Les chasseurs de mammouths
autre « délégations », répondit Tusie d’un
air supérieur, comme si elle en avait par-dessus la tête de toutes ces bêtises.
— Entre les délégations et tes devoirs de gardienne, tu
risques d’avoir un été bien rempli, Tulie, dit Fralie en continuant à couper de
la viande pour Tasher.
Elle savait que Tulie était en réalité très fière de représenter
le Camp du Lion à un moment où celui-ci suscitait un tel intérêt.
Tulie et Ayla sortirent puis Nezzie les suivit au cas où on
aurait besoin d’elle. Frébec et Fralie s’avancèrent vers l’ouverture de la
tente pour voir qui arrivait. Frébec alla rejoindre les trois femmes, mais
Fralie resta pour garder les enfants qui risquaient d’importuner les visiteurs.
Un groupe de gens attendait à l’extérieur du territoire qui, aux yeux de Loup,
appartenait au Camp du Lion. Il en avait marqué les frontières invisibles avec
son urine et le surveillait étroitement. Les gens n’avaient pas le droit de
pénétrer dans ce territoire à moins que quelqu’un que Loup connaissait leur
fasse signe de s’avancer.
Loup se trouvait entre la tente et les nouveaux arrivants. Il
défendait son aire en grognant et en montrant les dents et aucun des visiteurs
ne se risquait à passer outre. Ayla lui fit signe d’approcher, puis elle
utilisa le geste « ami » qu’elle avait mis toute une matinée à lui
apprendre. Pour lui, cela signifiait que, contrairement à ce que lui dictait
son instinct, il devait laisser pénétrer des étrangers. Même s’il tolérait plus
facilement les visiteurs qui venaient régulièrement au Camp du Lion que les
inconnus, il leur faisait néanmoins comprendre qu’il n’aimait pas la compagnie
et semblait toujours soulagé quand ils s’en allaient.
De temps en temps, pour l’habituer à la foule, Ayla l’emmenait
faire un tour dans le campement, en le gardant à côté d’elle. Quand les gens la
voyaient passer, marchant en toute confiance à côté d’un loup, ils la
dévisageaient d’un air étonné, ce qui la gênait beaucoup. Mais elle n’en
continuait pas moins à l’emmener à l’intérieur du campement, car elle jugeait
ça indispensable. Loup ne vivrait plus jamais parmi ses congénères. S’il devait
partager la vie des gens, il y avait certaines choses auxquelles il fallait qu’il
s’habitue. Les êtres humains aimaient la compagnie, même celle des étrangers et
il leur arrivait de se rassembler et de former alors de très grands groupes. Et
il fallait que Loup l’accepte.
Mais Loup ne passait pas tout son temps au Camp de la Massette.
Il lui arrivait aussi d’accompagner les chevaux dans le pré ou de partir faire
un tour tout seul. Il aimait aussi se promener avec Ayla, avec Jondalar ou
Danug, et même, ce qui semblait étonnant à beaucoup, en compagnie de Frébec.
Frébec l’appela et se dirigea avec lui vers l’abri des chevaux
pour qu’il n’importune pas les visiteurs. La présence de Loup rendait les gens
nerveux et cela pouvait avoir un fâcheux effet sur les délégations envoyées par
des hommes qui recherchaient l’alliance d’Ayla. Ces hommes ne désiraient pas s’unir
à elle, ils savaient qu’elle avait donné sa Promesse à Ranec. Ils ne
cherchaient pas une compagne, mais une sœur. Les délégations qui se
présentaient au Camp du Lion venaient faire des offres pour l’adopter.
Tulie avait beau connaître parfaitement les coutumes de son
peuple, avant son arrivée à la Réunion d’Été, elle n’avait pas envisagé cette
éventualité. Quand, pour la première fois, une femme de sa connaissance, qui n’avait
que des garçons, était venue la voir pour lui demander si elle était prête à
accueillir favorablement une offre émanant de son Foyer et de son Camp pour
adopter Ayla, elle avait soudain compris ce que cela impliquait. Elle avait
expliqué un peu plus tard au Camp du Lion :
— J’aurais dû me douter qu’une femme libre, belle, de
statut élevé et comblée de dons, allait attirer la convoitise de ceux qui
cherchaient une sœur, surtout maintenant que le Foyer du Mammouth l’a adoptée.
Habituellement, celui-ci n’est pas considéré comme un foyer familial. A mon
avis, à moins qu’Ayla le veuille, nous ne devons accepter aucune de ces
propositions, mais ces offres, à elles seules, font monter sa valeur.
Tulie ne se tenait plus de joie en songeant à quel point Ayla
contribuait à la renommée et à la prospérité du Camp du Lion. Mais,
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