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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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étrangers, je suis presque honteux que vous voyiez nos océans de pain trempé et nos montagnes de bœuf, semblables aux lacs et aux rochers de notre pays. – Mais demain vous ferez meilleure chère. Où logez-vous ? J’irai vous chercher. Je veux être votre guide à travers le désert populeux, pour vous conduire dans un certain pays enchanté que vous découvririez difficilement sans carte et sans pilote. – Où logez-vous ?
    – J’irai vous joindre dans une des ailes de Saint-Paul, à l’heure qu’il vous plaira de m’indiquer, répondit Nigel fort embarrassé.
    – Vous désirez être seul ? Oh ! ne craignez rien, je ne serai pas importun. – Mais nous voici arrivés à ce vaste réservoir de chair, de volaille et de poisson. Je suis toujours surpris que les planches de la table ne fléchissent pas sous le poids.
    Ils venaient effectivement d’entrer dans la salle à manger, où une table plus qu’abondamment servie, et le nombre des domestiques, justifiaient jusqu’à un certain point les sarcasmes de lord Dalgarno. Le chapelain de la famille et sir Mungo Malagrowther faisaient partie de la compagnie. Celui-ci félicita lord Glenvarloch de l’impression qu’il avait faite à la cour.
    – On aurait cru, milord, dit-il, que vous aviez apporté dans votre poche la pomme de discorde, ou que vous étiez le tison qu’Althée enfanta, et qu’elle en était accouchée cette fois-ci dans un baril de poudre ; car le roi, le prince et le duc se sont querellés à cause de vous ; et il en a été de même de bien d’autres qui, avant ce bienheureux jour, ne se doutaient seulement pas que vous existassiez sur la surface de la terre.
    – Sir Mungo, dit le comte, faites attention à ce qui est sur votre assiette, et ne le laissez pas refroidir.
    – L’avis est bon, milord ; car ordinairement les dîners de Votre Seigneurie ne brûlent pas la bouche. Les serviteurs deviennent vieux, de même que nous, milord, et il y a loin de la cuisine à la salle à manger.
    Cette petite explosion de misanthropie caustique fut la seule que sir Mungo se permit pendant tout le cours du repas ; mais quand on eut placé le dessert sur la table, fixant les yeux sur un beau pourpoint neuf que portait lord Dalgarno, il lui fit un compliment sur son économie, prétendant le reconnaître pour celui que le comte son père avait porté à Édimbourg du temps de l’ambassadeur d’Espagne.
    Lord Dalgarno connaissait trop le monde pour s’offenser des sarcasmes lancés par un tel adversaire ; et, tout en cassant ses noix avec l’air du plus grand sang-froid, il répliqua qu’il était bien vrai que ce pourpoint appartenait en quelque sorte à son père, attendu qu’il lui coûterait incessamment cinquante livres. Sir Mungo, avec son obligeance ordinaire, s’empressa d’annoncer au comte cette nouvelle agréable, en lui faisant observer que son fils savait faire un marché mieux que Sa Seigneurie, car, dit-il, il a acheté un pourpoint aussi riche que celui que Votre Seigneurie portait lorsque l’ambassadeur d’Espagne était à Holyrood, et il ne l’a payé que cinquante livres d’Écosse {53} . Ce n’est pas un marché de fou, j’espère.
    – Cinquante livres sterling, s’il vous plaît, sir Mungo, répondit le comte d’un ton calme ; et c’est un marché de fou dans tous les temps du verbe. Dalgarno fut un fou quand il l’acheta ; j’en serai un quand je le paierai ; et, je vous en demande pardon, sir Mungo, vous en êtes un autre in præsenti, en parlant de ce qui ne vous regarde pas.
    Tout en parlant ainsi, le comte s’occupait de l’affaire sérieuse de la table, et faisait circuler les bouteilles avec une rapidité qui augmenta la gaieté des convives, mais qui menaçait leur tempérance. Heureusement on vint annoncer que le scribe avait terminé sa besogne, et George Heriot s’étant levé de table en disant que les verres et les affaires étaient des voisins qui ne se convenaient point, le comte et lord Glenvarloch passèrent avec lui dans un autre appartement où l’écrivain les attendait.
    Le comte lui demanda si l’on avait eu soin de lui donner un verre et une assiette dans l’office ; mais André lui répondit, avec le ton du plus profond respect, qu’à Dieu ne plût qu’il eût pensé à boire ou à manger avant d’avoir fini l’affaire dont Sa Seigneurie l’avait chargé.
    – Il faudra pourtant que tu dînes avant de partir, s’écria le comte ; et je veux que

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