Les chasseurs de mammouths
restaient
généralement plus raides quand on leur laissait le poil. Celles d’Ayla n’étaient
pas seulement somptueuses du côté de la fourrure mais d’une douceur veloutée à
l’intérieur.
— Que vas-tu donner à Nezzie ? demanda-t-il.
— Des choses qui se mangent, comme ces pommes, et des
récipients pour les contenir.
— Bonne idée. Et à Tulie ?
— Elle est très fière des cuirs de Deegie. Je pense donc qu’il
vaut mieux ne pas lui en offrir, et je ne veux pas lui donner de la nourriture,
comme à Nezzie. Rien de trop pratique. Elle est la Femme Qui Ordonne. Il
faudrait quelque chose à porter dans les grandes occasions, comme de l’ambre ou
des coquillages, mais je n’ai rien de semblable.
— Mais si.
— J’avais pensé à lui offrir l’ambre que j’ai trouvé, mais
c’est un signe donné par mon totem. Je ne peux pas m’en séparer.
— Je ne parlais pas de l’ambre. Elle en a probablement
beaucoup. Offre-lui des fourrures. C’est ce qu’elle a mentionné en premier.
— Elle doit en avoir beaucoup aussi.
— Il n’en existe pas d’aussi belles, d’aussi précieuses que
les tiennes, Ayla. De toute ma vie, je n’en ai vu qu’une fois de semblables. Et
elle, sûrement pas. Celle que j’ai vue avait été préparée par une Têt... par
une femme du Clan.
Quand vint le soir, Ayla avait pris plusieurs décisions
difficiles, et l’accumulation des travaux réalisés au cours des années était
répartie en deux tas. Le plus important serait abandonné, en même temps que la
caverne et la vallée. L’autre représentait ce qu’elle emporterait... avec ses
souvenirs. Cette longue opération, déchirante, atroce parfois, la laissait sans
forces. Son humeur se communiqua à Jondalar. Il se surprit à penser à son
foyer, à son passé, à toute sa vie, plus qu’il ne l’avait fait depuis des années.
Son esprit revenait sans relâche à de douloureux souvenirs qu’il avait crus
oubliés, qu’il aurait voulu effacer de sa mémoire. Il se demandait pourquoi
montaient en lui maintenant toutes ces réminiscences.
Le repas du soir fut presque silencieux. Ils échangeaient par
moments quelques propos, se taisaient le plus souvent, chacun occupé de ses
propres pensées.
— Les oiseaux sont délicieux, comme à l’ordinaire, remarqua
Jondalar.
— Creb les aimait cuits ainsi.
Elle le lui avait déjà dit. Il lui arrivait encore d’avoir peine
à croire qu’elle eût tant appris des Têtes Plates qui l’avaient élevée. Mais, à
bien y réfléchir, pourquoi n’auraient-ils pas su cuisiner aussi bien que
quiconque ?
— Ma mère est bonne cuisinière. Sans doute les
apprécierait-elle aussi.
Jondalar pensait beaucoup à sa mère, depuis quelque temps, se
dit Ayla. Le matin même, lui avait-il confié, il s’était réveillé après avoir
rêvé d’elle.
— Dans mon enfance, elle avait quelques plats spéciaux qu’elle
aimait faire... quand elle n’était pas trop occupée par les affaires de la
Caverne.
— Les affaires de la Caverne ?
— Elle était le chef de la Neuvième Caverne.
— Tu me l’avais dit, mais je n’avais pas compris. Elle
était comme Tulie, tu veux dire ? Une Femme Qui Ordonne ?
— Quelque chose de ce genre, oui. Mais il n’y avait pas de
Talut, et la Neuvième Caverne est beaucoup plus importante que le Camp du Lion.
Beaucoup plus peuplée.
Il s’interrompit, ferma les yeux pour concentrer ses idées.
— Quatre personnes contre une seule, peut-être.
Ayla s’efforça de déterminer combien cela pouvait faire mais
décida qu’elle calculerait plus tard, en faisant des marques sur le sol.
Pourtant, elle se demandait comment tant de gens pouvaient vivre tous ensemble
à longueur de temps. C’était presque autant que pour un Rassemblement du Clan.
— Dans le Clan, aucune femme ne pouvait être chef,
dit-elle.
— Marthona est devenue chef après Joconnan. Elle
participait tellement à son autorité, m’a dit la Zelandoni, qu’après la mort de
Joconnan, tout le monde s’est tourné spontanément vers elle. Mon frère,
Joharran, est né à son foyer. Il est chef, maintenant, mais Marthona est restée
sa conseillère... du moins l’était-elle quand je suis parti.
Ayla fronçait les sourcils. Il lui avait déjà parlé de sa
famille, mais elle n’avait pas bien saisi toutes les relations de parenté.
— Ta mère était la compagne de... comment as-tu dit ?
Joconnan ?
— Oui.
— Mais
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