Les chasseurs de mammouths
trois Camps
ont des liens de parenté. Chaleg est le cousin de Frébec.
— Mais Frébec a changé.
— C’est vrai. Mais je ne lui fais toujours pas confiance.
Je réserve mon jugement tant qu’il n’aura pas fait ses preuves.
Ayla ne pouvait s’empêcher de penser aux enfants et elle était
persuadée qu’il y avait une leçon à tirer de cet incident. Le jugement avait
été rapide et sans appel. On ne leur avait pas donné l’occasion de s’expliquer
et personne n’avait semblé s’inquiéter de leurs blessures elle ne savait même
pas comment ils s’appelaient. Mais c’est vrai qu’ils n’étaient pas gravement
blessés et qu’ils s’étaient battus. Ils n’étaient pas près d’oublier la
punition. Personne ne les avait brutalisés, mais ils risquaient d’être
longtemps marqués par l’humiliation qu’on venait de leur infliger.
— Deegie, dit-elle, le bras gauche de ces enfants est
libre. Qu’est-ce qui les empêche de détacher ces liens ?
— Tout le monde le saurait. Aussi humiliant cela soit-il
pour eux de se déplacer ainsi dans le campement, ce serait encore pire s’ils se
détachaient. On dirait qu’ils sont habités par les esprits malins de la colère,
qu’ils sont incapables de se contrôler et qu’ils ne peuvent même pas apprendre
à s’entraider. Tout le monde les éviterait et ils auraient encore plus honte.
— Ils ne sont pas près d’oublier la leçon.
— Ni eux ni les autres enfants. Ils vont tous se tenir
tranquilles pendant un petit bout de temps.
Ayla avait hâte de retrouver l’atmosphère familière du Camp de
la Massette. Elle avait rencontré tellement de gens et vu tellement de choses
qu’elle avait l’impression que la tête lui tournait. Néanmoins, quand elles
repassèrent devant l’aire où on travaillait le silex, elle ne put s’empêcher d’y
jeter un coup d’œil. Cette fois-ci, Jondalar y était. Mais elle vit aussi une
autre personne qu’elle ne s’attendait pas à trouver là. Mygie avait rejoint
Jondalar et elle le contemplait avec adoration. Elle exagère, se dit Ayla en
remarquant la pose suggestive de la jeune femme. Jondalar ne devait pas
partager son avis car il lui souriait, un grand sourire qu’elle ne lui avait
pas vu depuis longtemps.
— Je croyais que les pieds-rouges devaient se consacrer à
la formation des jeunes gens, dit-elle, en songeant que Jondalar n’avait plus
rien à apprendre en la matière.
Deegie avait remarqué l’expression d’Ayla et elle savait
pourquoi elle fronçait les sourcils. Elle la comprenait mais elle se mettait
aussi à la place de Jondalar : pour lui aussi, l’hiver avait été long et
difficile.
— Lui aussi, il a des besoins physiques. Comme toi, Ayla.
Ayla rougit brusquement. C’était elle qui avait commencé :
elle avait partagé la couche de Ranec alors que Jondalar dormait seul. Pourquoi
était-elle bouleversée à l’idée qu’il puisse partager les Plaisirs avec une
femme pendant la Réunion d’Été ? Elle aurait dû s’y attendre. Il n’empêche
que cela ne lui plaisait pas. Elle aurait de loin préféré qu’il partage les
Plaisirs avec elle.
— S’il cherche une femme, c’est aussi bien qu’il aille avec
une pied-rouge, continua Deegie. Elles ne peuvent pas s’engager. A moins qu’il
tombe amoureux, cela ne durera pas plus longtemps que la saison. Cet hiver, ce
sera fini. A mon avis, il n’est pas amoureux de Mygie et cela lui fera du bien
d’aller avec une femme. Il sera plus détendu et il aura les idées plus claires.
— Tu as raison, Deegie. De toute façon, ça n’a pas d’importance.
Il doit partir après la chasse au mammouth et moi, j’ai donné ma Promesse à
Ranec.
Ensuite, se dit-elle, j’irai chercher Durc et je le ramènerai
ici. Il pourra devenir mamutoï et partager notre foyer. Peut-être ramènerai-je
aussi Uba pour qu’il ait une compagne... Et je vivrai ici au milieu de tous mes
amis, avec Ranec, qui m’aime, et avec Durc, mon fils... et Rydag, et les
chevaux et Loup... Et jamais plus je ne reverrai Jondalar, conclut-elle, le
cœur soudain empli de tristesse.
33
Rugie et Tusie se précipitèrent en riant à l’intérieur de la
tente.
— Il y en a encore une autre dehors, annonça Rugie.
Ayla baissa aussitôt les yeux, Nezzie et Tulie échangèrent un
regard entendu, Fralie sourit, et Frébec aussi.
— Une autre quoi ? demanda Nezzie bien qu’elle sût
parfaitement de quoi il s’agissait.
— Une
Weitere Kostenlose Bücher