Les chasseurs de mammouths
vent n’était pas trop froid, et le soleil matinal, renvoyé
par la roche claire, donnait une impression de chaleur. Il alla, sur la surface
inégale, jusqu’à l’extrême limite de l’avancée, baissa les yeux sur le cours d’eau,
au-dessous de lui. La glace s’épaississait sur les bords, mais l’eau conservait
encore un courant rapide pour franchir le coude aigu qui la détournait, sur une
certaine distance, de sa direction générale, vers le sud, pour l’entraîner vers
l’est, avant de la laisser revenir à son orientation primitive. A gauche, la
paisible vallée s’étirait le long de la rivière, et Jondalar vit Whinney et
Rapide paître non loin. A sa droite, vers l’amont, le paysage était tout
différent. Par-delà l’entassement d’ossements, au pied de la muraille rocheuse,
et la petite grève, les hautes parois se rapprochaient, et la rivière se
frayait son chemin au fond d’une gorge profonde. Jondalar se rappelait avoir
nagé un jour dans cette direction, aussi loin qu’il l’avait pu, jusqu’au pied d’une
cascade tumultueuse.
Il aperçut soudain Ayla, qui gravissait le sentier, et lui
sourit.
— Où étais-tu ?
Quelques pas encore, et il eut la réponse à sa question. Elle
portait, liés par les pattes, deux lagopèdes bien gras, presque blancs.
— Je me tenais juste là où tu es quand je les ai vus en
bas, dans l’herbe, dit-elle en lui tendant les oiseaux. J’ai pensé qu’un peu de
viande fraîche nous changerait agréablement. J’ai allumé du feu dans mon trou,
sur la berge. Je vais les plumer et je les mettrai à cuire après notre repas du
matin. Oh, regarde, j’ai encore trouvé une pierre à feu.
— Il y en a beaucoup ?
— Peut-être moins qu’avant. J’ai dû chercher pour découvrir
celle-ci.
— Je vais descendre un peu plus tard, je crois, pour voir
si j’en trouve d’autres.
Ayla rentra dans la caverne, pour achever de préparer le repas.
Il y avait des grains cuits avec des airelles qu’elle avait trouvées encore
accrochées aux branches dépouillées de leurs feuilles. Les oiseaux n’en avaient
pas laissé beaucoup, et elle avait dû s’employer diligemment pour en rassembler
quelques poignées.
— C’était donc ça ! fit Jondalar, qui vidait une
seconde coupe d’infusion. Tu as mis des airelles dans la tisane. De la menthe,
de la camomille et des airelles.
Elle l’approuva d’un sourire, et il se sentit satisfait d’avoir
résolu cette petite énigme.
Après le repas, ils descendirent ensemble jusqu’à la grève.
Tandis qu’Ayla préparait les lagopèdes pour les faire rôtir dans son four de
pierre, Jondalar se mit à la recherche des petits nodules de pyrite de fer. Il
cherchait encore lorsqu’elle remonta à la caverne. Il trouva également quelques
bons morceaux de silex, les mit de côté. Vers le milieu de la matinée, il avait
accumulé un petit tas de pierres à feu et il se sentait las de scruter la berge
rocailleuse. Il contourna l’avancée de la muraille, vit la jument et le poulain
à quelque distance et se dirigea vers eux.
En approchant, il remarqua que les deux bêtes avaient la tête
levée vers les steppes. Au sommet de l’escarpement, plusieurs chevaux les regardaient.
Rapide fit quelques pas vers la troupe sauvage, l’encolure arquée, les naseaux
frémissants. Jondalar réagit sans prendre le temps de réfléchir.
— Allons ! Allez-vous-en ! cria-t-il.
Il courait vers les intrus en agitant les bras.
Effrayés, les chevaux bondirent en arrière, en hennissant, en s’ébrouant,
et prirent leur course. Le dernier, un étalon couleur de foin, chargea en
direction de l’homme, se cabra en guise d’avertissement, avant de partir au
galop à la suite des autres.
Jondalar revint vers Whinney et Rapide. Tous deux semblaient
nerveux. Ils avaient eu peur, eux aussi, et ils avaient perçu l’affolement du
troupeau. Jondalar flatta la jument, passa un bras autour de l’encolure du
poulain.
— Tout va bien, mon garçon, dit-il à celui-ci. Je ne
voulais pas t’effrayer mais je ne voulais pas non plus les voir t’entraîner à
leur suite avant que nous ayons eu le temps de devenir bons amis.
Avec affection, il caressait et grattait l’animal.
— Imagine quel effet ça ferait de monter un étalon comme cette
bête jaune ! rêva-t-il à haute voix. Il serait rebelle, certainement, mais
il ne se laisserait pas non plus gratter comme toi, hein ? Que dois-je
faire pour que tu me
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