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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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et japonais. Un mois plus tard, une petite délégation de cryptographes américains (deux de l’armée de terre et deux de la marine) traversa par bateau l’Atlantique pour voir de leurs yeux le fonctionnement de Bletchley.
    Accueillis sur le quai à leur arrivée par le directeur adjoint de l’époque, Edward Travis, et par le colonel Tiltman, ils furent ensuite conduits à Bletchley, où ils rencontrèrent Alistair Denniston à minuit. L’assistante de Denniston, Barbara Abernethy raconte :
     
    Je n’avais jamais vu d’Américains auparavant, sauf dans les films. Je les ai simplement abondamment servis en sherry. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’ils faisaient là. On ne me l’a pas dit. Mais ils parlaient tous à voix basse avec enthousiasme. Je n’entendais pas ce qu’ils disaient, mais on m’a bien dit de ne rien révéler de la teneur de leurs propos. Je pense que la relation des Américains avec Bletchley n’était pas de notoriété publique. Comprenez bien que c’était avant Pearl Harbor. À se stade, Roosevelt ne disait sans doute pas à tout le monde qu’ils allaient nouer des relations.
    Pendant les semaines que la délégation américaine passa en Angleterre, ils logèrent au manoir de Shenley Park, situé non loin. Ils visitèrent Bletchley Park, mais également les stations de suivi des U-Boote et les stations radar. L’un des points d’orgue de leur visite fut leur intérêt pour le démantèlement des codes japonais. L’élégant Écossais Hugh Foss, aux côtés d’Oliver Strachey, avait violé la machine japonaise des codes diplomatiques en 1934. En outre, le colonel Tiltman avait craqué les codes militaires japonais dès 1933, et les nouveaux codes de son armée de terre en 1938. Ce genre d’expertise devait bien entendu intéresser les Américains, qui avaient surveillé de près les Japonais.
    Pendant ce temps, en 1940, les Américains étaient parvenus à fabriquer leur propre machine cryptographique, baptisée « Purple ». Les cryptographes américains en apportèrent un exemplaire en Angleterre, qu’ils présentèrent à Bletchley Park. Les cryptanalystes britanniques et américains s’entendirent merveilleusement bien, dans une atmosphère de respect mutuel et d’excitation.
    Quelques semaines seulement après leur visite, ces relations cordiales commencèrent à se dégrader, car certains Américains estimaient que les Britanniques n’avaient pas rendu la pareille après le cadeau inestimable de la machine Purple. Peu importait si Bletchley Park avait envoyé aux Américains des documents détaillés sur Enigma et le craquage associé et même une partie des notes d’Alan Turing sur le sujet. Ce que les Américains voulaient, c’était une bombe cryptographique. Et les services de renseignement britanniques, ainsi qu’Alistair Denniston, étaient décidés à ne leur en fournir aucune.
    À première vue, cela ressemblait à un curieux rejet. Pourquoi un allié n’aurait-il pas totalement accès à une technologie susceptible d’aider sur l’ensemble des théâtres d’opération ? S’agissait-il simplement, comme le soupçonnaient les cryptographes américains, d’une possessivité empreinte de jalousie de la part de Bletchley Park ? Était-ce un symptôme de l’obsession maladive de l’institution pour la conservation d’un contrôle absolu ?
    À moins que les Britanniques aient éprouvé une certaine peur. Certains ont suggéré que Bletchley Park rechignait absolument à laisser les Américains s’approcher des bombes cryptographiques car, jusqu’alors, ils avaient montré des signes de laxisme en matière de sécurité. Le raisonnement était que s’ils se procuraient la technologie britannique, il planerait toujours la perspective peu réjouissante de voir un agent ennemi des États-Unis finir par comprendre ce qu’ils faisaient et avertir l’Allemagne.
    N’oublions pas non plus qu’en 1940 il n’existait que six bombes cryptographiques, qui tournaient à plein régime. Bletchley Park ne pouvait se permettre d’en perdre ne serait-ce qu’une. Le MI6 recommanda cependant à Bletchley de ne pas invoquer ce dernier argument car les Américains pourraient suggérer d’en envoyer les plans afin qu’ils puissent en construire une eux-mêmes.
    Les Américains réagirent, peut-être avec excès, par la colère. Mais ce froid diplomatique n’influa heureusement pas, et c’était là l’essentiel, sur les relations entre les

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