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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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le reste de la soirée, le souvenir de cette femme séduisante, – ou du moins pour ne pas s’arrêter sur cette idée dangereuse, qu’elle était, dans le moment actuel, le seul être vivant qui parût le considérer comme un objet d’affection.
    Il ne put cependant pas réussir à la bannir de ses pensées pendant son sommeil, lorsque, après cette journée fatigante, il se jeta sur sa couche de douleur. – Les traits de Marguerite se mêlèrent aux rêves confus que ces dernières aventures lui avaient créés ; et même, lorsque, se retraçant la scène hideuse que lui avait décrite sir Mungo, son imagination lui représenta le fer brûlant sur sa blessure humiliante, Marguerite restait derrière lui comme un esprit de lumière pour lui verser un baume secourable. Enfin la nature, épuisée par ces scènes fantastiques, força Nigel à s’endormir ; et il dormit si profondément qu’il ne fut éveillé le lendemain matin que par le son d’une voix bien connue, qui avait souvent interrompu son sommeil à peu près à la même heure.

CHAPITRE XXXI.
    « Hé morbleu ! que me fait, monsieur, votre noblesse ?
    « Sous ces babits grossiers, accusés de bassesse,
    « Coule un sang aussi pur que celui qui jadis
    « Anima les Césars ou bien les Sésostris,
    « Lorsque ces conquérans nobles et sanguinaires
    « À l’état de sujets réduisirent leurs frères. »
    Ancienne comédie.
     
    La voix dont nous avons parlé dans notre dernier chapitre n’était autre que la voix grondeuse de Richie Moniplies. Ce brave Écossais, comme toutes les personnes qui ont une haute opinion d’elles-mêmes, aimait beaucoup, lorsqu’il n’avait point d’autre auditeur, à converser avec quelqu’un dont la bonne volonté du moins lui était assurée ; je veux dire avec lui-même. Il était alors à brosser et à arranger les vêtemens de lord Glenvarloch avec autant de sang-froid et de tranquillité que s’il n’avait jamais cessé d’être à son service ; et il marmottait par intervalles : – Ouf ! – Y a-t-il assez de temps que je tiens ce manteau et ce haut-de-chausses ? Je doute que la brosse y ait passé depuis que nous ne nous sommes vus. Aussi la broderie en est joliment éraillée ! – et les boutons d’or ne sont plus au manteau ; en conscience, et aussi vrai que suis honnête homme, il y en a une bonne douzaine de partis ! cela vient des bons tours de l’Alsace. Que la grâce de Dieu nous protège et ne nous abandonne pas à nos propres mouvemens ! Je ne vois pas d’épée ; mais c’est sans doute à cause des circonstances actuelles.
    Pendant quelques momens, Nigel ne put s’empêcher de croire qu’il ne rêvât encore, tant il lui semblait improbable que son domestique l’eût découvert, et eût obtenu accès auprès de lui dans le lieu où il se trouvait. Cependant il regarda à travers les rideaux, et se convainquit du fait en reconnaissant le corps sec et allongé de Richie, dont le visage exprimait deux fois plus d’importance qu’à l’ordinaire, et qui s’occupait à brosser avec soin le manteau de son maître, en s’amusant à siffler ou à fredonner de temps en temps quelque refrain d’une ballade écossaise. Quoique suffisamment convaincu de l’identité de sa personne, lord Glenvarloch ne put s’empêcher d’exprimer sa surprise par cette question inutile : – Aunom du ciel, Richie, est-ce bien vous ?
    – Et quel autre que moi pourrait-ce être milord ? répondit Richie. Je ne présume pas qu’on assiste ici au lever de Votre Seigneurie sans y être obligé par son devoir.
    – Je suis même étonné, répliqua Nigel, que quelqu’un y assiste, et surtout que ce soit vous ; car vous savez que nous nous étions quittés, et je pensais que vous étiez en Écosse depuis long-temps.
    – J’en demande pardon à Votre Seigneurie, mais nous ne sommes pas encore séparés, et nous ne le serons vraisemblablement pas de sitôt ; car il faut que deux personnes soient d’accord pour défaire un marché, comme pour en conclure un. Quoique ce fût le bon plaisir de Votre Seigneurie de mener une conduite qui nous obligeât presque à nous séparer toute réflexion faite, je ne voulais pas m’en aller. Pour parler franchement, si Votre Seigneurie ne sait pas quand elle a un bon serviteur, je sais, moi, quand j’ai un bon maître ; et, à dire vrai, vous serez mieux servi maintenant que jamais, car il n’y a guère de chance pour que vous franchissiez les

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