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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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quel genre de problèmes les jeunes prétendants avaient affaire. Cependant, nombre d’entre eux n’auraient pas admis ne serait-ce que l’idée de chercher une chambre.
    Un autre ancien du Park se remémore : « À BP s’étaient nouées tout un tas de relations amoureuses durables […] La section s’arrangeait pour en tenir compte au moment de constituer les équipes […] car il était difficile d’“avoir une liaison” avec quelqu’un qui ne faisait pas les mêmes horaires. » De même, si une histoire commençait à battre de l’aile, « il était préférable de remanier les équipes. Dans l’ensemble, le système fonctionnait très bien. »
    La jeune Mimi Gallilee pouvait elle aussi observer les idylles dans tout le Park, mais elle exprime succinctement toute l’innocence qui était de mise à l’époque : « Il y avait plein de mariages. Aussi d’autres liaisons, ajoute-t-elle, dont on n’était pas au courant. »

20
1943 : une relation très spéciale
    L’idée qu’une relation étroite s’est nouée entre la Grande-Bretagne et les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale va de soi dans le paysage politique britannique. Ils nous ont donné les outils et nous avons achevé la mission. Nous avons compensé un manque de ressources matérielles par un courage à toute épreuve qui a fait l’admiration de l’oncle Sam et créé un lien entre les deux puissantes nations qui demeure solide aujourd’hui encore. Cette image a la vie dure. On estime que la guerre a irrévocablement modifié les relations entre les deux pays, passant d’une méfiance de part et d’autre à un respect mutuel.
    Aux dires de plusieurs historiens ayant récemment publié des études sur le sujet, c’était cependant loin d’être le cas en plein cœur de la guerre et la situation n’était pas aussi simple. Walter Reed estime que si les relations entre Churchill et Roosevelt étaient solides, c’était plutôt l’inverse entre les conseillers militaires et les ministres. Pour Reed, le Congrès et le Trésor américain se sont montrés très méfiants vis-à-vis de la Grande-Bretagne pendant la guerre. Selon l’historien Michael Howard :
     
    La bonhomie de Roosevelt venait du fait qu’il considérait, astucieusement, que l’on ne pouvait laisser la Grande-Bretagne perdre la guerre. Il jugeait qu’ensuite, une fois les Américains contraints de sortir d’une neutralité qu’ils auraient préféré conserver, il fallait lui faire plaisir jusqu’à ce que les États-Unis soient suffisamment forts pour prendre les commandes de la guerre et la mener à sa convenance. Il avait besoin de l’aide de Churchill pour vaincre le dégoût viscéral des Britanniques solidement ancré au sein de ses élites militaires et politiques. Ironie de la chose, Churchill y est tellement bien parvenu qu’aujourd’hui, il est bien plus emblématique aux États-Unis que Roosevelt.
     
    On retrouvait certaines de ces tensions dans les rouages de Bletchley Park, mais à une échelle moindre, aussi bien avant décembre 1941, moment où les États-Unis sont entrés en guerre, qu’après. Certains soupçonnent encore aujourd’hui Bletchley Park d’avoir découvert début décembre 1941, grâce aux messages déchiffrés, l’imminence d’une attaque japonaise sur Pearl Harbor, et Churchill de ne pas avoir transmis l’information afin d’être certain que le bombardement aurait bien lieu et, qu’en réponse, les Américains entreraient en guerre. Mais, même en 1940, plus d’un an avant que les États-Unis ne rejoignent le conflit, les deux pays étaient, au mieux, frileux sur le sujet du partage des informations issues du renseignement. Si le besoin de coopération cryptographique entre les deux pays allait de soi, l’ampleur de cette coopération devint vite une cause de rancune. Selon l’histoire officielle de Bletchley : « Dans les archives britanniques, il n’y a aucune donnée de quelque importance qui n’ait pas été accessible aux Américains. » Néanmoins, le simple fait qu’une telle méfiance puisse naître est révélateur. Et, dès le départ, les relations entre Bletchley et le renseignement américain furent loin d’être simples.
    En décembre 1940, tout juste un an avant que les États-Unis n’entrent en guerre, la Grande-Bretagne et les États-Unis signèrent un accord à Washington portant sur un échange total d’informations technologiques sur les codes allemands, italiens

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