Les chasseurs de mammouths
en
arrière.
— La Mère t’a accordé un don rare, dit-il.
Sa voix, son attitude étaient beaucoup plus cérémonieuses.
Elle sentit soudain des larmes lui brûler les yeux, sa gorge se
serrer douloureusement. Elle baissa la tête, recula d’un pas, elle aussi.
Jondalar changea de sujet.
— Si j’en crois ce qui se passe, Tasher ne va pas tarder à
avoir un petit frère ou une petite sœur.
— J’en ai bien peur.
— Tiens ? Tu penses qu’elle ne devrait pas avoir cet
enfant ? fit-il, surpris.
— Si bien sûr, mais pas maintenant. Il est trop tôt.
— Tu en es certaine ?
— Non. On ne m’a pas laissée la voir.
— Frébec ?
Elle hocha la tête.
— Je ne sais pas quoi faire.
— Je ne comprends pas pourquoi il en est encore à
sous-estimer ton savoir-faire.
— Frébec, dit Mamut, ne pense pas que les Tête Plates
puissent s’y connaître en soins. Il ne croit donc pas que j’aie pu apprendre
quoi que ce soit chez eux. A mon avis, Fralie a vraiment besoin d’aide, mais
Mamut prétend qu’elle doit le demander.
— Mamut a probablement raison. Mais, si elle est sur le
point d’avoir son enfant, elle pourrait bien faire appel à toi.
Ayla changea Tasher de position. Il s’était enfoncé un doigt
dans la bouche et semblait satisfait pour le moment. Elle vit Loup sur les
fourrures familières de Jondalar qui, récemment, étaient près des siennes. La
vue de ces fourrures, la présence toute proche du jeune homme lui rappelait le
contact de Jondalar, les sensations qu’il éveillait en elle. Elle aurait voulu
voir les fourrures de retour sur sa plate-forme de couchage. Lorsqu’elle
reporta les yeux sur lui, ils exprimaient tout son désir. Jondalar éprouva une
réaction immédiate, un besoin douloureux de tendre les bras vers elle, mais il
se contrôla. Son attitude déconcerta Ayla. Il s’était mis à la regarder de la
façon qui provoquait toujours en elle un fourmillement intérieur. Pourquoi
avait-il changé ? Elle était anéantie mais, l’espace d’un instant, elle
avait ressenti... quelque chose... un espoir, peut-être. Pourrait-elle
découvrir le moyen de l’atteindre, si elle ne relâchait pas ses efforts ?
— J’espère qu’elle m’appellera, dit-elle, mais peut-être
est-il déjà trop tard pour arrêter le travail.
Elle se disposait à partir, et Loup se leva pour l’accompagner.
Elle posa son regard sur l’animal, puis sur l’homme, demanda, après une
hésitation :
— Si elle faisait appel à moi, Jondalar, voudrais-tu garder
Loup avec toi ? Je ne peux pas lui permettre de me suivre et de se trouver
dans les jambes de tout le monde au foyer de la Grue.
— Oui, bien sûr, mais voudra-t-il rester ici ?
— Loup, retourne ! commanda-t-elle.
Le louveteau la regarda, un gémissement au fond de la gorge,
comme s’il posait une question.
— Retourne au lit de Jondalar, insista-t-elle, un bras
levé, l’index tendu. Va au lit de Jondalar, répéta-t-elle une fois de plus.
Loup, la queue entre les pattes, le ventre près du sol, obéit.
Les yeux fixés sur la jeune femme, il s’assit sur les fourrures.
— Reste ici ! commanda-t-elle.
Le jeune loup se coucha sur le ventre, posa le museau sur ses
pattes et la suivit des yeux quand elle fit demi-tour pour quitter le foyer.
Crozie, toujours assise sur son lit, regardait Fralie se tordre
en poussant des cris. Finalement, la douleur passa. Fralie respira
profondément, ce qui amena une quinte de toux. Sa mère crut lire sur son visage
une expression de désespoir. Crozie, elle aussi, commençait à désespérer. Il
fallait que quelqu’un intervînt. Le travail, chez Fralie, était déjà bien
avancé, et cette toux l’affaiblissait. Il n’y avait plus beaucoup d’espoir pour
l’enfant : il allait naître trop tôt, et les petits nés trop tôt ne
survivaient pas. Mais Fralie avait besoin de quelque chose pour apaiser la toux
et des douleurs. Plus tard, il lui faudrait autre chose pour soulager son
chagrin. Elle n’avait eu aucun succès en parlant à Fralie, pas en présence de
cet homme stupide. Il ne voyait donc pas qu’elle était très mal ?
Crozie observait Frébec. Inquiet, désemparé, il tournait autour
du lit de la jeune femme. Peut-être était-il vraiment inquiet, se dit-elle.
Peut-être devait-elle faire une nouvelle tentative, mais obtiendrait-elle
quelque chose en s’adressant à Fralie ?
— Frébec ! dit Crozie. Je veux te parler.
L’homme
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