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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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s’habituait facilement à une
particularité comme celle-là.
    La tête de Crozie apparut au-dessus de la couche. La vieille
femme tendit à Ayla une pièce de cuir soigneusement pliée.
    — C’est sa couverture d’enfantement, Ayla.
    Elles la déplièrent et, tandis que Fralie se déplaçait
légèrement, l’étalèrent sur le lit.
    — Il était grand temps qu’ils te fassent venir, reprit
Crozie, mais il est trop tard maintenant pour empêcher la naissance. Dommage. J’avais
l’intuition que ce serait une fille, cette fois. C’est bien dommage qu’elle
doive mourir.
    — N’en soit pas trop sûre, Crozie, dit Ayla.
    — Cet enfant arrive trop tôt. Tu le sais bien.
    — Oui, mais n’abandonne pas encore l’enfant à l’autre
monde. On peut prendre certaines mesures, s’il n’est pas vraiment trop tôt...
et si la mise au monde se passe bien.
    La jeune femme baissa les yeux sur Fralie.
    — Attendons. Nous verrons bien.
    — Ayla, demanda Fralie, les yeux brillants, crois-tu qu’il
y ait de l’espoir ?
    — Il y a toujours de l’espoir. Bois ceci, à présent. La
tisane apaisera ta toux, et tu te sentiras mieux. Nous verrons ensuite où tu en
es.
    — Qu’y a-t-il là-dedans ? questionna Crozie.
    Ayla la dévisagea un instant avant de répondre. Le ton avait
contenu un ordre, mais Ayla sentait que la question était motivée par l’inquiétude
et par un intérêt sincère. C’était chez Crozie une façon de parler, comme si
elle avait été accoutumée à donner des ordres. Mais on pouvait se méprendre,
quand une question était posée d’un tel ton par quelqu’un qui n’était pas en
position d’autorité.
    — L’intérieur de l’écorce de merisier, pour la calmer, pour
apaiser sa toux, pour soulager les douleurs de l’enfantement, expliqua-t-elle,
bouillie avec la racine séchée et réduite en poudre de la renoncule âcre, pour
aider les muscles à pousser plus fort afin d’aider la délivrance. Le travail
est trop avancé pour qu’on puisse l’interrompre.
    — Hum... fit Crozie avec un signe d’approbation.
    Elle était satisfaite : la réponse d’Ayla l’avait
convaincue qu’elle ne se contentait pas d’appliquer un remède dont elle avait
entendu parler mais qu’elle savait ce qu’elle faisait. Crozie elle-même
ignorait les propriétés des plantes, mais Ayla, elle, les connaissait.
    A mesure que la journée avançait, chacun prit le temps de passer
quelques instants au chevet de Fralie pour lui offrir un soutien moral, mais les
sourires encourageants contenaient une nuance de tristesse. Tout le monde
savait que la jeune femme affrontait une épreuve qui avait peu de chance de
connaître un dénouement heureux. Pour Frébec, le temps se traînait. Il ne
savait à quoi s’attendre, et il se sentait perdu, déséquilibré. Il lui était
arrivé d’être présent lors d’accouchements : il ne se rappelait pas que l’enfantement
eût pris si longtemps. Apparemment, pour les autres femmes, les difficultés
étaient moindres. Faisaient-elles toutes tant d’efforts, se débattaient-elles,
criaient-elles ainsi ?
    Il n’y avait pas de place pour lui à son foyer, avec toutes ces
femmes, et l’on n’avait pas besoin de lui, de toute manière. Il s’était assis
sur le lit de Crisavec, pour regarder, pour attendre, mais personne ne lui
prêtait attention. Il finit par se lever, par s’éloigner, sans trop savoir où
il allait. Il décida qu’il avait faim, se dirigea vers le premier foyer, dans l’espoir
d’y découvrir un reste de rôti, quelque chose. Au fond de lui-même, il pensait
essayer de trouver Talut. Il éprouvait le besoin de parler à quelqu’un, de
partager cette expérience avec un autre homme qui serait en mesure de le
comprendre. Lorsqu’il parvint au Foyer du Mammouth, Ranec, Danug et Tornec,
près du trou à feu, s’entretenaient avec Mamut et obstruaient en partie le
passage central. Frébec s’immobilisa : il ne tenait pas à leur demander de
le laisser passer.
    — Comment va-t-elle, Frébec ? demanda Tornec. La
question amicale le surprit vaguement.
    — Je voudrais bien le savoir, répondit-il.
    — Je sais ce que tu éprouves, reprit Tornec, avec un
sourire mi-figue mi-raisin. Jamais je ne me sens aussi inutile que lorsque
Tronie est dans les douleurs de l’enfantement. J’ai horreur de la voir souffrir
et je souhaite toujours pouvoir faire quelque chose pour elle, mais il n’y a
jamais rien. C’est une

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