gentilhomme ! dit lord Glenvarloch, s’il est arrivé quelque malheur à votre femme, j’y suis entièrement étranger. Dieu veuille que vous soyez

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