Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Vous en aurez besoin ! En attendant, pouvez-vous m’expliquer pourquoi une grande journaliste comme vous se retrouve ainsi à piller des tombes ?
    — Je ne pille pas… j’emprunte ! rétorque Adèle.
    Le savant la regarde en se demandant si elle le prend vraiment pour un crétin.
    — Bien sûr ! Vous comptiez juste faire un petit tour avec, histoire de lui faire prendre l’air ?
    — Patmosis est professeur de médecine, docteur personnel de Ramsès II. Le plus grand praticien que l’Égypte ancienne ait connu et son savoir n’a pas de limites, et justement… j’ai besoin de son savoir.
    — Pour guérir l’humanité ? rétorque Dieuleveut, d’un ton hautain et méprisant.
    — Non, juste ma sœur, répond Adèle dont la voix se voile soudain de quelque chose qui ressemble à du chagrin.
    — Oh !… voilà une émotion bien touchante, se moque Dieuleveut, mais vous a-t-il effleuré l’esprit que votre docteur en médecine était mort ?
    Adèle regarde l’éminent professeur droit dans les yeux, un air de défi total affiché sur son visage, empreint d’un certain mépris pour cette larve immonde qui va détruire tous ses projets.
    — J’avais noté, merci, dit-elle sèchement.
    — Et comment comptiez-vous le ramener à la vie ? poursuit l’éminent savant.
    Il a l’air très fier de sa victoire et peut-être aussi de pouvoir humilier cette belle jeune aventurière. Un petit coq prétentieux avec une tête affreuse à voir. Comment se sortir de ses griffes ? se demande notre héroïne.
    Elle sort alors le livre du Professeur Espérandieu de sa poche et le brandit devant les yeux de Dieuleveut : « Y-a-t-il une vie après la mort ? »
    — Grâce aux travaux du professeur Espérandieu !
    Dieuleveut éclate de rire.
    — Ce vieux fou d’Espérandieu ! C’est à peine s’il arrive à faire tourner une chaise ! Croyez-moi, rigole de bon cœur ce nabot inquiétant, il sera mort avant d’avoir pu réveiller cette vieille momie !
    Il s’empare du livre que tenait Adèle et le jette dans le puits sans fond où Setimohtep a disparu.
    — Surveillez votre langage, Dieuleveut ! s’insurge Adèle. D’après ce livre, les momies entendent très bien tout ce qu’on dit et supportent très mal qu’on leur manque de respect !
    — Houuu ! Vous m’apeurez ! Après le « Monstre des Glaces », voici le « Zombie des Sables ! » Et attention : il a mauvais caractère !
    Dieuleveut éclate à nouveau de rire. Mais un je-ne-sais-quoi fait sonner son rire un peu faux. Peut-être est-ce lié à l’atmosphère religieuse millénaire dont est empreint ce tombeau. Ou à un doute qui l’envahit et qu’il refuse de considérer.
    — Ah, ma chère Adèle, je dois vous avouer que je suis l’un de vos plus fervents lecteurs, mais là, votre histoire est de loin la plus ridicule que vous nous ayez contée !
    La jeune femme soupire. Est-il possible que ce nabot fasse échouer ainsi toute son entreprise ?
    Dieuleveut arrête de rire d’un seul coup. Et il change radicalement de ton. Fini l’air pseudo mondain et les sarcasmes. Il va passer aux choses sérieuses.
    — Embarquez-la, dit-il à ses hommes.
     
    On force Aziz à suivre Adèle et, du bout du fusil, on les dirige vers le couloir qui les ramène à la salle des soins.
    — Tu as trouvé la sortie ? chuchote Adèle.
    — J’ai fait tous les murs, j’ai rien trouvé, murmure Aziz, effrayé et plus que déçu.
    — Si c’est pas sur les côtés, alors c’est au centre.
    — Mais il n’y a que la tombe au centre !
    — Eh bien voilà. Tu as trouvé !
    Aziz est perplexe. Un garde le pousse et le sépare d’Adèle.
     
    Resté en arrière, le professeur Dieuleveut s’approche de la momie et la regarde avec un sourire narquois. Mais la momie a soudain une vertèbre qui craque et sa tête part un peu en avant. Le savant sursaute, mais heureusement personne n’a vu sa soudaine frayeur. Pas très rassuré, en fait, il quitte la pièce à la suite du cortège des soldats qui emmènent Adèle, Aziz et leurs hommes.

Chapitre 8
    Ou comment Adèle fait face
à un peloton d’exécution pour la première
(et on l’espère dernière) fois
de sa (brillante) carrière…
    L a première chose que font les soldats en pénétrant dans la salle des soins, c’est de séparer Aziz d’Adèle. Le jeune Égyptien est regroupé avec les autres hommes de main vers l’échelle menant au puits qui les conduira à la