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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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films et les pièces de théâtre. Les termes « tante » et « tapette » étaient bien connus, mais ce genre de stéréotypes, que l’on trouvait dans la bouche du peuple, renvoyait à des personnages adeptes des minauderies, extrêmement efféminés et insidieusement et sciemment pervertis. Turing ne correspondait vraiment pas à cette description.
    L’autre élément essentiel de leur relation était que Turing n’avait pas à lui parler comme à un enfant, contrairement à ce qui se passait avec nombre des filles non mathématiciennes venant travailler à Bletchley. Elle possédait une solide formation en mathématiques et leurs échanges se faisaient en toute décontraction. Ils jouaient aux échecs et au tennis, ils avaient de longues discussions sur la suite de Fibonacci et les traces de sa présence dans la nature et notamment dans les plis des pommes de pin.
    Mais, en son for intérieur, il savait que leur histoire ne pouvait pas durer. Pendant l’été (tout le monde à Bletchley avait droit à quatre semaines de congé par an), Turing et Joane partirent au Pays de Galles, avec leur bicyclette et leurs tickets de rationnement. À leur retour, Turing dit à Joane qu’il rompait leurs fiançailles.
    Ils s’efforcèrent cependant de rester amis. Plus tard, quand Turing revint d’un séjour aux États-Unis en 1942-1943, il lui offrit un somptueux stylo à plume et lui fit comprendre qu’ils devraient peut-être essayer de reprendre le cours de leur relation. Sagement, Joane ne donna pas suite à cette suggestion.
    Ailleurs, et en parlant des nombreuses autres idylles ayant cours à l’intérieur des « clôtures en fil de fer du zoo de Whipsnade », comme le disait une femme, de nombreux anciens du Park soulignent que pour des sujets tels que le sexe avant le mariage, c’était une autre époque, aussi innocente que l’imaginent beaucoup de gens. La pilule n’existait certes pas, mais, surtout, on parlait rarement, voire jamais de sexe. Ainsi, pour nombre de jeunes gens, surtout ceux de la classe moyenne, le sujet demeurait enveloppé de mystère. Il pesait en outre la menace de la honte pour la famille. « Si, à Dieu ne plaise, vous rentriez à la maison enceinte, dit aujourd’hui une Wren, votre mère vous chassait de la maison. C’était impensable. »
    Peut-être qu’à l’instar de nombreux aspects de la vie britannique, c’était plus une question de classe et d’origines sociales qu’autre chose. Il est vrai qu’à la campagne on avait tendance, et c’est probablement encore le cas aujourd’hui, à découvrir le sexe plus tôt que dans les grandes villes, pour la simple raison qu’il y est plus facile de s’isoler pour trouver de l’intimité. On comprend également pourquoi la réticence envers le sexe était bien plus marquée au sein de la classe moyenne. En effet, les femmes connaissaient la valeur d’une réputation et savaient qu’elle pouvait être facilement salie. On pourrait dire que la haute société et le prolétariat avaient moins à perdre et qu’ils étaient plus détendus sur le sujet, tandis que pour la jeune classe moyenne il était primordial d’avoir bonne réputation et de maintenir un statut social conquis de haute lutte. À certains égards, le milieu du xx e  siècle était plus sévère que l’époque victorienne.
    Il courait toujours des rumeurs sur des grossesses non désirées et des naissances illégitimes. On raconte qu’une Wren de la base de la RAF de Chicksands accoucha mais que le bébé mourut peu de temps après. Bouleversée, elle avait tenté de dissimuler le corps du nouveau-né mais les autorités le découvrirent. On emmena la jeune fille hors de la base et personne ne sut ce qu’elle était devenue. Cependant, une ancienne Wren, interrogée par Marion Hill sur la question du sexe, répondit avec un curieux mélange d’innocence et d’attachement aux valeurs de ce monde : « Il y avait plein d’histoires d’amour. Bien entendu, vous ne pouviez pas prendre une chambre d’hôtel avec un homme, car ils vous demandaient votre certificat de mariage. Mais l’amour triomphe toujours. On pouvait marcher dans la campagne, faire du vélo. Je me souviens avoir bu du champagne au sommet d’une colline avec de jeunes hommes. »
    Ce devait être de jeunes hommes très riches. Pendant la guerre, dans le Buckinghamshire, le champagne n’était pas monnaie courante. La mention des chambres d’hôtel illustre parfaitement à

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