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Les champs de bataille

Les champs de bataille

Titel: Les champs de bataille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dan Franck
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les secrets de l’affaire de Caluire. La presse, les autorités civiles et judiciaires espéraient qu’elle parlerait.
    « Elle a déclaré qu’elle était rentrée pourvous sauver, dit le juge lorsque Hardy repose le journal sur la table.
    — Pourquoi me sauverait-elle ?
    — Par amour ? »
    C’est une question. Hardy n’y répond pas. Il est pâle et le léger tremblement l’a repris.
    « Voulez-vous un café ? »
    Il secoue la tête.
    Le juge retrouve sa place. Il regrette la présence du greffier. Elle l’empêche d’exprimer sa compassion. Il sait que Lydie Bastien est le talon d’Achille de l’accusé. La source probable de toutes ses douleurs.
    « Revenons à l’Ecole de santé militaire », dit-il doucement.
    Il s’avance sur son siège, comme s’il voulait s’approcher de Hardy tout en s’éloignant du fonctionnaire aux boutons de manchettes chargé d’enregistrer la déposition.
    « Barbie vous a évidemment fouillé. Vous et la valise. Aviez-vous une photo de votre fiancée sur vous ? »
    Hardy secoue la tête.
    « Autre chose ?
    — Une lettre, balbutie Hardy. Un mot d’amour que je lui avais écrit.
    — Il l’a trouvé ?
    — Bien sûr. »
    Le juge se détend légèrement. Il vient d’atteindre la position qu’il convoitait.
    « Ce sont là les termes du marché ?
    — En quelque sorte.
    — Votre collaboration contre la vie de votre fiancée ? »
    Hardy approuve, très ébranlé.
    « Pour que Barbie vous libère, il lui fallait un peu plus qu’une promesse. Je suppose que vous lui avez donné quelques gages.
    — Rien du tout. Des informations sans intérêt sur les cibles à faire sauter au moment du débarquement. »
    Faible propos. Le juge note mais, pour l’heure, ne charge pas. Il vient d’obtenir plus encore que ce qu’il cherchait. Il contourne.
    « Depuis quand connaissez-vous Lydie Bastien ?
    — Je l’ai rencontrée en janvier 1943 dans un café proche de la place Bellecour. Nous sommes ensemble depuis.
    — Aujourd’hui encore ?
    — Aujourd’hui encore », répond Hardy fermement.
    Il ajoute dans un ricanement amer :
    « Puisqu’elle rentre pour me sauver ! »
    Le juge dessine un cercle sur une feuille. Il le coupe en deux. D’un côté, Barbie. De l’autre,Hardy. Il trace une flèche qui part de celui-ci pour aboutir à une silhouette féminine : Lydie Bastien. Il enferme le premier cercle dans un second, plus grand. Il note C. C comme Caluire. Puis, le regard froid, il demande :
    « Maintenez-vous que l’Obersturmführer Klaus Barbie ignorait qui vous étiez ?
    — Au contraire ! Il savait que j’étais René Hardy !
    — Mais pas Didot ?
    — Pas Didot, affirme Hardy. Quand il m’a relâché, le soir, il était convaincu d’avoir eu affaire à un gentil blondinet prêt à lui donner la main.
    — Ce que vous avez fait », assène le juge, devenu glacial.
    Il se lève, ouvre l’armoire, y prend la chemise marquée Dossier K.
    « Je vous relis cette phrase du rapport Kaltenbrunner. C’est à propos de la boîte aux lettres de la rue Bouteille : S’y trouvait, entre autres, une information en date du 27 mai 1943, selon laquelle Didot était attendu le 9 juin 1943 à neuf heures près de la station de métro Muette à Paris par le “Général” . »
    Debout devant l’armoire, le juge toise l’accusé. Celui-ci soutient son regard.
    « Je n’ai pas dit que Barbie n’avait pas su,à un certain moment, que l’homme qu’il était venu chercher à la prison de Chalon était Didot, responsable de Résistance-Fer.
    — Et il vous aurait relâché ?
    — Ce soir-là, oui. Parce qu’il ne le savait pas encore. »
    Le juge revient à son dossier.
    « Je poursuis. A propos de Didot : Il s’agit de l’ingénieur français des chemins de fer et lieutenant de réserve René Louis Hardy.
    — Il l’a su, répète l’accusé. Mais plus tard.
    —  Au cours de son interrogatoire, le chef du sabotage des chemins de fer Hardy, alias Didot, a fait une ample déposition et a, entre autres, avoué avoir élaboré un plan d’environ cent cinquante pages sur les opérations de sabotage des chemins de fer à réaliser dans le cadre d’une invasion anglo-américaine et l’avoir remis à son chef pour examen.  »
    Le juge referme le dossier, le range dans l’armoire, prend les feuilles dactylographiées sur la table du greffier, en choisit une et lit :
    «  Sur interpellation : Pour que

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