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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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ordonné d’écrire :
    Noir au-dessus de l’abîme  4
    Noirceur signifie absence de lumière. Où pouvait-il y avoir de la
lumière, s’il y en avait, ailleurs qu’au-dessus, surplombante et rayonnante ? Et où il n’y a pas encore de lumière, la présence du noir signifie
l’absence de lumière. Au-dessus, il n’y avait pas de lumière, le noir étaitdonc au-dessus. Quand il n’y a pas de bruit, c’est le silence. Et un lieu
silencieux est un lieu sans bruit.
    Seigneur, tu as appris cela à l’âme qui se confie à toi.
    Seigneur, tu m’as aussi appris qu’avant même d’avoir donné une
forme et des signes distinctifs à cette matière informe, il n’y avait rien,
ni couleur ni figure ni corps ni esprit. Or ce n’était pas totalement rien.
Mais quelque chose d’informe sans apparence aucune.
    4.
    Comment nommer cela autrement que par des mots courants pour
en donner une vague idée aux esprits lents ?
    Dans toutes les parties du monde, quels autres mots que terre et
abîme se rapprochent le plus d’une absence totale de forme ? D’un rang
inférieur, leur apparence ne vaut pas celle des êtres supérieurs, lumineux et éclatants. Pourquoi ne pas accepter que les mots terre invisible
et inorganisée puissent facilement désigner aux hommes cette matière
informe, faite sans apparence pour en faire un monde d’apparences ?
    5.
    La pensée cherche comment parvenir à une expression sensible. Ce
n’est pas là une forme intelligible, se dit-elle. Comme la vie, la justice. Il
s’agit de la matière des corps. Et ce n’est pas une forme sensible. On ne
peut rien voir ni percevoir de ce qui est invisible et inorganisé. Mais
dans cet effort de formulation, la pensée humaine n’aura d’autre choix
que de comprendre sans savoir ou de savoir sans comprendre.
    6.
    Moi, Seigneur, je voudrais tout t’avouer, oralement et par écrit, ce
que tu m’as appris de cette matière.
    Avant j’entendais son nom sans rien comprendre. Ceux qui m’en parlaient n’y comprenaient rien non plus, d’ailleurs. Je ne l’imaginais pas
comme elle était mais sous d’innombrables aspects différents. L’esprit
désordonné, perdu dans des formes horribles et repoussantes (mais
malgré tout des formes). J’appelais informe non pas une absence de
forme mais des formes telles que si elles m’apparaissaient, leur aspect
insolite et absurde répugnait mes sens et effrayait mon humanité
infirme. Dans mon imagination, une chose était informe non parce
qu’elle n’avait pas de forme mais par comparaison avec de plus belles
formes. En toute logique, j’aurais dû m’abstraire de toute référence àune forme quelconque pour me représenter quelque chose de totalement informe. J’en étais bien incapable. J’avais plus vite fait de penser
qu’une chose privée de toute forme n’existait pas que d’imaginer une
chose entre le néant et la forme – ni forme ni néant mais informe et
proche du néant.
    À ce stade, mon intelligence a cessé d’avoir recours à mon imagination, pleine d’images de formes corporelles qu’elle pouvait librement
modifier et diversifier. J’ai fixé mon attention sur les corps eux-mêmes.
Pour observer minutieusement leur capacité à se transformer, à quitter
ce qu’ils avaient été et devenir ce qu’ils n’étaient pas. Je soupçonnais
que ce passage d’une forme à une autre se produisait par quelque chose
d’informe et non dans un néant total. Mais je voulais savoir et pas me
contenter de soupçonner.
    Si je dois tout t’avouer, oralement et par écrit, de la façon dont tu as
éclairci pour moi cette question, quel lecteur aura la patience de comprendre ?
    Mon cœur n’arrêtera pas de t’honorer et de chanter ta louange précisément en raison de ce qu’il ne parvient pas à dire.
    L’inconstance des choses inconstantes est cette capacité même de
toutes les transformations des choses inconstantes.
    Mais de quoi s’agit-il exactement ? d’un esprit ? d’un corps ? d’une
forme d’esprit ou de corps ? S’il était possible de dire : un rien quelque
chose ou un être non-être, c’est ce que je dirais. Pourtant il doit bien s’agir
d’un être quelconque pour prendre ces formes visibles et composées.
    7.
    Mais d’où venait cet être quelconque s’il ne venait pas de toi d’où
viennent toutes les choses pour autant qu’elles sont ? Plus elles sont différentes, plus elles sont loin de toi, et ce n’est pas une simple question
de

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