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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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plusieurs questions au garde qui était resté pour mettre l’appartement en ordre ; mais cet homme avait pris l’esprit de sa charge. Tantôt il paraissait ne pas comprendre les questions du prisonnier, quoiqu’elles fussent du genre le plus ordinaire, ou bien il s’abstenait d’y répondre ; et lorsqu’il parlait, c’était d’un ton boudeur et laconique, qui, sans être positivement insolent, suffisait pour ne pas encourager un plus long entretien.
    Nigel le laissa donc faire son ouvrage en silence, et s’amusa tristement à déchiffrer les noms, les sentences, les vers et les hiéroglyphes dont ses prédécesseurs de captivité avaient couvert les murs de leur prison. Il y vit les noms d’un grand nombre de malheureux oubliés, associés à d’autres dont le souvenir ne pourra s’effacer qu’avec l’histoire d’Angleterre. Les pieuses effusions du zélé catholique, tracées à la veille de sceller à Tyburn sa profession de foi, étaient confondues avec celles de l’inflexible protestant, à la veille d’alimenter les bûchers de Smithfield. La main délicate de l’infortunée Jane Gray, dont la catastrophe devait arracher des larmes aux générations à venir, contrastait avec la main plus hardie qui avait gravé profondément sur les murs l’ours et le bâton brisé, emblème orgueilleux des fiers Dudleys. C’était, comme le registre du prophète, des archives de lamentation et de deuil, où quelquefois étaient consignés les courts épanchemens d’une ame résignée, et des phrases qui exprimaient la plus ferme résolution.
    Pendant que lord Glenvarloch s’occupait tristement à réfléchir sur les malheurs de ceux qui l’avaient précédé dans cette prison, la porte s’ouvrit tout à coup. C’était le garde qui venait l’informer que, par ordre du lieutenant de la Tour, Sa Seigneurie allait avoir avec elle dans sa chambre un camarade de prison, pour lui tenir compagnie. Nigel se hâta de répondre qu’il n’avait pas besoin de société, et qu’il préférait rester seul ; mais le garde lui donna à entendre, avec une sorte de politesse brusque, que le lieutenant savait mieux que personne comment il devait avoir soin de ses prisonniers ; que du reste il n’aurait aucun embarras avec l’enfant, qui était si peu gênant qu’il valait tout au plus la peine d’être renfermé sous clef. – Allons, Giles, cria-t-il, amène l’enfant.
    Un autre garde poussa devant lui l’enfant dans la chambre : ils se retirèrent sans plus tarder ; et la prison retentit du bruit des serrures et des chaînes, ces formidables barrières contre la liberté. L’enfant était vêtu d’un habillement de drap gris très-fin, orné de galons d’argent, et d’un manteau assorti couleur peau de buffle. Son chapeau, qui était un montero de velours noir, lui couvrait les sourcils, et les longues et épaisses boucles de ses cheveux lui cachaient une partie du visage. Il restait à la place où le garde l’avait laissé, à environ deux pas de la porte de l’appartement, les yeux fixés sur la terre, et tremblotant de timidité et d’effroi. Nigel se serait bien passé de société ; mais il n’était pas dans son caractère de voir souffrir quelqu’un sans chercher à le consoler.
    – Prenez courage, mon gentil garçon, dit-il. Nous ne serons sans doute ensemble que pour peu de temps ; du moins j’espère que votre emprisonnement sera de courte durée, car vous êtes trop jeune pour avoir fait quelque chose qui mérite une longue détention. Allons, allons, ne vous découragez pas. Votre main est froide et tremblante ; cependant l’air est chaud, – mais c’est peut-être l’humidité de cette chambre sombre. Approchez-vous du feu. – Quoi ! vous pleurez, mon petit homme ? ne faites donc pas l’enfant ; quoique vous n’ayez pas encore de barbe à déshonorer par vos larmes, vous ne devriez cependant pas pleurer comme une fille. Figurez-vous que vous n’êtes renfermé que pour avoir fait l’école buissonnière, et vous pouvez à coup sûr bien passer un jour ici sans pleurer.
    L’enfant se laissa conduire, et s’assit près du feu ; mais après avoir conservé long-temps la position qu’il avait prise en s’asseyant, il en changea tout à coup pour se tordre les mains avec l’air de la plus amère douleur ; il s’en couvrit ensuite le visage, et pleura tant, que ses larmes coulaient par torrens à travers ses jolis doigts.
    Nigel oublia en quelque sorte la

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