Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
l’échelle pour s’échapper. Le chef de peloton crie des ordres. Les soldats poussent le professeur pour pouvoir aligner Adèle. Dieuleveut trébuche plusieurs fois en arrière, et tombe dans la fameuse machine à bandage. Mais Adèle a allumé le briquet et elle part en courant vers le couloir menant à la salle du tombeau. Elle jette le briquet allumé au sol, juste derrière elle et la nappe noire et visqueuse s’enflamme aussitôt. Les soldats n’osent pas suivre face à ce mur de feu.
Dieuleveut se redresse dans la machine à bandages et hurle, fou de douleur :
— Rattrapez-la !
Mais, en se relevant, l’éminent Professeur Dieuleveut déclanche malencontreusement la machine, et toute la mécanique s’abat sur lui. Il se fait rouler et enrouler à toute vitesse dans des dizaines de bandages bien huilés tandis que les flammes envahissent la salle des soins et que les soldats se ruent vers la sortie en hurlant.
Chapitre 9
La fuite d’Égypte, ou comment s’en sortir avec brio
quand on n’est pas Napoléon…
D ans le couloir menant à la salle des tombeaux, Adèle court comme une folle devant un mur de feu qui gagne de la vitesse. Elle se tord désespérément les poignets pour essayer de se débarrasser de ses liens. C’est un tsunami de flammes qui la poursuit, et là, aucune ruse, aucun coup de genou ne la tirera d’affaire. Comme ce couloir paraît long, même quand on court à toute vitesse pour éviter d’être changé en grillade carbonisée !
Adèle réussit à défaire ses liens à l’instant où elle jaillit dans la salle des tombeaux et elle court à toute allure vers la momie qui se dresse, debout dans son sarcophage.
— Dans mes bras ! crie-t-elle
Et Adèle se jette, bras ouverts sur la Momie. Sous la violence de sa vitesse, le sarcophage dégringole dans le tombeau dont on l’avait tiré, et heurte une petite avancée de pierre qui enclenche un lent mécanisme. Avec l’impact de sa chute, le sarcophage s’est refermé sur Adèle, qui serre la Momie dans ses bras, tandis que le tsunami de feu envahit la salle. C’est l’enfer !
Le mécanisme de la tombe fait basculer doucement le fond du tombeau de pierre. Les flammes ravagent la salle des tombeaux et la chaleur commence à calciner le dessus du sarcophage ! À l’intérieur, Adèle se serre contre la momie. Elle a très chaud… Mais la pente crée par le mécanisme de pierre commence à être suffisante pour que le sarcophage qui les enferme se mette à glisser doucement et à disparaître sous le sol.
Adèle ne voit rien, et c’est particulièrement anxiogène de ne rien voir, tandis que le sarcophage glisse dans une sorte de toboggan de pierre. De plus en plus vite. À l’intérieur, Adèle et la momie sont secouées comme des noix dans un sac. Et soudain le sarcophage, dont le dessus est à moitié calciné, jaillit de cette espèce de tunnel, et se met à dévaler sur une pente rocheuse, dans une immense caverne naturelle. L’endroit est obscur, semé de stalactites. Avec un horrible bruit de bois râpé contre la roche, le sarcophage dégringole, valdingue, rebondit sur les pierres…
Jusqu’à atteindre le bord d’une falaise souterraine…
Il tombe dans le vide !
Il vaut sans doute bien mieux qu’Adèle soit enfermée avec la momie dans ce cercueil, dont la solidité témoigne de l’art, voire du génie, des artisans qui l’ont conçu quelques milliers d’années plus tôt… Car ce cercueil ouvragé tombe dans une rivière qui serpente autour de monstrueuses stalagmites, surplombées de stalactites qui font autant de mâchoires sauvages. Heureusement, le sarcophage flotte, heurtant parfois une stalagmite invisible sous l’eau noire. On aperçoit fugitivement, sur la rive, le cadavre de Setimothep, à moitié enseveli sous les pièces d’or qu’il pensait s’approprier.
Le courant de la rivière prend de l’ampleur, accélère et l’on s’approche avec horreur d’une cascade de plus de cent mètres de haut, qui gronde dans l’immense caverne.
Le cercueil qui emporte Adèle et la momie dévale l’immense mur d’eau et finit par percuter lourdement la surface bouillonnante. Tout autour du bassin inférieur, où grondent des milliers de mètres cube d’eau qui dégringolent depuis des millénaires, de très anciens temples inconnus sont creusés à même la roche. Mais pas le temps de visiter ces énigmes historiques qui passionneraient plus d’un savant et
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