Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
gigote un peu en bredouillant.
— Hein ? Oui ! Bien sûr ! Tout de suite !
Et il se rendort aussi sec.
Avant de se poser, le ptérodactyle lâche Espérandieu juste au-dessus de son nid, puis il atterrit en douceur juste à côté. Le vieux Professeur, encore à moitié ligoté, s’est affalé dans les branchages. Il marmonne des choses incompréhensibles, face à une totale incompréhension de ce qui lui arrive.
Adèle descend de sa monture préhistorique et enroule son boa tout autour du cou du reptile volant.
— Tiens, dit-elle en souriant, je te laisse mon coco. Tu l’as bien mérité !
L’animal a l’air satisfait de ce présent.
— Y’a quelqu’un ? Où sommes nous ? En… enfer, c’est ça ? fait la voix étouffée d’Espérandieu sous son sac de toile noire épaisse.
Zborowsky s’est précipité et il aide Adèle à relever le Professeur. Ils lui détachent les mains et lui ôtent le sac qui l’aveuglait. Espérandieu ouvre de grands yeux en voyant notre héroïne.
— Adèle ? Mais, comment est-ce possible ?
Nelson vient se coucher entre les pattes de son nouvel ami, enfin de retour. À les regarder comme ça, on dirait que le saurien volant raconte ses dernières aventures à son copain le canidé.
Adèle désigne le ptérodactyle.
— C’est lui qui vous a sauvé, dit-elle. Vous lui avez donné la vie, c’était bien normal qu’il sauve la vôtre !
Espérandieu en a les larmes aux yeux. À cet instant, le Professeur Ménard sort d’un taillis, dans tous ses états.
— Zborowsky ! Que se passe-t-il ? Et qui sont ces…
Ménard s’interrompt en reconnaissant le célèbre vieux Professeur.
— Espérandieu ?
— Ménard !! fait Espérandieu tout content.
— Par tous les Saints ! mais par quel miracle ?
— Ménard-ce-vieux-renard ! plaisante Espérandieu.
Et les deux hommes se tombent dans les bras.
Mais caché dans les fourrés qui bordent cette espèce de clairière bien abritée des regards, Saint-Hubert glisse la gueule noire de son long fusil de chasse entre deux branches et colle son œil dans la lunette. Il vise le ptérodactyle, bien tranquille dans son nid, avec Nelson qui grignote un vieil os. Mais les deux éminents professeurs sont pile dans la trajectoire. Saint-Hubert peste.
— Oui, eh bien, bouge-toi, le renard ! Aujourd’hui c’est un autre gibier qui m’intéresse !
Ménard-le-vieux-renard, interroge Espérandieu.
— Mais comment diable êtes-vous arrivés jusqu’ici ?
— Oh, c’est une longue histoire !
Adèle, sentant qu’il va la raconter à son vieil ami, s’interpose immédiatement.
— Oui ! Eh bien vous la raconterez plus tard ! Cet hiver peut-être, devant un bon chocolat ! En attendant on a une momie à réveiller et une jeune fille sauver !
Ménard et Zborowsky sont perplexes. Ils la fixent, avec des mouvements de sourcils inquisiteurs.
— Je plaisante, bien sûr, fait Adèle avec des sourires complètement faux.
— Ah ? dit Espérandieu… Oui ! Elle plaisante !
Adèle le prend par le bras.
— Et vous, vous devez être fatigué après un tel voyage ?
— Oui, répète le vieux Professeur, je suis très fatigué.
— Et vous aimeriez bien rentrer chez vous ?
— Et je ferais mieux de rentrer chez moi !
— Je vous raccompagne ! lance Adèle d’un ton jovial particulièrement bien fabriqué.
Et elle l’entraîne vers les fourrés pour quitter les lieux, mais Espérandieu l’arrête une seconde et se tourne vers le directeur du Muséum.
— Ménard ? Veillez bien sur lui, dit Espérandieu en désignant le ptérodactyle d’un mouvement du menton. Malgré son grand âge, il est encore tout jeune !
— Je l’ai déjà veillé quand il était dans l’œuf, répond Ménard en souriant d’un air compréhensif et ému. Allez, faites-moi confiance, je m’en occuperai comme de mon propre poussin !
— Merci, lui dit Espérandieu, tremblant d’émotion, de fatigue, de soulagement et d’incertitude.
Ce qui fait beaucoup pour un homme de cet âge.
Adèle l’entraîne vers la lisière de cette petite clairière. Elle marche droit dans la direction de… Saint-Hubert et son fusil !
— Attention, le petit oiseau va sortir, murmure Saint-Hubert pour lui-même, le doigt sur la détente, bien planqué dans son buisson comme le terrible chasseur qu’il est.
Pas si habile, en fait, car Adèle remarque tout à coup une petite
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