Les chasseurs de mammouths
rien ne pouvait l’empêcher de continuer.
— Ce sont des êtres humains, reprit-elle. Et Rydag en est
un lui aussi. Je le sais car j’ai un fils qui est comme lui.
— Grande Mère ! gémit Jondalar en se frayant un
passage dans la foule pour s’approcher d’elle.
— Elle a bien dit qu’elle avait un enfant comme ça ?
demanda un homme. Un esprit mêlé !
— Je crois que cette fois-ci, ça y est, Ayla, remarqua
Jondalar à voix basse.
— Elle a mis au monde un monstre ! s’exclama un autre
homme en s’approchant de la femme avec laquelle Ayla venait de se disputer. Tu
ferais mieux de t’éloigner d’elle. Si elle a réussi à attirer ce genre d’esprit
en elle, il peut très bien se glisser à l’intérieur d’une autre femme.
— C’est vrai ! Toi aussi tu ferais mieux de t’éloigner,
conseilla un autre homme à sa compagne manifestement enceinte.
Le visage déformé par la répulsion et la peur, d’autres
personnes commencèrent à reculer.
— Le Clan ? demanda un des musiciens. Quand elle a
joué pour nous, il me semble qu’elle a dit que c’étaient des rythmes du
Clan ? C’est donc des Têtes Plates qu’elle voulait parler ?
Lorsqu’Ayla jeta un coup d’œil autour d’elle, elle faillit céder
à la panique et fuir pour ne plus voir ces gens qui la regardaient avec un tel
dégoût. Elle ferma un instant les yeux et prit une profonde inspiration. Puis
elle releva fièrement la tête et défia du regard ceux qui l’entouraient. De
quel droit disaient-ils que son fils n’était pas un humain ? Du coin de l’œil,
elle aperçut Jondalar qui se tenait à côté d’elle. Sa présence la rassura.
Puis deux autres hommes s’approchèrent. Elle tourna la tête pour
sourire à Mamut et à Ranec. Puis Nezzie à son tour vint la rejoindre, et Talut,
et même Frébec. En un rien de temps, l’ensemble du Camp du Lion se trouva à ses
côtés.
— Vous vous trompez, dit Mamut à la foule, d’une voix si
puissante qu’on avait du mal à croire qu’elle puisse appartenir à un homme
aussi vieux. Les Têtes Plates ne sont pas des animaux. Ils sont humains et ce
sont des enfants de la Mère au même titre que vous. Moi aussi, j’ai vécu chez
eux un certain temps et j’ai chassé avec eux. Leur guérisseuse a soigné mon
bras et, grâce à eux, j’ai découvert ma vocation. La Mère ne mélange pas les
esprits. Il n’y a pas de cheval-loup ou de cerf-lion. Les gens du Clan sont
différents de nous, mais cette différence est insignifiante. Des enfants comme
Rydag ou le fils d’Ayla n’auraient jamais pu naître s’ils n’avaient pas été
humains, eux aussi. Les monstres n’existent pas. Ce sont simplement des
enfants.
— Je me moque de ce que tu dis, Vieux Mamut ! s’écria
la femme enceinte. Je ne veux pas mettre au monde un Tête Plate ou un esprit
mêlé. Si cette femme en a eu un, cet esprit peut encore très bien rôder autour
d’elle.
— Tu n’as rien à craindre d’Ayla ! répliqua Mamut. L’esprit
qui a été choisi pour ton enfant est déjà en toi. Il est trop tard pour y
changer quoi que ce soit. Ayla elle-même n’a pas attiré l’esprit d’un Tête
Plate en elle pour avoir un enfant. C’est la Mère qui en a décidé ainsi. Vous
savez comme moi que l’esprit d’un homme n’est jamais bien loin de l’homme
lui-même. Ayla a grandi au sein du Clan. Quand elle est devenue une femme, elle
vivait encore avec eux. Le jour où Mut a décidé de lui donner un enfant, Elle
ne pouvait choisir que parmi les hommes avec lesquels elle vivait, et c’étaient
tous des hommes du Clan. L’esprit qu’Elle a choisi était celui d’un homme du
Clan. Ce qui est normal. Mais ici, il n’y a pas d’homme du Clan, que je
sache !
— Que se passerait-il, Vieux Mamut, s’il y en avait
un ? demanda une des femmes.
— Pour que la Mère choisisse son esprit, il faudrait qu’il
soit tout près d’une femme, qu’il partage son foyer. Même si les gens du Clan
sont humains, il y a néanmoins quelques différences. Il n’est pas facile de
mêler deux esprits qui ne sont pas tout à fait semblables. Quand Ayla a voulu
un enfant, comme elle n’était entourée que par des hommes du Clan, la Mère n’a
pas eu le choix. Mais ici, les Mamutoï sont très nombreux, et si une femme
devait avoir un enfant, la Mère commencerait par choisir l’esprit d’un Mamutoï.
— C’est toi qui le dis, vieil homme ! lança un des
hommes. Mais je ne
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