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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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que, quand même son retour en Écosse ne serait pas pour lui une affaire de choix, c’en serait une de nécessité, ses affaires n’étant pas encore arrangées, et ses revenus étant fort précaires.
    – Et où trouver à la cour l’homme dont les affaires soient arrangées et dont les revenus ne soient pas tout au moins précaires ? s’écria Dalgarno ; on n’y voit que des gens qui perdent ou qui gagnent. Ceux qui ont de la fortune y viennent pour s’en débarrasser ; ceux qui, comme vous et moi, mon cher Glenvarloch, n’en ont que peu ou point du tout, conservent la chance de partager les dépouilles des autres.
    – Je n’ai pas une pareille ambition, répondit Nigel : et, quand je l’aurais, lord Dalgarno, je dois vous dire franchement que je n’ai pas moyen de m’y livrer. À peine puis-je dire que l’habit que je porte m’appartienne ; car je ne rougis pas de vous avouer que c’est à l’amitié de ce bon marchand que je dois l’argent qui m’a servi à le payer.
    – J’ai besoin de me retenir pour ne plus rire, répliqua Dalgarno. Quoi ! avoir emprunté d’un orfèvre de quoi acheter un habit ! je vous aurais fait connaître un honnête tailleur, plein de confiance, qui vous en aurait fait une demi-douzaine, uniquement pour l’amour de ce petit mot lord qui précède votre nom. Alors votre orfèvre, si c’est un véritable ami, vous aurait fourni une bourse remplie de beaux nobles d’or à la rose, qui vous aurait mis en état d’en faire faire trois fois autant ; ou il aurait encore mieux fait pour vous.
    – Je n’entends rien à toutes ces pratiques, milord, dit Nigel en qui le mécontentement l’emportait sur la mauvaise honte. Si jamais je parais à la cour de mon souverain, ce sera quand je pourrai m’y montrer sans recourir à des emprunts et à des ressources secrètes, avec le costume et la suite que mon rang exige.
    – Que mon rang exige ! répéta lord Dalgarno. Sur mon honneur ! je crois entendre parler mon père. Vous aimeriez sans doute à vous présenter à la cour comme lui, suivi d’une vingtaine de vieux habits bleus, à cheveux blancs et à nez rouge, portant des boucliers et des sabres dont leurs mains, que l’âge et les liqueurs fortes ont rendues tremblantes, ne sont plus en état de se servir ; ayant sur le bras, pour montrer quel est le maître qui entretient ce troupeau de fous, des plaques d’argent assez massives pour couvrir d’argenterie tout un buffet ; – des drôles qui ne sont bons qu’à remplir nos antichambres d’une odeur d’ognon et de genièvre ! – pouah !
    – Les pauvres gens ont peut-être servi votre père dans nos guerres. Que deviendraient-ils, s’il les renvoyait ?
    – Ils iraient à l’hôpital, ou ils se tiendraient au bout du pont pour vendre des houssines. Le roi est bien autrement riche que mon père, et cependant c’est ce que vous voyez faire tous les jours à ceux qui l’ont servi dans ses guerres ; sans cela, une fois leur habit bleu usé, ce seraient de fameux épouvantails, – Voyez-vous ce drôle qui avance dans cette allée ? le plus hardi corbeau n’oserait approcher à trois pieds de ce nez de cuivre. Je vous dis qu’il y a plus de service à attendre, comme vous le verrez vous-même, de mon valet de chambre et de mon mauvais sujet de page Lutin, que d’une vingtaine de ces vieux trophées ambulans des guerres de Douglas, dans lesquelles on se coupait la gorge l’un à l’autre dans l’espoir de trouver douze sous d’Écosse sur la personne du mort. Mais, morbleu ! milord, ils savent s’en dédommager aujourd’hui ; chacun d’eux mange comme quatre, et ils boivent de l’ale comme si leur ventre était un poinçon. – Mais la cloche du dîner va sonner. J’entends qu’on lui donne un branle préliminaire pour lui éclaircir son gosier rouillé. C’est encore là un reste bruyant d’antiquité, qui serait bientôt au fond de la Tamise, si j’étais le maître. De par le diable ! n’est-il pas bien intéressant pour ceux qui passent dans le Strand, et pour les artisans qui y demeurent, de savoir que le comte d’Huntinglen va se mettre à table ? – Mais mon père nous regarde ; doublons le pas, il faut que nous arrivions avant les graces {52} ou nous serions en disgrace, si vous me pardonnez un jeu de mots qui aurait fait rire Sa Majesté. Vous nous trouverez tout d’une pièce ; et, accoutumé comme vous l’avez été aux petits plats des pays

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