Les chasseurs de mammouths
ça tout de
suite.
Elle tira le garçon qui n’avait aucune envie de la suivre par le
bras et Ayla entraîna la petite fille qui se débattait dans l’espoir de s’échapper.
Les gens qui s’étaient approchés pour regarder les suivirent alors qu’elles se
dirigeaient vers le centre du Camp avec les deux enfants couverts de sang. Le
temps qu’elles y arrivent, tout le monde était au courant et un groupe de
femmes les attendait. Il y avait là Tulie, Brecie et Marlie, les Femmes Qui
Ordonnent qui composaient le Conseil des Sœurs.
— C’est elle qui a commencé... cria le garçon.
— Il m’a pris mon... intervint la fille.
— Taisez-vous ! dit Tulie sévèrement, les yeux
brillants de colère.
— N’essayez pas de vous justifier ! intervint Marlie d’une
voix dure. Vous êtes assez grands tous les deux pour savoir qu’on ne doit pas
se battre. Et si vous ne le saviez pas, vous allez l’apprendre. Apportez les
lanières en cuir ! ordonna-t-elle.
Un jeune homme se précipita à l’intérieur d’une des huttes. La
petite fille semblait pétrifiée d’horreur. Le garçon se débattit pour se
libérer. Il réussit à échapper à Deegie et se mit à courir. Mais Talut, qui
revenait du Camp de la Massette, le rattrapa et le ramena vers les femmes.
Ayla se faisait du souci. Les deux enfants étaient blessés, ils
avaient besoin de soins. Et qu’allait-on leur faire ?
Tandis que Talut tenait toujours le garçon, un des hommes s’approcha
avec une des lanières et il s’en servit pour attacher le bras droit du jeune
garçon contre son corps. La lanière n’était pas suffisamment serrée pour
arrêter la circulation mais l’enfant ne pouvait plus bouger son bras. Une autre
personne attacha le bras droit de la petite fille de la même manière.
— Mais... il m’a pris... dit-elle en pleurant.
— Peu importe ce qu’il t’a pris ! s’écria Tulie.
— Tu pouvais t’y prendre autrement pour qu’il te le rende,
continua Brecie. Tu n’avais qu’à venir au Conseil des Sœurs. Les Conseils sont
faits pour ça.
— Que se passerait-il si on avait le droit de frapper les
autres sous prétexte qu’ils ne sont pas d’accord avec vous ou parce qu’ils vous
ont taquinés ou pris quelque chose ? demanda une autre femme.
— Il faut que vous appreniez qu’il n’y a pas de lien plus
fort que celui qui unit le frère et la sœur, intervint Marlie tandis qu’on
attachait la cheville du garçon à celle de la fille. C’est le lien de la
naissance. Pour que vous vous en souveniez, vous allez rester attachés l’un à l’autre
pendant deux jours. Et vous ne pourrez pas bouger la main dont vous vous êtes
servis pour vous battre. Vous allez être obligés de vous aider réciproquement
maintenant. Pour marcher, dormir, manger ou boire. Vous allez apprendre que
vous dépendez l’un de l’autre et que vous vous devez une aide mutuelle jusqu’à
la fin de vos jours.
— Et, en vous voyant, tout le monde saura ce que vous avez
fait ! annonça Talut suffisamment fort pour que tous les assistants l’entendent.
— Deegie, dit Ayla à voix basse, ils ont besoin qu’on les
soigne. Le nez de la petite saigne toujours et le garçon a la lèvre enflée.
Deegie s’approcha de Tulie et lui parla à l’oreille. Cette
dernière acquiesça.
— Avant de retourner dans votre Camp, vous irez avec Ayla
au Foyer du Mammouth pour qu’elle examine les blessures que vous vous êtes
infligées.
Dès que les enfants voulurent marcher, ils eurent droit à leur
première leçon de coopération : avec leurs chevilles attachées, ils
étaient obligés d’avancer à la même allure et dans la même direction. Deegie et
Ayla les emmenèrent au Foyer du Mammouth et, après les avoir nettoyés et
soignés, elles les regardèrent repartir en boitillant vers leur Camp.
— Ils se sont vraiment battus, dit Ayla alors qu’elles
revenaient vers le Camp de la Massette. Mais le garçon avait pris quelque chose
à sa sœur.
— Peu importe ! dit Deegie. Elle n’avait qu’à s’y
prendre autrement pour qu’il lui rende. Il faut qu’ils apprennent qu’il est
inadmissible de se battre. Comme on ne le leur a pas enseigné dans leur Camp,
il fallait bien que quelqu’un s’en charge. Je pense que tu as compris
maintenant pourquoi Crozie était si réticente quand Fralie a voulu s’unir à
Frébec, ajouta-t-elle.
— Non. Pourquoi ?
— Frébec est originaire d’un de ces Camps. Les
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