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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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mêlés.
    Pour la plupart des gens, les Têtes Plates – les êtres
qu’Ayla appelait toujours le Clan – étaient des animaux, et beaucoup
considéraient les enfants semblables à celui-ci comme des monstres, mi-humains,
mi-bêtes. Jondalar avait été atterré lorsqu’il avait compris que la jeune femme
avait donné naissance à un être de cette sorte. La mère d’un tel enfant était
généralement rejetée. On la chassait, de peur qu’elle n’attirât de nouveau le
mauvais esprit animal et n’amenât d’autres femmes à donner naissance à de tels
monstres. Certains se refusaient même à admettre leur existence. Découvrir là
un de ces enfants, parmi des gens normaux, était plus qu’une surprise. C’était
un véritable choc. D’où venait donc ce petit garçon ?
    Ayla et l’enfant se dévisageaient. Ils n’avaient plus conscience
de ce qui les entourait. Il est bien maigre, pour un petit qui appartient pour
moitié au Clan, pensait Ayla. Ils sont le plus souvent bien charpentés et
musclés. Durc lui-même était plus solide. Il est malade, lui disait son œil
exercé de guérisseuse. Il s’agissait d’un mal de naissance, qui concernait le
muscle vigoureux qui battait et palpitait dans la poitrine pour entraîner le
sang. Mais elle enregistrait tous ces signes sans y penser. Son attention se
concentrait sur le visage de l’enfant, sur la forme de sa tête, afin de
découvrir les ressemblances et les différences entre lui et son propre fils.
    Les grands yeux bruns, intelligents, étaient pareils à ceux de
Durc, ils exprimaient la même antique sagesse, bien au-delà de son âge. Mais
ils contenaient aussi une douleur, une souffrance qui n’étaient pas seulement
physiques, et que Durc n’avait jamais connues. Ayla avait la gorge serrée, elle
était envahie de compassion. Les orbites de cet enfant étaient moins
prononcées, décida-t-elle. Même lorsqu’elle était partie, Durc, à trois ans, montrait
au-dessus de ses yeux des saillies osseuses déjà très développées. Ces
caractéristiques lui venaient du Clan, mais son front ressemblait à celui de
cet enfant : ni fuyant ni aplati comme ceux du Clan, mais haut et bombé
comme celui d’Ayla.
    Ses pensées s’égarèrent. Durc aurait maintenant six ans, se
dit-elle. Il avait l’âge d’accompagner les hommes quand ils s’entraînaient avec
leurs armes de chasse. Mais c’était Brun, et pas Broud, qui devait être son
professeur. La colère la prenait, au souvenir de Broud. Jamais elle n’oublierait
que le fils de la compagne de Brun avait entretenu la haine qu’il ressentait à
son égard, jusqu’au jour où, par pure méchanceté, il avait pu lui prendre son
enfant et la faire chasser du Clan. Elle ferma les yeux : le souvenir lui
était comme un coup de couteau en plein cœur. Elle se refusait à croire qu’elle
ne reverrait jamais son fils.
    Elle ouvrit les yeux, vit Rydag, reprit longuement son souffle.
    Je me demande quel âge a ce petit. Il n’est pas bien grand mais
il ne doit pas être beaucoup moins âgé que Durc. Rydag avait le teint clair,
ses cheveux étaient sombres et frisés mais plus légers, plus doux que les
chevelures crépues qui se rencontraient le plus souvent dans le Clan. La
différence essentielle entre cet enfant et son fils résidait dans son menton et
son cou. Durc possédait un long cou, comme le sien : il s’étranglait
parfois en avalant, ce qui n’arrivait jamais aux jeunes enfants du Clan. Il
avait aussi un menton un peu fuyant mais bien formé. Celui-ci avait un cou trop
court, et aussi une mâchoire trop saillante. Latie, se rappela-t-elle, avait
dit qu’il était incapable de parler.
    Tout à coup, dans un éclair de compréhension, elle sut ce que
devait être la vie de ce jeune être. Il pouvait être difficile, pour une petite
fille de cinq ans qui avait perdu ses parents dans un tremblement de terre et
qui avait été recueillie par un clan pour lequel le langage articulé était
pratiquement impossible, d’apprendre les signes par lesquels ces gens
communiquaient. Mais combien plus difficile encore de vivre parmi des gens qui
parlaient, sans posséder la parole. Elle se rappelait la tension qui l’avait
habitée les premiers temps, quand elle était incapable de communiquer avec les
gens qui l’avaient recueillie. Par la suite, il lui avait été plus douloureux
encore de ne pouvoir se faire comprendre de Jondalar avant d’avoir réappris à
parler. Mais si elle

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