Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
Adèle aussi, sans doute, si elle pouvait les voir… Le sarcophage est très vite aspiré par un tourbillon monstrueux, un siphon géant qui entraîne toute cette eau vers le centre de la terre. Et le cercueil d’Adèle et de la momie tourne, tourne, puis disparaît dans le tumulte… Avalé…
Est-ce la fin d’Adèle ? Cela paraît impossible. Pourtant, pendant toute cette incroyable descente, on n’a pas entendu un cri. Peut-être avait-elle déjà étouffé dans ce cercueil ouvragé, couché sur une momie qui n’est pas forcément le matelas le plus aseptique du monde… Et avec le traitement subi par le sarcophage, ce qui reste de ses occupants doit être réduit en charpie… Pour la momie, c’est sans doute une habitude, mais pour notre héroïne, finir ainsi, avalée par une nappe souterraine…
Un peu plus loin, au grand jour brûlant de l’Égypte, le Nil éternel serpente doucement entre les montagnes ocre. Poussée par une petite brise, une felouque remonte paisiblement le courant paresseux, et son occupant a jeté une ligne pour pêcher dans le fleuve nourricier. Un morceau de liège flotte à la surface boueuse d’alluvions. Le marin regarde son bouchon qui s’agite. Ça mord ! Le bouchon disparaît !
Et d’un seul coup, venant du fond du fleuve, le sarcophage apparaît à la surface, bondissant comme un énorme bouchon. Le cercueil millénaire est très abîmé, noirci, presque méconnaissable. Le marin ouvre de grands yeux incrédules. Le sarcophage brûlé et râpé finit par se stabiliser dans les eaux paresseuses du grand fleuve. Le pêcheur est aussi impressionné que s’il voyait remonter des fonds la barque royale de Néfertiti. Et soudain le couvercle du sarcophage se soulève, sous la poussée des deux mains d’Adèle.
Un nuage de poussière et de chaleur intense s’élève aussitôt de cette étrange embarcation. Adèle se redresse. Elle n’a plus très fière allure, après tant de secousses et un tel traitement, mais elle a gardé son sourire énigmatique. Elle se penche vers la momie :
— Pardonnez-moi cette intimité soudaine, alors que nous nous sommes à peine présentés ! Adèle Blanc-Sec. Enchantée…
Elle regarde autour d’elle et croise le regard du marin Égyptien, abasourdi par ce que qu’il voit, Adèle assise dans son sarcophage comme dans une pirogue, et qui prend l’air le plus naturel possible pour s’adresser à lui.
— Excusez-moi mon brave ! Le Caire ?
Sur sa felouque, le pécheur Égyptien ouvre des yeux aussi grands que la mâchoire qu’il n’arrive pas refermer. Il finit par tendre la main vers le Sud, derrière lui…
— Merci, dit Adèle avec le sourire le plus large qu’on ne lui a jamais encore vu.
Elle attrape l’un des deux bâtons royaux qui reposent sur la momie et commence à ramer dans le sens du courant, ce qui aide quelque peu. Dans le lointain, derrière la crête des montagnes, une épaisse colonne de fumée noire monte dans le ciel…
Cette fumée s’échappe du puits qui mène à la tombe où Adèle a failli laisser la vie. Les soldats Égyptiens regagnent la surface en toussant, portant Dieuleveut saucissonné sous vingt couches de bandelettes qui prouvent que l’ancienne science funéraire des maîtres de l’Égypte n’était pas de la petite bière !
Ils posent délicatement l’irascible savant sur une table d’opération improvisée. Il a peine à gesticuler et à se faire entendre, bien évidemment, couvert qu’il est de ses bandelettes de trois mille ans d’âge, bien serrées et à moitié calcinées.
Le médecin militaire Égyptien et son équipe, affairés autour de lui, finissent par lui dégager la tête et le buste.
Dieuleveut, au bord de la suffocation, avale une grande bouffée d’air. Il est extatique, fou d’une rage incommensurable ! Il a du mal à se reprendre, mais il parvient à articuler, de plus en plus fort, d’une voix broyée :
— Je la tuerai ! Je la tuerai !
Le médecin lui colle une sorte de masque respiratoire sur la figure, tandis qu’un aide, un peu ahuri, pompe le mécanisme pneumatique qui alimente le masque.
— Calmez-vous, Professeur, dit le médecin. Allez ! respirez ! respirez !
Chapitre 10
Là où il fait encore nuit,
Choupard est complètement gris…
— S oufflez ! Allez-y, soufflez ! ordonne Caponi, penché sur Ferdinand Choupard assis sur une chaise dans le commissariat.
Le pauvre Choupard est gris, dans tous
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