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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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Étrange audace. S’est joint à nous le jeune Adéodat, né de ma
chair et de ma faute. Tu l’avais bien fait. À quinze ans à peine, il dépassait en intelligence beaucoup d’hommes sérieux et instruits.
    Je témoigne devant toi : ce sont tes dons, Seigneur mon Dieu, créateur de tout et puissant au point de donner une forme à nos déformations. Car à part mon crime, il n’y avait rien de moi dans cet enfant.
Nous l’avions nourri de ton enseignement, mais c’est toi qui nous l’avais
inspiré, et personne d’autre.
    Je témoigne devant toi : ce sont tes dons. Dans un de mes livres, L’Enseignant , Adéodat  5 lui-même dialogue avec moi. Tu sais que toutes
les pensées que je prête dans ce livre au personnage de mon interlocuteur sont bien les siennes. Il avait alors seize ans. J’ai pu observer chez
lui beaucoup d’autres choses plus étonnantes encore. Son intelligence
m’horrifiait. Qui d’autre que toi aurait pu être l’ouvrier de ces
miracles ? Très vite, tu l’as arraché de la vie sur terre. Je me souviens
maintenant de lui avec confiance, sans avoir plus jamais peur ni pour
son enfance ni pour son adolescence ni pour toute sa vie d’homme.
Nous l’avons pris avec nous (il avait le même âge que nous dans ta
grâce) pour l’éduquer dans ton enseignement.
    Nous avons été baptisés et l’inquiétude pour notre vie passée nous a
quittés. Tous ces jours, je n’étais jamais rassasié de l’étonnante douceur
qu’il y avait à contempler la profondeur de ton plan pour sauver l’humanité. J’ai pleuré à tes hymnes, à tes cantiques, aux accents suaves des voix
bouleversantes et pénétrantes de ton assemblée. Ces voix se répandaient
dans mes oreilles. La vérité se diffusait dans mon cœur d’où jaillissaient
de pieuses émotions qui me tiraient des larmes bienfaisantes.
    15.
    Depuis peu, l’assemblée de Milan pratiquait ce genre de consolations
et d’encouragements : des frères chantaient ensemble passionnément, en
unissant leurs voix et leurs cœurs. Depuis un an, pas beaucoup plus, Justine, mère du jeune roi Valentinien, séduite par l’hérésie des Ariens, persécutait ton homme, Ambroise. Le peuple fidèle passait la nuit dans
l’église, prêt à mourir avec son évêque, ton serviteur. Ma mère était parmi
eux. Ton esclave. Parmi les premiers, inquiète et vigilante. Elle vivait de
prières. Et nous, encore froids loin de la chaleur de ton esprit, étions néanmoins troublés par la frayeur et l’agitation de la cité. On a alors chanté des
hymnes et des psaumes, selon la coutume orientale, pour ne pas dépérir
d’ennui et de chagrin. Cette institution est toujours d’actualité. Imitée par
beaucoup, presque toutes tes ouailles, et dans le reste du monde.
    16.
    Vers cette époque, tu as révélé dans une vision à ton champion, que
j’ai déjà mentionné, le lieu où se trouvaient les corps des martyrs Protais
et Gervais. Pendant des années, tu les avais cachés et préservés dans le trésor de ton secret pour les en retirer au moment voulu et contenir une
femme enragée, reine de surcroît. En effet, une fois les corps découverts
et exhumés, on les a transférés solennellement à la basilique d’Ambroise.
C’est alors que des hommes possédés par des esprits immondes ont recouvré la santé, et les démons eux-mêmes sont passé aux aveux. Bien plus, un
aveugle depuis plusieurs années, citoyen très connu dans la cité, alors que
la foule bruyante exprimait sa joie, en demanda la raison. En apprenant ce
qui se passait, il a bondi et ordonné à son guide de le conduire. Arrivé sur
place, il est autorisé à s’approcher et à toucher avec son mouchoir le cercueil de tes saints dont la mort est précieuse à tes yeux. Ce qu’il a fait. Puis
il a porté le tissu à ses yeux qui aussitôt se sont ouverts.
    Le bruit se répand. On te loue avec ferveur et éclat. Et l’ennemie
célèbre, si elle ne s’est pas appliquée à croire dans la raison, a néanmoins mis un terme à sa persécution délirante.
    Merci, mon Dieu. Mais par où et vers où as-tu conduit mon souvenir
pour que je t’avoue ce que j’avais oublié, passé sous silence, malgré
l’importance des faits ? Alors que s’exhalait l’odeur de tes parfums,
nous ne courions pas après toi. Et je pleurais maintenant davantage au
chant de tes hymnes, depuis longtemps j’ai soupiré après toi, je respirais enfin – oh le vent passe bien dans une maison de

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