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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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que vient lécher l’esprit
famélique. Et si fatigués d’être affamés, ils disaient : qui nous fera voir
le bonheur ? Qu’ils nous entendent alors répondre : Seigneur, nous
sommes marqués de la lumière de ton visage. Nous ne sommes pas la
lumière qui donne à tout homme la lumière, mais notre lumière vient
de toi. Pour que, jadis ayant été noirceur, nous soyons lumière avec toi.
Oh, s’ils pouvaient voir l’éternité intérieure. Moi, pour y avoir goûté, je
grinçais des dents, impuissant à la leur montrer. Même s’ils m’apportaient ce cœur extérieur, loin de toi, dans leurs yeux, et s’ils disaient :
qui nous fera voir le bonheur ? Oui, même là, j’avais cette colère contre
moi, dans la chambre intime où le remords m’avait blessé, où je m’étaissacrifié en tuant ma vieille humanité, et j’avais mis tout mon espoir en
toi dans la pensée balbutiante de ma régénération. À l’endroit même
des commencements de ta douceur et de la propagation de ta joie dans
mon cœur. Oh mes cris. Je reconnaissais en moi ce que je lisais hors de
moi. Je ne voulais plus me démultiplier dans les biens terrestres, dévorant le temps et dévoré par le temps. Dans la simplicité des choses éternelles, j’avais un blé, un vin, une huile tout autres.
    11.
    Mon cri au verset suivant. Un cri arraché à mon cœur.
    Oh, dans la paix. Oh, dans l’être lui-même.
    Oh, qu’a-t-il dit ?
    Je m’endormirai. Je ferai un rêve.
    Oui, qui nous résistera quand se fera la parole qui est écrite : la mort
est absorbée par la victoire ? L’être lui-même, c’est toi forcément. Qui
ne changes pas. Repos dans lequel s’oublient tous les efforts. Personne
n’est comme toi. Et il n’y a pas beaucoup d’autres choses à obtenir qui
ne sont pas ce que tu es. Toi seul, Seigneur, tu m’as installé personnellement dans l’espoir. Je lisais. Je brûlais. Mais je ne trouvais pas quoi
faire avec ces sourds et ces morts, ce que j’avais été moi-même, peste,
aboyeur acariâtre et aveugle, en guerre contre les écritures pleines de
miel, du miel des cieux, et de la lumière de ta lumière. Et je me liquéfiais devant les ennemis de ces écritures.
    12.
    Comment pourrai-je tout me rappeler de ces jours de vacances ?
Mais je n’ai pas tout oublié, et je ne cacherai ni la violence de ton fouet
ni l’étonnante rapidité de ton amour. À cette époque, tu me torturais
d’une rage de dents. Elle s’aggrava au point de me priver de l’usage de
la parole. J’eus alors l’idée de demander à tous les miens qui étaient présents de t’adresser des prières pour moi – Dieu qui sauve de tout. Je l’ai
écrit sur une tablette que je leur ai donné à lire. Et aussitôt que noussommes tombés genoux à terre, en signe de notre supplication, et la
douleur a disparu. Mais quelle douleur ? Comment a-t-elle disparu ? Je
fus épouvanté, je l’avoue, mon Dieu, mon Dieu. Je n’avais jamais fait
une telle expérience de ma vie. Tu t’es alors fait reconnaître de moi,
dans les profondeurs. Heureux dans la confiance, j’ai loué ton nom.
Mais cette confiance ne me donnait aucune assurance quant à mes
fautes passées que ton baptême n’avait pas encore effacées.
    13.
    La saison des vendanges finie, j’ai rendu publique ma démission. Les
Milanais devraient trouver à leurs élèves un autre marchand de discours. J’avais choisi de te servir, et de plus, avec des difficultés à respirer et une douleur de la poitrine, je n’aurais pu poursuivre ma carrière.
J’ai alors fait part dans une lettre à ton champion, le saint homme
Ambroise, de mes erreurs passées et de mon vœu présent. Je lui ai
demandé ce que je devais lire de préférence dans tes livres pour être le
mieux préparé et le plus apte pour recevoir une si grande grâce. Son
conseil : le prophète Isaïe. Parce qu’il annonce, j’imagine, plus ouvertement que tous les autres, l’évangile et la vocation des païens. Mais je
n’ai rien compris à ma première lecture. J’ai cru que tout le livre était
comme ça. J’attendrais pour le reprendre d’avoir pratiqué davantage le
langage du Seigneur.
    14.
    Vint le temps de m’inscrire au baptême. Nous avons alors quitté la
campagne pour Milan. Alypius décida lui aussi de renaître en toi avec
moi. Il avait déjà l’humilité qu’il faut pour tes mystères. Il dominait
férocement son corps au point d’écraser de ses pieds nus le sol glacé de
l’Italie.

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