Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les chemins de la bête

Les chemins de la bête

Titel: Les chemins de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
de
l’ouvrage, mais il remettait toujours à plus tard le brasier qui devait le
réduire en cendres.
    Il relut pour la millième fois le traité d’astronomie de
Vallombroso puis étudia, pour la millième fois, les notes qu’Eustache et lui
avaient consignées dans le grand carnet. C’est alors qu’un détail, presque
imperceptible, attira son attention. Il s’approcha du mur dans lequel ouvraient
les hautes meurtrières horizontales pour profiter d’un peu plus de clarté et se
figea.
    Quelle était cette fine empreinte d’encre, évoquant celle
d’un doigt taché ?
    Un froissement derrière lui, élégant et féminin. L’espace
d’un instant, son cœur s’arrêta. Il ne s’agissait pas de la femme inconnue de
l’église, du rêve, mais de sa tante. Il se tourna d’un bloc.
    — Vous m’avez surpris, ma tante. Auriez-vous consulté
ce carnet de notes durant mon absence ?
    — Vous savez bien comme ces hiéroglyphes me remplissent
d’appréhension.
    — Il ne s’agit pas de hiéroglyphes, mais de runes
secrètes.
    — Elles ont été interdites par l’Église.
    — À l’instar de tant d’autres choses.
    — Blasphémeriez-vous, mon neveu ?
    — On ne blasphème que contre Dieu, et je préférerais
mourir que de m’y résoudre. Que pensez-vous qu’il adviendrait de nous, si l’on
venait à connaître notre quête ?
    — Je ne sais... Sa pureté devrait les convaincre et les
combler.
    — Vraiment ?
    — Qu’est ce sarcasme, mon neveu ?
    Il la considéra un instant, et inclina la tête avant de
répondre :
    — Croyez-vous, madame, que ceux qui détiennent tant de
puissance et de richesses les laisseront filer entre leurs doigts de gaîté de
cœur ?
    — J’espère toujours que la Lumière s’imposera
d’elle-même, Francesco.
    — Comme je vous envie.
    — Benoît est mort pour cette Lumière, Francesco... Tant
d’autres avant lui..., lui rappela-t-elle d’un ton triste.
    — Vous avez raison. Votre pardon, ma tante.
    — Vous savez bien que je suis incapable de vous en
vouloir, mon chéri.
    Il marqua une courte pause avant de s’enquérir :
    — Vous êtes bien certaine que madame de Souarcy est née
un 25 décembre ?
    Elle réprima un petit rire avant de rétorquer :
    — Me croiriez-vous vieille et sans plus de cervelle,
mon doux chéri ? Je vous l’ai dit et répété, elle est née le jour de la
Noël. Il s’agit là d’une date assez significative, bien qu’à l’origine païenne [104] , pour qu’on la mentionne et que
l’on s’en souvienne... Je passais afin de m’assurer que vous alliez bien. Je
dois vous abandonner... tant de choses requièrent mon attention. À tout à
l’heure, mon neveu.
    — À vous revoir, ma tante.
    L’abbesse partie, Leone parcourut les notes dont Eustache et
lui avaient noirci les feuillets. Soudain, son sang se glaça, et un vertige le
déséquilibra durant un fugace instant.
    On avait arraché l’avant-dernière page du carnet !
    Une seconde de pure panique lui obscurcit l’esprit.
Quelqu’un avait consulté ce carnet. Qui ? Il était certain que sa tante,
ainsi qu’elle le lui avait affirmé, ne l’avait pas ouvert durant son absence,
alors qui ? Une autre sœur ? Nulle ne connaissait l’existence de la
bibliothèque.
    Il s’était trompé. Ing, la rune de l’erreur, ne désignait
pas l’interprétation fautive des thèmes astraux, mais son impardonnable bêtise.
    Sur ces deux dernières pages, faussement vierges,
s’étalaient les calculs, les diagrammes, les notes les plus secrètes.
    Le voleur le savait-il ?
    Depuis l’arrivée de Nicolas Florin, Éleusie de Beaufort se
contraignait à s’acquitter de ses tâches habituelles, convaincue que son
assiduité rassurait ses filles. Sans cette volonté de continuer comme si rien
de leur vie n’avait changé, elle serait restée enfermée dans ses appartements
et se serait détestée de son manque de courage.
    Elle avança d’un pas lent vers les étuves lorsque deux
silhouettes rapprochées alertèrent son attention. Sans trop savoir ce qui
motivait sa réaction, l’abbesse se colla contre le mur, protégée par un des
piliers qui soutenaient la voûte, et détailla la scène qui se déroulait vingt
mètres plus loin. Son cœur s’emballa et elle plaqua la main devant sa bouche,
certaine que sa respiration précipitée se percevait à l’autre bout de l’abbaye.
    Florin. Florin était penché vers une sœur et murmurait à son
oreille.

Weitere Kostenlose Bücher