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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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J’ai cru tes livres. Les violents mystères de leurs paroles.
    11.
    D’une voix forte, Seigneur, tu as déjà dit à mon oreille intérieure que
tu es éternel. Le seul à avoir l’immortalité.
    Tu ne changes ni de forme ni de mouvement. Ta volonté ne varie pas
en fonction du temps. Une volonté qui change n’est pas immortelle.
Sous ton regard, cette vérité est claire pour moi. De plus en plus claire.
Je t’en supplie, sous ta protection, je veux rester sur cette évidence.
    Et d’une voix forte, Seigneur, tu as dit aussi à mon oreille intérieure :
toutes les natures et toutes les substances ne sont ce que tu es et pourtant elles sont.
    Tu les as faites. Seul n’est pas de toi ce qui n’est pas. Et le mouvement
d’une volonté qui s’éloigne de toi, qui es, vers ce qui est moins, est un
mouvement criminel, une faute. Or aucune faute ne te nuit et ne
trouble l’ordre de ton empire, haut ou bas. Sous ton regard, cette vérité
est claire pour moi. De plus en plus claire. Je t’en supplie, sous ta protection, je veux rester sur cette évidence.
    12.
    Et d’une voix forte, tu as dit aussi à mon oreille intérieure : cette créature ne partage pas non plus ton éternité.
    Tu es son seul plaisir. Elle s’abreuve à toi, pureté ininterrompue, et
jamais nulle part ne trahit la moindre inconstance. Pour elle, tu es toujours présent. Elle tient à toi de tout son amour. Pas de futur à attendre.
Ni souvenir d’un passé traversé. Aucun changement, aucune dispersion
temporelle.
    Bonheur, si elle existe, collée à ton bonheur.
    Bonheur : tu es son hôte éternel, son illumination.
    Et je ne trouve rien d’autre qui mériterait davantage selon moi
l’appellation ciel de ciel du Seigneur que ta maison qui contemple tes
plaisirs sans céder à la fuite vers un ailleurs.
    Pure intelligence. Unité harmonieuse. Paix stable des saints esprits,
citoyens de ta cité dans les cieux au-dessus de notre ciel.
    13.
    L’âme comprendra. L’âme qui aura fait son lointain voyage. Elle a
soif de toi. Elle mange ses larmes quand on lui demande chaque jour :
où est ton Dieu ? Elle te demande et cherche une seule chose : habiter
ta maison tous les jours de sa vie.
    Sa vie ? c’est toi.
    Tes jours ? c’est ton éternité, tes années sans fin. Tu es toujours le
même.
    Oui l’âme comprendra. L’âme en est capable. Tu es éternel au-dessus
de tous les temps. Elle, c’est ta maison. Son voyage ne l’a pas éloignée
de toi. Et même si elle ne partage pas ton éternité, elle ne souffred’aucun changement temporel – indéfectiblement et irrémédiablement
collée à toi.
    Sous ton regard, cette vérité est claire pour moi. De plus en plus
claire. Je t’en supplie, protège-moi, je veux rester sur cette évidence.
    14.
    Les mutations de ces toutes petites choses inférieures mettent en jeu
je ne sais quoi d’informe. Mais à moins d’un cœur vide, errant et perdu
dans ses fantasmes, qui peut bien me dire, une fois que toute forme
serait détruite et passée, au point que les choses changeraient et se
transformeraient dans une absence totale de formes, ce qui pourrait
subsister des successions temporelles ? C’est parfaitement impossible.
Pas de changement, pas de temps. Pas de changement, pas de formes.
    15.
    Ceci considéré, dans la mesure où tu me l’accordes, mon Dieu, où tu
m’excites pour frapper à ta porte et où tu m’ouvres si je frappe, je trouve
bien deux choses que tu as faites privées de temporalité. Et aucune des
deux ne partage ton éternité. Mais l’une est ainsi faite qu’elle jouit de façon
ininterrompue de ton éternité et de ta parfaite constance, pure contemplation, sans interruption ni changement, et sans mouvement tout en étant
mobile. Et l’autre est informe au point de ne pouvoir se transformer,
mobile ou immobile, ce qui l’aurait soumise au temps. Mais précisément,
tu ne l’as pas laissée sans forme. Avant même de faire le moindre jour, tu
as fait au commencement le ciel et la terre – les deux choses dont je viens
de parler. La terre était invisible et inorganisée. Noir au-dessus de l’abîme.
Ces paroles présentent cet état informe comme une chose acceptable pour
ceux qui seraient incapables d’imaginer qu’une absence absolue de forme
ne soit pourtant pas rien. État informe à l’origine de l’autre ciel et de la
terre visible et organisée, de la beauté des eaux, et de toute la suite racontée de ce qui a constitué ce monde.

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