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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’âge de vingt-deux ou vingt-trois ans, les circonstances avaient privé lord Glenvarloch de toute société avec des jeunes gens. Lorsque la mort subite de son père l’avait forcé à quitter les Pays-Bas pour retourner en Écosse, il s’était trouvé engagé dans un labyrinthe d’affaires judiciaires qui paraissaient inextricables, et qui menaçaient de se terminer par l’aliénation de son patrimoine et la privation des moyens nécessaires pour soutenir son rang. Le deuil qu’il portait dans son cœur, encore plus que sur ses habits, sa fierté blessée, et le chagrin que lui faisait éprouver une infortune inattendue et non méritée, l’incertitude de l’avenir qui s’ouvrait devant lui, tout l’avait engagé à vivre en Écosse dans la retraite et dans l’isolement. Nos lecteurs savent déjà comment il avait passé son temps à Londres ; mais cette vie triste et solitaire ne convenait ni à son âge, ni à son caractère qui était sociable et enjoué. Ce fut donc avec un véritable plaisir qu’il reçut les avances d’un jeune homme de son âge ; et, quand il eut échangé avec lord Dalgarno quelques-unes de ces paroles, quelques-uns de ces signes qui, comme dans la franc-maçonnerie, font reconnaître à deux jeunes gens qu’ils désirent se lier ensemble, on aurait dit que les deux jeunes lords se connaissaient déjà depuis long-temps.
    Pendant que ce commerce tacite s’établissait entre eux, un domestique de lord Huntinglen vint introduire un homme en habit noir, qui le suivait avec une extrême vitesse, relativement à la posture qu’il gardait en marchant ; car le respect qu’il croyait devoir témoigner à la compagnie devant laquelle il allait paraître lui fit pencher le corps parallèlement à l’horizon, dès qu’il put être aperçu.
    – Quel est cet homme ? demanda le comte, qui, malgré sa longue absence d’Écosse, avait conservé le caractère impatient et le bon appétit d’un baron écossais ; – et pourquoi John Cook, que le diable emporte, nous fait-il attendre si long-temps le dîner ?
    – C’est l’écrivain que nous avons mandé, répondit George Heriot, et par conséquent, si c’est un intrus, nous ne pouvons en accuser que nous-mêmes. – Lève donc la tête, André, et regarde-nous en face, en homme qui n’a rien à se reprocher, au lieu de diriger contre nous ta nuque, comme un bélier qui nous menacerait de ses cornes.
    L’écrivain leva la tête sur-le-champ, par un mouvement semblable à celui d’un automate qui obéit tout à coup à l’impulsion d’un ressort caché. Mais, ce qui est bien étrange, ni la hâte avec laquelle il s’était empressé de se rendre aux ordres de maître George pour travailler, comme on le lui avait fait dire, à une affaire pressée et importante, ni même la situation penchée vers la terre, dans laquelle il avait, par humilité, tenu sa tête depuis l’instant où il avait mis le pied sur les domaines du comte d’Huntinglen, n’avaient attiré le moindre coloris sur ses joues. La fatigue faisait couler de son front de grosses gouttes ; mais son visage était encore aussi pâle et aussi blafard qu’auparavant. Ce qui semblait plus étrange encore, c’était que, lorsqu’il eut relevé la tête, on vit ses cheveux tomber au bas de ses oreilles, aussi droits et aussi lisses qu’on les a vus lorsque nous l’avons présenté pour la première fois à nos lecteurs dans sa boutique, tranquillement assis devant son humble bureau.
    Lord Dalgarno ne put tout-à-fait dissimuler un rire étouffé en voyant la figure ridicule et l’espèce de tournure puritaine qui se présentait devant lui comme un squelette décharné, et il dit en même temps à l’oreille de lord Glenvarloch :
    – Te confonde l’enfer, figure de fromage !
    D’où vient cet air d’oison sur ton triste visage {51}  ?
    Nigel connaissait trop peu le théâtre anglais pour comprendre une citation qui était déjà une allusion fréquente dans Londres. Dalgarno vit qu’il ne le comprenait pas, et ajouta : – Ce drôle, à en juger par la mine, doit être un saint ou un coquin hypocrite ; et j’ai si bonne opinion de la nature humaine, que je soupçonne toujours le pire. – Mais ils semblent fort affairés. Ferons-nous un tour de jardin, milord, ou préférez-vous assister à ce grave conclave ?
    – Je vous suivrai bien volontiers, milord, répondit Nigel. Et ils commençaient à s’éloigner quand George Heriot, avec

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